Sajan George, président du GCIC, a rapporté à l’agence Ucanews (1) que les chrétiens ont subi « avec calme » l’attaque des militants membres des partis (pro-hindou) du Vishwa Hindu Parishad (VHP) et du Bajrang Dal. Puis la police, avertie par les hindouistes, a ensuite accusé le groupe de s’être rendu coupable de prosélytisme sur le fondement l’article 295 A du Code pénal indien (« atteinte aux sentiments religieux »). Le responsable du groupe, le P. Robin Das Paul, ainsi que deux autres participants ont alors été écroués à Hunsur, tandis qu’une femme du groupe était envoyée en prison à Mysore.
Selon les forces de l’ordre, les chrétiens faisaient du ‘porte-à-porte’ auprès des habitant, distribuant des tracts, des livres ainsi que d’autres documents religieux. Le responsable de la police locale affirme avoir saisi du «matériel de propagande» consistant en prospectus, ouvrages et CDs, et a rapporté que les membres du groupe auraient proposé 100 000 roupies (1 700 euros) pour subvenir à l’éducation des enfants dont les parents se convertiraient.
Les chrétiens ont formellement nié toutes ces accusations et déclaré n’avoir fait que « diffuser pacifiquement le message de Jésus-Christ (…), [leurs] brochures ne parlant que de religion et ne contenant rien qui puisse porter atteinte à qui que ce soit » (2).
Ces nouvelles violences antichrétiennes suivent de peu l’agression des pèlerins d’Udupi et l’arrestation de douze chrétiens pour actes de « conversions forcées » (3) – incidents qui ont eu lieu dans le même Etat du Karnataka –, alors que l’Inde vient d’être une nouvelle fois montrée du doigt par une commission américaine pour violation du droit à la liberté religieuse.
Le 30 avril dernier, dans son rapport annuel (4), la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde (US Commission on International Religious Freedom, USCIFR), a en effet réinscrit l’Inde pour la deuxième année consécutive sur sa liste des pays « sous surveillance » où la liberté de religion est considérée comme étant en danger (5). Le document de la commission, qui souligne que l’Inde est « lente » à rendre justice aux victimes de violences religieuses, constate qu’au cours de l’année qui vient de s’écouler, chrétiens et musulmans n’ont cessé d’être l’objet d’attaques répétées contre eux et leurs lieux de culte.
En 2009, lorsque la commission américaine avait placé l’Inde pour la première fois sur la liste des Etats sous surveillance, elle avait expliqué que le pays s’était montré incapable de stopper les violences envers les minorités religieuses, tout spécialement celles des chrétiens de l’Orissa en 2008 et des musulmans du Gujarat en 2002.
Ce rapport « reflète la réalité du terrain », estime le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), ajoutant qu’il y a « un véritable manque de volonté politique dans la lutte contre la violence » envers les minorités religieuses.
La présence de l’Union indienne sur cette liste « n’est pas une surprise », a également commenté Joseph Diaz, fondateur et dirigeant du Catholic Secular Forum, qui se fait régulièrement l’écho des violences antichrétiennes en particulier au Karnataka et au Madhya Pradesh, deux Etats dont les gouvernement sont aux mains des hindouistes et qui ont vu les attaques contre les chrétiens se multiplier ces derniers mois (6).
L’imam de la grande mosquée de New Delhi, Ahmed Bukhari, a exprimé quant à lui le regret que ces affrontements communautaristes ternissent l’image de l’Inde. Il a toutefois tenu à préciser que ces discriminations religieuses étaient « [le] problème [de la nation indienne] et que [celle-ci] le résoudrait [elle-même] » (7).