Eglises d'Asie

Ouverture d’une action judiciaire contre six paroissiens de Côn Dâu : cinq d’entre eux ont déjà été arrêtés

Publié le 19/05/2010




Il aura fallu attendre une dizaine de jours avant que les autorités policières ne rendent publique leur version des faits survenus le 4 mai dernier aux portes du cimetière de la petite paroisse de Côn Dâu, près de la ville de Da Nang. Ce jour-là, une violente altercation avait opposé un cortège funéraire accompagnant une défunte à sa dernière demeure et des forces policières interdisant l’accès au cimetière.

A l’issue de l’échauffourée, le cercueil avait été emporté par la police. Un grand nombre de membres du cortège avaient été blessés. Quelque 59 autres avaient été arrêtés, dont un certain nombre étaient libérés dans les jours suivants (1). En même temps qu’il annonçait l’ouverture d’une action judiciaire contre six des catholiques ayant résisté à cette agression policière, le pouvoir vient de faire connaître, pour la première fois, son point de vue sur toute cette affaire.

 

L’organe de la Sécurité publique, Công An Nhân Dân Online (2), a, en effet, rapporté que, le 13 mai, la Sécurité avait engagé des poursuites judiciaires contre six des participants s’étant opposé à l’assaut lancé par la police pour s’emparer des restes de la défunte. Cinq d’entre eux ont déjà été arrêtés et internés. Le sixième a été laissé en liberté dans sa propre résidence, pour « raisons familiales », affirme le rapport de police. Tous les six sont poursuivis pour trouble à l’ordre public et opposition à des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, délits prévus à l’article 245 et 257 du code pénal.

 

L’article de l’organe de presse de la Sécurité publique, revenant ensuite sur les événements du 4 mai dernier, accuse un certain nombre « d’éléments extrémistes » d’avoir obligé la famille de la défunte à transporter le cercueil au cimetière alors que les autorités avaient exposé depuis longtemps à la population qu’il ne pouvait être utilisé. Cependant, le récit fait ensuite état de la présence de 500 personnes dans le cortège funéraire, ce qui représente le quart de la population de la paroisse. L’intervention finale de la police pour s’emparer du cercueil avait pour but, dit le rapport officiel de la police, de délivrer la famille en deuil de l’emprise des extrémistes et de lui permettre de procéder à l’incinération de la défunte dans un autre lieu. Nombre de détails de ce rapport sont en contradiction formelle avec la plupart des récits et témoignages qui ont été diffusés sur Internet.

 

La paroisse de Côn Dâu, ses habitations, ses terrains cultivés, son cimetière, au total 100 hectares, font partie d’un vaste territoire sur lequel la municipalité de Da Nang a le projet de créer une zone urbaine, dite « écologique », en réalité une vaste zone de constructions nouvelles financées par des investisseurs étrangers. Malgré les pressions exercées sur elle, la majorité de la population de la paroisse refuse énergiquement de quitter ce lieu conquis sur la nature par ses ancêtres. Le conflit s’est envenimé au début de l’année (3) et n’a cessé de s’aggraver depuis.