Eglises d'Asie

La ministre de l’Education apporte un démenti quant à un éventuel report du programme d’éducation sexuelle à l’école

Publié le 25/06/2010




Le bras de fer entre l’épiscopat catholique et la ministre de l’Education du gouvernement sortant se poursuit : après que les évêques – et une partie de la presse philippine – eurent rapporté des propos de la ministre affirmant que le controversé programme expérimental d’éducation sexuelle à l’école était suspendu, l’intéressée, Mona Valisno, a apporté un ferme démenti à cette information.

« Je n’ai jamais rien dit indiquant que le programme était arrêté. Nous avons invité le public, en particulier la CBCP (la Conférence épiscopale philippine), à dialoguer sur le sujet », a-t-elle déclaré le 24 juin, son entourage précisant que les propos tenus par elle le 22 juin avaient été « mal rapportés » par la presse (1).

 

La ministre de l’Education a également réfuté des informations, mises en avant ces jours derniers par l’Eglise, selon lesquelles, parmi le matériel pédagogique destiné à être utilisé dans les écoles pour les cours d’éducation sexuelle, figuraient « des bandes dessinées à caractère pornographique ». Le ministère de l’Education (Department of Education ou DepEd) ne peut avoir cautionné ou produit de tels contenus « pornographiques » étant donné qu’il considère qu’une éducation à la spiritualité et à la sexualité dans le cadre du mariage fait partie intégrante de l’éducation sexuelle proprement dite, a déclaré la ministre sur les ondes de Radio Veritas, une radio catholique. Mona Valisno a encore ajouté que la suspension du programme n’était pas à l’ordre du jour mais que sa mise au point n’était pas encore finalisée.

 

Le programme en question, Adolescent Reproductive Health Through Lifeskills-Based Education, est un projet initié en 2005 avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Jamais appliqué et toujours à l’étude, le programme devait connaître un coup d’accélérateur à la rentrée scolaire de septembre prochain, avec un pilote testé dans 80 écoles élémentaires à partir de la classe de CM2 (fifth grade) et 79 collèges. Pour l’épiscopat philippin, consulté par le DepEd, ainsi que pour un certain nombre d’associations de parents d’élèves, le programme va trop loin dans l’exposition technique de la reproduction humaine sous couvert de promotion de la « santé reproductive » et de la prévention des grossesses chez les adolescentes.

 

Le 21 juin dernier, une action en justice pour inconstitutionnalité du projet a été diligentée par un collectif de parents d’élèves soutenu par l’Eglise catholique. Leur avocat a plaidé sur le fait que ce programme représente une violation du droit des parents à inculquer leurs valeurs à leurs enfants. L’avocat du gouvernement a aussitôt demandé à ce que cette action en justice soit rejetée. « Il n’y a rien d’immoral dans le programme », a-t-il plaidé, les sujets abordés n’ayant trait qu’au « développement des genres » et visant à faire connaître aux élèves l’anatomie du corps humain.

 

L’ensemble du débat au sujet du contenu de ce programme éducatif et de son éventuelle application semble toutefois devoir être remis à plus tard. En effet, l’actuelle équipe au pouvoir vit ses derniers jours à la tête de l’exécutif philippin. Elu le 10 mai dernier, Benigno Aquino prendra officiellement ses fonctions ce 30 juin. La nouvelle administration se mettra alors en place et il appartiendra au futur titulaire du portefeuille de l’Education de poursuivre ou non le projet controversé.

 

Le 24 juin, un communiqué de la province philippine des lasalliens (Frères des écoles chrétiennes) informait de la nomination par Benigno Aquino de Frère Armin Luistro au poste de ministre de l’Education (secretary of the Department of Education – DepEd).

 

Chancelier de l’Université De La Salle, à Manille, Frère Armin Luistro préside une des universités catholiques les plus réputées du pays. Ces dernières années, il n’a pas ménagé ses critiques à l’endroit de Gloria Arroyo, reprochant à la présidente sortante la corruption à l’œuvre dans son administration. Dès l’annonce de l’acceptation par Frère Luistro de ses nouvelles responsabilités de ministre, l’Association des supérieurs majeurs des Philippines lui a fait part de son soutien : « [Le secteur de l’éducation] connaît tant de problèmes et d’anomalies. Nous pensons que Frère Armin a toutes les qualités requises pour le poste. C’est un homme intègre et incorruptible. » (2)