Eglises d'Asie

L’Eglise catholique lance une campagne originale pour l’abolition de la peine de mort

Publié le 02/07/2010




Les opposants catholiques à la peine capitale, toujours en vigueur en Corée malgré des débats récurrents (1), viennent de lancer un concours littéraire afin de sensibiliser la population. C’est le genre littéraire de la nouvelle qui a été choisi, les participants au concours devant prendre la peine capitale pour thème principal. « Le but de cette campagne est de tirer la sonnette d’alarme…

pour montrer la tendance généralisée aujourd’hui à traiter la peine de mort avec légèreté », explique Sr. An Johan, bénédictine et coordinatrice de l’événement (2). Selon des enquêtes récentes, dont l’une réalisée par le ministère de la Justice en 2009, plus de 64 % des Sud-Coréens se déclarent favorables à l’application de la peine de mort contre 18,5 % s’y déclarant opposés, les autres ne se prononçant pas (3).

 

Soutenue par le Conférence épiscopale catholique de Corée (CBCK), le concours est ouvert à tous, quelles que soient leurs appartenances religieuses. Les participants doivent remettre un manuscrit d’une quarantaine de pages avant le 29 octobre 2010. Les lauréats seront désignés le 1er décembre, et le vainqueur se verra attribuer un prix de 2 millions de wons (1 370 euros).

 

Depuis 2008, le Sous-Comité pour l’abolition de la peine de mort de la CBCK organise des concours culturels de ce type dans le cadre de ses campagnes de sensibilisation. En 2008, la compétition portait sur le scénario de film et en 2009 sur l’essai documentaire.

 

Sr. An explique que si les manuscrits reçus sont jugés bons, ils seront publiés dans la presse catholique et peut-être même rassemblés sous la forme d’un recueil de nouvelles.

 

Parmi les opposants à la peine capitale, dont différentes ONG en faveur des droits de l’homme, l’Eglise catholique se trouve en première ligne et milite depuis de nombreuses années, notamment en montant des actions communes avec des leaders d’autres religions. C’est le cas, par exemple, de l’Union des religions pour l’abolition de la peine de mort, structure rassemblant des responsables du bouddhisme, du catholicisme, du protestantisme, du confucianisme ou encore des cultes autochtones du bouddhisme won, du Chondo-gyo et du chamanisme (4).

 

La Corée du Sud, qui n’a procédé à aucune exécution capitale depuis plus de dix ans, est considérée par Amnesty International comme « abolitionniste de fait ». Des projets pour remplacer définitivement la peine capitale par une peine de détention à vie sont régulièrement présentés devant l’Assemblée nationale, mais n’ont jusqu’à présent encore jamais abouti. Le dernier en date a été présenté en octobre dernier, et a reçu le soutien du Sous-Comité de la CBCK pour l’abolition de la peine de mort, lequel a fait parvenir aux députés une pétition signée par plus de 100 000 catholiques.

 

Il y aurait actuellement environ une cinquantaine de personnes dans les couloirs de la mort des prisons sud-coréennes. La peine capitale est administrée par pendaison.