Eglises d'Asie

Pendant les persécutions des siècles passés, des moines bouddhistes cachaient des chrétiens dans leur propre temple

Publié le 20/07/2010




Une délégation de pèlerins catholiques venus de Yamaguchi a rendu hommage aux moines bouddhistes qui ont caché des chrétiens lors des grandes persécutions, dans une pièce secrète de leur monastère (1). Un groupe d’une soixantaine de catholiques, sous la direction du P. Makoto Onchi, curé de l’église de Hagi dans la préfecture de Yamaguchi, au sud-ouest de l’île principale de Kyushu, …

… a visité le monastère bouddhique de Houonji, le 4 juillet dernier. Tous les ans, l’Eglise catholique du Japon propose la visite de lieux liés aux persécutions contre les chrétiens, qui ravagèrent l’île à partir du XVIIe siècle.

 

Le monastère de Houonji, qui appartient à la branche du Rinzai-zen, a été construit au XVIIe siècle. Ce temple, établi à Wakayama, capitale de la préfecture du même nom, dans le sud-est de l’île de Honshû, est célèbre notamment pour les arbres vieux de 800 ans qui s’élèvent dans son jardin.

 

Les moines bouddhistes ont découvert la cache secrète, tout contre la pièce principale de leur monastère, avec un tunnel conduisant à l’extérieur, a raconté au P. Onchi, le Vénérable Toshiaki Namba, leur supérieur. Il a ensuite expliqué à ses hôtes que pendant que les chrétiens priaient dans la pièce, les moines chantaient les soutra le plus fort possible, afin de couvrir tout bruit susceptible de signaler la présence de la communauté cachée.

 

Les visiteurs chrétiens ont exprimé leur gratitude à leur hôte pour la grande générosité et le courage que les moines avaient montrés en protégeant leurs prédécesseurs dans la foi.

 

Ce temple n’est que l’un des nombreux lieux de culte bouddhistes qui étaient en lien avec les premiers chrétiens japonais. Des monuments commémoratifs en l’honneur des chrétiens persécutés ont été érigés dans des temples bouddhistes à travers tout le pays.

 

Pendant les persécutions du XIXe, les chrétiens de cette communauté cachée par les moines bouddhistes de Houonji, furent déportés à plus de 200 km de là, au sud-ouest, à Nagasaki, à l’extrême sud de l’île. Encore aujourd’hui, la région de Nagasaki reste toujours le symbole de l’Eglise cachée mais survivante, malgré les milliers de martyrs que firent à plusieurs reprises les violentes persécutions qui s’abattirent sur les chrétiens. En novembre 2008, la béatification des 188 martyrs du Japon à Rome, nous a rappelé l’existence de cette terre de martyrs depuis les débuts de l’évangélisation au Japon (3).

 

Les pèlerins de la paroisse catholique de Hagi viennent eux-mêmes d’une région où les persécutions furent nombreuses. La région de Yamaguchi fut la première communauté chrétienne du Japon, fondée par saint François-Xavier lors de son voyage d’évangélisation au début du XVIe siècle, sur l’emplacement d’un temple désaffecté prêté par le seigneur du lieu (avril 1551) (4). A cette époque, l’Eglise à peine naissante était tolérée, mais un changement de régime politique marqua un tournant décisif et, à la fin du XVIe siècle, commencèrent les premières persécutions, qui s’échelonnèrent par paliers, jusqu’à l’interdiction totale du christianisme sur le territoire et le renvoi ou l’exécution de tous les missionnaires étrangers en 1614.

 

Aujourd’hui, dans les montagnes de Yamaguchi, un lieu de pèlerinage, Otome Tôge (le col de la Vierge), garde le souvenir de ces grandes persécutions et des célébrations y ont lieu régulièrement.