Eglises d'Asie

Le Haut Commissariat aux réfugiés a enregistré la demande d’asile des paroissiens de Côn Dâu

Publié le 01/09/2010




L’exode en Thaïlande d’un groupe de paroissiens de Côn Dâu (1) n’est pas resté sans répercussions sur leur parenté restée sur place : dans la soirée du 30 août, vers 11 heures, des agents de la Sécurité du district de Hoa Xuan (arrondissement de Cam Lê, ville de Da Nang) ont entamé une opération de contrôle des livrets de famille (Hô Khâu) auprès des parents des personnes qui se sont enfuies en Thaïlande…

… après l’attaque de police contre le convoi funéraire du 4 mai dernier. Un journaliste de Radio Free Asia a pu obtenir une confirmation de ce contrôle auprès d’un paroissien de Côn Dâu (2).

La police n’a donc réagi que plus de trois mois après le début de l’exode, une lenteur qui a une explication. C’est au mois de mai, après la brutale attaque d’un convoi funéraire par les agents de la Sécurité publique, qu’un certain nombre d’habitants de la paroisse de Côn Dâu (aujourd’hui une quarantaine) ont commencé à quitter le village pour s’enfuir en Thaïlande. Mais ce n’est que tout récemment que cet exode a été connu grâce aux médias internationaux, les demandeurs d’asile ayant vécu dans une totale clandestinité par crainte de la police.

Le sort des demandeurs d’asile de Côn Dâu en Thaïlande reste toutefois incertain. Le 26 août dernier, un porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU à Genève, André Mahecic, s’est entretenu avec des journalistes de la BBC (3) à leur sujet. Il a déclaré que l’organisme des Nations Unies avait reçu la demande d’asile de 34 habitants du village de Côn Dâu qui vivent actuellement dans la clandestinité en Thaïlande.

Il a précisé que, depuis le mois de juin, le Haut Commissariat était au courant de la venue de ce groupe de Vietnamiens en Thaïlande. Au nombre de 34, ils ont été enregistrés comme demandeurs d’asile en deux fois, le 3 et le 21 juin. Vingt d’entre eux, dont certains représentaient plusieurs membres de leur famille, ont été entendus lors d’un premier entretien, afin de déterminer leur statut de réfugié et d’estimer s’ils avaient ou non besoin de la protection internationale. Selon le porte-parole du Haut Commissariat, la réponse ne pourra être donnée avant le mois d’octobre ou de novembre prochain. Les demandes d’asile en Thaïlande sont actuellement très nombreuses. Pour l’ensemble du pays, elles sont aujourd’hui environ 2 100. Les nouveaux arrivants sont donc automatiquement inscrits sur une liste d’attente.

André Mahecic a expliqué que si les réfugiés de Côn Dâu vivaient aujourd’hui dans la clandestinité, c’était en raison de la législation actuelle du pays. Les demandeurs d’asile, dans quelque ville que ce soit, peuvent être arrêtés et internés pour une durée indéterminée. Aujourd’hui, d’ailleurs, 14 % d’entre eux sont arrêtés et emprisonnés. Il est donc normal que ces derniers essaient d’assurer leur sécurité pendant toute la période où leur demande est examinée par le Haut Commissariat, lequel ne peut s’opposer à la loi du pays.

Ces derniers temps, un peu partout dans le monde, surtout aux Etats-Unis, des personnalités et associations se sont mobilisées pour venir en aide aux paroissiens de Côn Dâu, qu’ils soient au Vietnam ou en Thaïlande. Le Congrès américain a condamné les violations des droits de l’homme commises à l’intérieur de cette paroisse catholique. Plusieurs membres du Congrès et des associations humanitaires comme Human Rights Watch interviennent également de manière active pour que les demandeurs d’asile de Bangkok puissent être accueillis dans un pays tiers.