Eglises d'Asie

Persistance de la tension autour de la paroisse de Dông Chiêm

Publié le 25/03/2010




Un nouvel incident a confirmé que la surveillance policière qui s’exerce sur la paroisse, depuis que le 6 janvier dernier les autorités y ont détruit une croix monumentale, n’était pas encore levée et que le calme qui semblait régner à Dông Chiêm n’était qu’apparent. Le 30 janvier, un étudiant, appartenant à l’Association de Saint-Antoine-de-Padoue, qui venait de rendre visite à la paroisse…

… et à son église, a été arrêté, ainsi que deux de ses camarades, plus tard, dans la soirée à Hanoi. Par ailleurs, deux rapports officiels diffusés sur Internet ont montré que les autorités continuaient leur enquête sur la résistance menée par les fidèles après la destruction de la croix.

Dans la matinée du 30 janvier, aux environs de 8h00 du matin, trois étudiants étaient venus rendre visite à la paroisse. Après avoir prié pendant quelque temps dans l’église, ils avaient repris la route de Hanoi, où ils poursuivaient leurs études. Arrivés à la hauteur d’An Tien, à environ 1 km de Dông Chiêm, ils ont rencontré des agents de la Sécurité qui se sont précipités vers eux. L’un des étudiants, Antoine Tran Van Son, s’est jeté dans le fossé, a essayé de s’échapper, mais a été finalement rattrapé. Les agents ont conduit les trois étudiants au Comité populaire d’An Tien. Après avoir examiné leurs pièces d’identité, ils ont retenu Antoine Son. On a appris plus tard que, vers 23h30, les mêmes agents avaient amené Antoine Son jusqu’à la pension où il résidait. Après perquisition et fouille des lieux, ils avaient arrêté deux autres étudiants, vivant avec lui.

Antoine Son est étudiant dans une école de médecine. Ses deux camarades et lui sont originaires de la province de Ha Tinh, du diocèse de Vinh dans le centre du Vietnam, et tous trois appartiennent à l’association des catholiques originaires de Vinh résidant à Hanoi. Celle-ci a vigoureusement protesté et invité tous ses membres ainsi que les étudiants catholiques de Hanoi et l’ensemble des catholiques à venir participer à une assemblée de prière en communion avec les jeunes étudiants arrêtés. Elle s’est tenue lieu à la paroisse de Thai Ha le 2 février 2010 au soir (1).

Par ailleurs, deux rapports rédigés par les autorités locales ont été mis en ligne. Ils montraient que celles-ci étaient en train d’établir une liste des responsables du mouvement de protestation qui avait suivi la profanation de la croix. Un premier rapport (2), émanant de la commune d’An Phu (duquel dépend la paroisse de Dông Chiêm), daté du 21 janvier, met particulièrement en cause certains laïcs, mais surtout de nombreux prêtres rédemptoristes impliqués dans le mouvement. Chacun est soigneusement cité par son nom. Le second rapport a été envoyé, également le 21 janvier, par la commune d’An Phu (district de My Duc) aux autorités de Hanoi (3). Il a pour cible directe l’archevêché de la capitale. En effet, il vise directement le P. Le Trong Cung, chancelier de l’archevêché et signataire des deux communiqués qui ont dénoncé la profanation et l’ont fait connaître à la presse et au monde. Il est accusé d’avoir déformé la vérité et d’avoir calomnié les autorités locales. Cependant, selon le rapport, la principale responsabilité du mouvement de protestation incombe à l’archevêque lui-même, Mgr Joseph Ngo Quang Kiêt. Ce serait lui qui, dès le 6 janvier, aurait mobilisé les prêtres du doyenné pour le soutien de la paroisse agressé. Ce serait également avec son accord que le chancelier de l’archevêché aurait publié ses communiqués.