Eglises d'Asie

Orissa : la visite de la délégation européenne dans le district du Kandhamal à nouveau remise en question

Publié le 25/03/2010




Après de nombreuses dérobades du gouvernement de l’Orissa et, surtout, l’annulation à la dernière minute de sa visite prévue le 27 janvier dernier, dans le district du Kandhamal, épicentre des violences antichrétiennes de 2008 (1), la délégation de l’Union européenne semblait avoir eu finalement gain de cause. Grâce aux pressions exercées par le gouvernement central indien…

… sur les autorités de l’Orissa, les diplomates avaient été assurés de pouvoir effectuer leur mission d’évaluation au Kandhamal à partir du 2 février (2). Mais à la veille de la visite, très attendue par les chrétiens du district, des groupes hindouistes ont menacé de bloquer la mission d’enquête.

Gouri Kumar Rath, secrétaire général pour l’Orissa du puissant Vishwa Hindu Parishad (VHP, Conseil mondial hindou), l’une des principales organisations nationalistes hindoues qui gravitent autour du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien) au pouvoir dans l’Etat, a demandé officiellement aux autorités de revenir sur leur autorisation. « Des émissaires étrangers n’ont pas à venir étudier la situation dans quelque partie du pays que ce soit. C’est la responsabilité de notre gouvernement de gérer le problème », a déclaré le leader hindouiste aux médias, le 31 janvier 2010. Selon le secrétaire du VHP, la paix était revenue en Orissa et la visite de la délégation ne pourrait que « raviver les tensions » (3).

La réaction de l’Eglise catholique ne s’était pas fait attendre. « Ces groupes hindouistes ont pris part aux violences. Comment pourrait-on attendre d’eux qu’ils soient en faveur d’une application de la justice ! », avait commenté le P. Parichha, porte-parole de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, dont dépend le district du Kandhamal. Comme tous les autres membres des communautés chrétiennes de l’Orissa, il a dénoncé le climat de peur et d’insécurité qui règne toujours au Kandhamal, un district qui est loin d’être revenu au calme, contrairement aux affirmations des autorités : « [Les hindouistes] tentent de camoufler leur aspect violent. Les événements ont montré que l’Etat était incapable de protéger ses habitants. Ce qui s’est passé en Orissa n’est pas une affaire interne. C’est un problème général de violation des droits de l’homme. »

Lundi 1er février, le prêtre a confié également à l’agence Ucanews qu’un groupe de catholiques devait rencontrer la dizaine de membres qui composent la délégation de l’Union européenne mais n’avait toujours aucun renseignement concernant l’itinéraire ou l’emploi du temps de la délégation diplomatique. De même, la date de l’entretien prévu avec Mgr Raphael Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, n’avait pu être fixée.

Le P. Parichha espérait néanmoins que cette visite, malgré les contraintes imposées par le gouvernement de l’Orissa – qui avait refusé que la délégation puisse publier un rapport de mission ni parler aux médias –, permettrait d’obtenir que les promesses de l’Etat vis-à-vis des victimes soient enfin respectées, comme la reconstruction des maisons et lieux de culte, la sécurité des personnes et « l’exercice de la justice ».