Eglises d'Asie

Le Premier Forum catholique contre le sida lance un site Internet pour lutter contre la propagation de la maladie

Publié le 08/04/2010




Rassemblant des représentants d’au moins 26 institutions religieuses et organisations diverses, le Premier Forum catholique national contre le sida (First National Catholic Forum on HIV/AIDS), s’est tenu à Tagaytay City, dans la partie nord des Philippines, les 13 et 14 mars derniers.Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille, qui s’est exprimé sur les ondes de Radio Veritas (1) à l’issue…

… de la rencontre, lundi 15 mars, a réaffirmé sa conviction que l’Eglise catholique entendait aider le gouvernement dans sa lutte contre le sida, sans toutefois adhérer à sa politique concernant l’utilisation du préservatif. Le sida est une tragédie, a reconnu le prélat, mais qui ne peut être surmontée par l’argent ou des distributions de préservatifs. « Nous devons nous aider les uns les autres parce que le gouvernement ne peut le faire tout seul. L’Eglise en a également l’obligation morale, comme elle se doit d’enseigner les valeurs morales. »

C’est donc dans le but de participer à la lutte contre la propagation de la maladie qu’un groupe de travail a été créé au sein du Forum afin de lancer un site Internet chrétien sur le sida, a expliqué encore l’évêque auxiliaire de Manille. Géré par du Secrétariat national pour l’Action sociale, la Justice et la Paix (Nassa) de la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP) que dirige le prélat, le site web sera conçu comme un « outil de collaboration avec les services du gouvernement », afin de contribuer à la prévention du sida et de venir en aide concrètement aux victimes de la maladie.

Lors du Forum du week-end dernier, premier du genre aux Philippines, Mgr Robert Vitillo, conseiller de Caritas Internationalis sur la question du sida à Genève, a rappelé que plus du quart de la prise en charge des séropositifs et sidéens dans le monde était assuré par l’Eglise catholique. En Asie, a-t-il ajouté, les chrétiens collaborent étroitement avec les organismes d’Etat et les ONG, ainsi qu’avec différents groupes catholiques. La Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), par exemple, travaille avec les organisations catholiques et soutient environ 137 centres pour sidéens et séropositifs dans le pays. En Thaïlande, le Comité catholique pour la Santé a mis en place un « partenariat exceptionnel » avec les groupes bouddhistes et musulmans, les services gouvernementaux, les écoles et le secteur privé. Il a cité également les actions menées au Vietnam par l’archidiocèse d’Hô Chi Minh-Ville dans le cadre de son Programme pastoral d’aide pour le sida, ainsi que par la congrégation des Filles de Marie Immaculée, présentes à Huê.

Cependant, a déclaré Rabia Mathai, représentante pour l’Asie et le Pacifique du CMMB (Catholic Medical Mission Board), une bonne part de l’énergie dépensée par l’Eglise (aux Philippines) est gaspillée par des réactions en réponse au battage médiatique qui est fait autour du sida. Elle a suggéré que les organismes d’Eglise se concentrent davantage sur l’enseignement et l’explication du point de vue catholique sur la maladie au grand public et aux spécialistes de la santé (2).

Lors du séminaire, ont été beaucoup évoqués les chiffres marquant la récente progression du sida dans le pays, bien que celle-ci reste très inférieure aux taux de contamination affichés par les Etats voisins (3).

Le site Internet catholique sur le sida aux Philippines arrive au bon moment pour « tirer la sonnette d’alarme » sur la situation du virus dans le pays, a constaté Teresa Bagasao, coordinatrice pour les Philippines de l’UNAIDS (ou ONUSIDA, programme des Nations Unies contre le sida). Elle s’est déclarée également convaincue du rôle important que pouvaient jouer les leaders religieux dans la lutte contre la propagation de la maladie.

Le Dr Eric Tayag, du Centre national d’épidémiologie (NEC) du ministère de la Santé, a fait état d’une augmentation de 232 % des cas de séropositivité (recensement de décembre 2009) par rapport à l’année précédente. Les 126 nouveaux cas relevés pour le seul mois de janvier sont les chiffres les plus élevés jamais recensés depuis la tenue de statistiques sur le sida. Ils font monter à 835 le total des contaminations rapportés pour l’année, déclare le rapport du NEC (528 cas avaient été recensés en 2008). Toujours selon Dr Tayag, 4 424 séropositifs seraient comptabilisés à ce jour, parmi lesquels 838 auraient développé le sida. Plus de 318 personnes seraient aujourd’hui décédées de la maladie (4).

Tous les nouveaux cas recensés en 2009, poursuit l’épidémiologiste, ont contracté la maladie par voie sexuelle, dont une majorité parmi la population homosexuelle et bisexuelle. Une écrasante majorité (96 %) de ces personnes récemment contaminées, sont des hommes, essentiellement âgés de 25 à 29 ans.

« Ce qui est clair, c’est que les gens doivent adopter un comportement plus responsable dans leur vie sexuelle … comme dans leur vie tout court », a conclu Mgr Padillo lors de son interview sur Radio Veritas (5).