Eglises d'Asie

A Vinh, le nouvel évêque se met à l’école de son prédécesseur et privilégie la continuité

Publié le 07/06/2010




L’émotion causée par l’acceptation de la démission de l’archevêque de Hanoi, le 13 mai dernier, a pu faire oublier quelque temps que, le même jour, le Bureau de presse du Saint-Siège avait fait connaître une autre démission et une autre nomination, fort importantes elles aussi puisqu’elles concernaient le demi-million de catholiques qu’abrite le diocèse de Vinh. Le très vénéré et respecté évêque de Vinh, Mgr Paul Marie Cao Dinh Thuyên, …

… déjà âgé, après avoir fêté ses 50 ans de sacerdoce en compagnie des évêques du Nord, de son clergé et d’innombrables fidèles, laissait ainsi la place à un religieux dominicain, le P. Paul Nguyên Thai Hop. Le 27 mai dernier, l’évêque nommé a été accueilli avec beaucoup de chaleur à la cathédrale de Xa Doai par l’évêque démissionnaire, le clergé et de très nombreux fidèles venus l’accueillir, une chaleur communicative qui a donné à la première intervention du nouvel évêque un ton tout à fait original.

 

Dans la cathédrale de Xa Doai, il était attendu par l’ancien évêque, son clergé, et des représentants des 172 paroisses et des 700 chrétientés du diocèse. A son arrivée, Mgr Paul Marie Thuyên, après l’avoir serré dans ses bras, geste peu habituel au Vietnam, l’avait introduit au milieu de son peuple au son des trompettes, des tambours et des applaudissements nourris et prolongés. En réponse au discours de bienvenue, le nouvel évêque a répondu : « Ce n’est pas à un nouvel évêque que vous ouvrez vos bras, mais à un enfant du pays, qui y revient après 56 ans d’absence pour y vivre et mourir avec ses compatriotes. » Le nouvel évêque, qui a aujourd’hui 65 ans, a en effet quitté une première fois la province du Nguê An, sans doute avec ses parents, lors de l’exode des catholiques du Nord vers le Sud, en 1954. Il était né en 1945 dans la paroisse de Lang Anh.

 

A 19 ans, en 1964, il était rentré chez les dominicains au couvent de Vung Tau (Cap Saint-Jacques). C’est là qu’il fit ses études de philosophie et théologie, qu’il compléta par trois années d’étude de la philosophie orientale à la faculté de lettres de Saigon. Il fut ordonné prêtre en 1972. Vint ensuite une longue période d’exil studieux à l’étranger, qui ne s’acheva qu’aux alentours de 2004, époque de son retour définitif au Vietnam. Il obtint en 1978 un doctorat de philosophie occidentale à Fribourg. Puis, après une année d’études supplémentaires à Genève, il changea de continent et devint enseignant, tout en poursuivant ses études et ses recherches. Il fut alors professeur à la faculté de théologie de Lima, au Pérou, puis enseignant et directeur des études à l’Institut de théologie Jean XXIII de cette même ville. De 1989 à 1994, on le trouve au centre d’études de Bartolomé de Las Casas, toujours dans la ville de Lima. Enfin, en 1994, il obtient un nouveau doctorat en théologie morale à la faculté de théologie Notre-Dame de l’Assomption à Sao Paulo, au Brésil. Il revient alors en Europe et assure de 1996 à 2004 un enseignement à la faculté de sociologie de l’université pontificale Saint Thomas d’Aquin à Rome. Depuis son retour au Vietnam, il a collaboré à la Commission épiscopale pour la doctrine de la foi et est devenu directeur du Club Paul Nguyên Van Binh, association récemment fondée s’intéressant aux problèmes sociaux.

 

A ce premier parcours, surtout marqué par des tâches intellectuelles, va donc succéder une carrière épiscopale. Dans sa première allocution dans la cathédrale, le nouvel évêque de Vinh a affirmé sa volonté de se conformer à la tradition du diocèse, établie depuis des siècles. Il a rendu un hommage appuyé à son prédécesseur et à son œuvre pastorale. Il a repris et commenté les paroles prononcées par Mgr Joseph Nguyên Chi Linh à l’occasion du jubilé sacerdotal du vieil évêque. Il avait présenté celui-ci comme un pasteur infatigable dans ses tournées pastorales, connaissant « chaque kilomètre » de son diocèse, plus souvent en voiture que dans son évêché. Le nouvel évêque a demandé publiquement à son prédécesseur de continuer sa tâche, ses tournées pastorales, et même son administration du diocèse. Il pourra ainsi, a-t-il dit, « apprendre son nouveau métier ». En conclusion, le religieux dominicain a assuré la communauté des fidèles qu’il n’y aurait aucun changement fondamental dans la vie et les orientations religieuses du diocèse qu’il allait prendre en charge (1).