Eglises d'Asie

Attentat à la bombe dans une église catholique de Mindanao

Publié le 01/09/2010




Dimanche 29 août, vers 8 heures du matin, des jeunes, non identifiés, ont lancé deux grenades dans une église catholique de Kalilangan, dans la province de Bukidnon, à Mindanao, avant de s’enfuir sur une motocyclette. L’attaque a eu lieu pendant la messe, lors de la prière universelle, blessant au moins trois personnes et déclenchant une panique suivie d’une bousculade chez les fidèles, qui étaient quelque 200 à assister à cette première messe dominicale.

Le P. Art Paraiso, curé de l’église San Vicente Ferrer, a achevé la célébration à l’extérieur du bâtiment, après avoir rétabli le calme dans l’assemblée avec l’aide de policiers qui assistaient à l’office au moment du drame.

 

« Heureusement, les explosifs n’ont fait que trois blessés. C’est l’affaire de la police, mais l’armée lui apportera tout le soutien nécessaire », a déclaré le 29 août le lieutenant-colonel Dominic Triumph Bagaipo, au nom de l’armée philippine stationnée dans la région en raison de la guérilla entre le gouvernement et les rebelles islamistes qui perdure sur l’île de Mindanao depuis des décennies. Selon les premières reconstitutions, « l’une des grenades a explosé prématurément près de la porte principale » et la seconde ne s’est pas déclenchée (elle sera ensuite désamorcée par les policiers présents à l’office). Ce qui, pour la police, explique seulement l’impact limité de l’explosion, est considéré comme un véritable « miracle » aux yeux des paroissiens de San Vicente Ferrer. Pour le moment, on ne déplore que trois blessés légers, selon le diocèse de Malaybalay dont dépend la paroisse catholique.

 

« C’est la première attaque d’église dans l’histoire de notre ville et même de notre diocèse », a déploré Mgr Jose Araneta Cabantan, évêque de Malaybalay. La paroisse San Vicente Ferrer de Kalinangan, ville frontière des provinces de Lanao del Sur et de Bukidnon, compte plus de 20 000 fidèles, dans une région où les catholiques représentant environ 76 % de la population Le prélat, fervent partisan du dialogue interreligieux, a été directeur de l’action sociale de l’archidiocèse de Cagayan de Oro avant d’être élevé, en mai de cette année, à l’épiscopat pour le diocèse de Malaybalay. Dans un communiqué de presse diffusé le 29 août, il a enjoint « les croyants de Bukidnon, spécialement ceux de Kalilangan, à prier et à garder leur calme, [afin de] ne pas laisser cet incident semer la discorde entre chrétiens et musulmans ». L’évêque a insisté également sur la nécessité de laisser les autorités faire leur travail et ne pas chercher à se faire justice, recommandation adressée tout particulièrement « aux proches des victimes ».

 

Pour l’heure, l’attentat n’a pas été revendiqué, mais la police le soupçonne d’être en lien avec la mort récente d’un garçon musulman, écrasé accidentellement par un autocar du Réseau rural de Mindanao (RTMI) dont le conducteur était un chrétien. Selon elle, les proches du jeune garçon seraient derrière les attaques de deux bus du RTMI (à Wao dans la province de Lanao del Sur, et à Kapatagan dans la province de Lanao del Norte), attaques dans lesquelles quatre personnes ont été tuées. Les assaillants, déguisés en policiers, avaient exécutés les conducteurs ainsi que deux voyageurs qui s’étaient avérés être des policiers.

Mgr Cabantan souscrit également à cette hypothèse et rapporte que, selon les témoins, les deux assaillants étaient des adolescents dont « l’un ne paraissait pas avoir plus de 12 ans (…) », un élément qui semble davantage privilégier la piste de la vendetta.