Eglises d'Asie – Japon
Les conditions de vie du clergé à la retraite sont loin d’être satisfaisantes
Publié le 25/03/2010
« Dans les cinq ans à venir, le nombre des religieuses et des prêtres âgés va exploser, explique le docteur Hitomi Shigeki, vice-président de l’Association médicale catholique du Japon. Pour ce qui concerne les religieuses, on constate que les structures adaptées à l’accueil des soeurs âgées sont inexistantes ou très insuffisantes. A l’heure actuelle, lorsqu’une religieuse atteint l’âge de la retraite, elle reste vivre dans sa communauté ou son couvent. Ce sont ses consoeurs qui s’occupent d’elles, ce qui revient en fait à voir ‘les vieux s’occuper des vieux’. La situation ne pourra aller qu’en s’aggravant dans les années à venir. »
Pour les prêtres et les religieux, la situation n’est pas tellement plus satisfaisante, poursuit le docteur Hitomi, qui est lui-même âgé de 73 ans. Il existe bien des maisons de retraite pour prêtres et religieux mais les listes d’attente pour y être admis sont terriblement longues. Ils pourraient aller vivre dans des maisons de retraite classiques, médicalisées ou non, mais les frais de pension sont très supérieurs aux ressources dont ils disposent.
Dans l’archidiocèse d’Osaka, un prêtre en activité perçoit une indemnité mensuelle d’environ 130 000 yens (1 070 euros). Une fois à la retraite, son niveau de vie est maintenu par une allocation de 80 000 yens versée par le diocèse et une pension de retraite d’environ 50 000 yens (1). Toutefois, les frais médicaux, qui ne sont pas pris en charge dans leur totalité par les systèmes d’assurance santé (2), peuvent atteindre jusqu’à 400 000 yens par mois pour les patients les plus malades ou diminués par le grand âge. De manière évidente, les prêtres, religieux et religieuses n’ont, le plus souvent, pas les moyens de faire face aux frais induits par la retraite.
Pour tenter de remédier à cette situation, un groupe de catholiques, composé de médecins, d’infirmières et de travailleurs sociaux, s’est constitué à Osaka. Un voyage d’étude a été mené à la fin de l’année dernière pour visiter la Villa Nibuno, sise à Himeji, dans la préfecture de Hyogo (Kobe). Construite il y a huit ans, cette villa est le fruit d’un partenariat entre l’archidiocèse d’Osaka et des congrégations religieuses, auquel s’est adjoint un peu plus tard le diocèse de Kyoto. A ce jour, les onze résidents de la Villa Nibuno sont tous des prêtres âgés, dont les frais de santé sont couverts par une assurance maladie. Les soins y sont dispensés par les infirmières de l’Hôpital Sainte-Marie, installé dans la ville de Himeji et géré par les Religieuses hospitalières de Saint-François. Les conclusions du voyage d’étude sont que la solution mise en oeuvre à Himeji n’est pas idéale, explique le docteur Hitomi. « La Villa Nibuno n’est pas une maison médicalisée. Légalement, elle est un centre résidentiel comme un autre et les soins qui y sont dispensés sont considérés comme relevant des soins à domicile, une catégorie de soins pour lesquels les remboursements des assurances santé sont faibles », poursuit-il.
De retour à Osaka, le groupe de catholiques est arrivé à la conclusion qu’il était nécessaire de réunir des fonds pour venir en aide au clergé âgé. Pour cela, il a prévu de faire appel à la générosité des paroissiens, ce qui devrait permettre d’embaucher des aides médicales. Par ailleurs, la section d’Osaka de l’Association médicale catholique du Japon étudie la possibilité de nommer dans chaque paroisse un médecin référent dont la tâche serait de conseiller les prêtres et les religieuses en matière de santé. Enfin, il a été décidé d’agir sur un plan préventif : les prêtres actifs ou en situation de retraite se verront prochainement conseiller d’améliorer leur régime alimentaire ; des fonds devraient être débloqués pour permettre aux prêtres de bénéficier des services de cuisinières attentives à préparer des repas équilibrés.
Le docteur Hitomi explique : « Je crains que, lorsque des parents entendront leur fils leur dire qu’il souhaite devenir prêtre, ceux-ci prennent peur, sachant que les vieux jours de leur fils ne seront pas assurés. Se soucier de l’avenir des prêtres et mettre en place les mesures nécessaires pour faire de leurs vieux jours une période heureuse contribuera à favoriser les vocations. »