Eglises d'Asie – Népal
Dans un contexte politique toujours plus tendu, les chrétiens de toutes confessions s’unissent pour faire entendre leur voix
Publié le 08/07/2010
… et d’achever le processus de paix, en raison de l’obstruction du parti d’opposition [maoïste]. » L’ancien Premier ministre a rappelé ses nombreuses tentatives de dialogue avec les maoïstes qui, toutes, ont échoué.
Face aux problèmes graves qu’affronte aujourd’hui le pays himalayen, l’Eglise catholique du Népal, qui a dû, elle aussi, résister aux pressions des maoïstes (2), a choisi de privilégier l’unité et de former un rassemblement œcuménique. Avec l’appui de l’Eglise catholique de l’Inde, qui a déjà mis en place de telles structures (3), The United Christian Alliance of Nepal a été créée le 4 juin dernier, rassemblant les responsables de l’Eglise catholique et de neuf dénominations protestantes, afin de présenter « une voix chrétienne unifiée » au service des intérêts communs de la nation népalaise.
Il a été choisi d’adopter une présidence tournante pour l’Alliance, avec des coordinateurs issus des différentes communautés chrétiennes, et de ne faire fonctionner le groupe qu’avec un budget modeste, réduit aux contributions locales, sans fonds venus de l’étranger. Outre la protection des droits des chrétiens, le mouvement œcuménique a déclaré avoir parmi ses objectifs prioritaires de présenter un front uni dans le temps de crise que vit le Népal et de délivrer des messages clairs aux autorités, aux partis politiques et aux principaux médias, afin d’éviter ce qui avait pu se produire par le passé lorsque nul ne savait à qui s’adresser pour demander un avis, un commentaire ou des explications à la communauté chrétienne.
« Une tribune chrétienne commune est très importante lorsque le caractère laïc de l’Etat est menacé », explique un évêque de la Conférence épiscopale indienne (CBCI), qui ne souhaite pas être cité (4). L’Eglise catholique du Népal n’a jamais caché son soutien à la laïcisation du pays, l’un des premiers actes posés par l’Assemblée constituante. Lorsque l’ancien royaume hindou a été transformé en une république laïque, les chrétiens avaient nourri de grands espoirs concernant la liberté religieuse, qui était jusqu’alors soumise à d’importantes restrictions. Mais avec l’arrivée au pouvoir des maoïstes, la situation des chrétiens s’était en réalité considérablement détériorée : mesures discriminatoires, sécularisation forcée, montée des extrémismes et des attentats (dont celui, meurtrier, de l’église catholique de l’Assomption à Katmandou en mai 2009) (5).
Ce dernier acte de violence, qui avait particulièrement frappé les chrétiens de toutes confessions, avait amorcé le rapprochement œcuménique dont l’Alliance est aujourd’hui l’aboutissement. Après des marches communes pour la paix et la mise en place de réseaux d’entraide, des rassemblements de prière avaient réuni régulièrement les différentes dénominations chrétiennes, comme le 23 mai dernier, lors de la commémoration de l’attentat à la bombe dans l’église de l’Assomption.
Trois jours à peine après la création de l’Alliance œcuménique, un responsable local, Samuel Chaudhury, a déjà demandé l’aide de la toute nouvelle organisation pour protéger les chrétiens du district de Kapilvastu, proche de la frontière indienne. Il a rapporté que la communauté chrétienne y avait été victime d’une série d’attaques menées par des hindous, qu’il avait été lui-même agressé, ainsi que de nombreuses femmes, dont l’une, grièvement blessée, avait été laissée pour morte après l’assaut (6).
Au Népal, pays hindou à plus de 80 %, l’Eglise catholique compte quelque 8 000 membres. Les chrétiens protestants revendiquent, quant à eux, un million de fidèles.