Eglises d'Asie – Indonésie
Des groupes catholiques se mettent au service des employées de maison
Publié le 06/05/2010
A Djakarta, Paperta, acronyme indonésien pour « Communion des employés de maison », a été fondée en 2006 par des catholiques soucieux d’apporter « conseils et soutien aux employés de maison travaillant pour des familles catholiques ou des institutions de l’Eglise, telles des paroisses ou des couvents », explique sa coordinatrice, Maria Gorethi. L’association est modeste – elle compte quelque 200 membres –, mais s’attache à travailler au plus près du terrain. « Bien souvent, les employées de maison ont des journées de travail qui atteignent les 12 heures. C’est bien trop et elles n’ont plus de temps pour elles-mêmes, pour sortir et voir d’autres personnes », précise Maria Gorethi, qui ajoute que Paperta organise pour elles des sorties et des pèlerinages.
Le 2 mai, Paperta et une autre association similaire, Mitra Imago Dei (« Partenaires à l’image de Dieu ») ont organisé, en lien avec les Femmes catholiques d’Indonésie, structure rattachée à la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie, une journée spéciale à l’attention des employées de maison. A Sawangan, dans la province de Java-Ouest, 150 employées de maison, de religion catholique, protestante et musulmane, travaillant toutes pour des familles catholiques ou des institutions catholiques, se sont retrouvées pour un temps de détente et de partage. « La rencontre avait pour but de soutenir leur moral et de les encourager à prendre confiance en elles-mêmes. Ce faut aussi un temps d’échanges entre elles, sur ce qu’elles vivent », a expliqué Roosvita Gunawan, coordinatrice de l’événement.
Sur un plan plus directement politique, le 14 février dernier, Paperta s’était joint à une initiative du Mouvement de défense des employés de maison (JALA PRT). Ce jour-là, veille de la Journée nationale des employés de maison, quelques centaines d’employés de maison se sont réunis au centre de Djakarta, devant le monument de l’indépendance. Un communiqué a été diffusé à cette occasion : « Nous, employés de maison, sommes confrontés à la violence et nos droits sont bafoués. Nos salaires sont très faibles, nos heures de travail très longues, nous n’avons pas de vacances et une vie sociale réduite au minimum. Nous vivons isolés dans les foyers de nos employés. Nous sommes vulnérables à toutes formes d’exploitation et victimes de trafic. » Pour combler le vide juridique actuel, il a été demandé au gouvernement « de préparer une loi de protection des employés de maison, ainsi que de promouvoir une culture qui reconnaisse, protège et respecte les droits des employés de maison ».
En Indonésie, le 15 février est journée nationale des employés de maison depuis 2001, année où une employée de maison, Sunarsih, est morte suite aux mauvais traitements infligés par son employeur. Selon des chiffres gouvernementaux de 2008, le pays compte plus de quatre millions d’employés de maison et 472 affaires de violence physique ont été officiellement répertoriées entre 2004 et 2008.
En 2005, les évêques catholiques d’Indonésie avaient appelé les catholiques qui emploient des domestiques à se montrer exemplaires dans la manière dont ils traitent leurs employés. Ils avaient aussi demandé à ce que les institutions catholiques veillent à accorder une journée de repos hebdomadaire à leurs employés de maison (1).