Eglises d'Asie

Hanoi : Lettre de la Conférence épiscopale à l’occasion de la célébration du millénaire de la capitale

Publié le 14/09/2010




Le 10ème jour du 10ème mois de l’année 2010, à 10 heures, sera donné le signal du début de la célébration du millénaire de la ville de Hanoi, autrefois appelée Thang Long. Voilà déjà plusieurs années que les autorités préparent fébrilement cet événement. Diverses instances religieuses, en particulier l’Eglise bouddhiste du Vietnam, ont depuis longtemps annoncé leur participation active aux festivités organisées à cette occasion.

Depuis le début de l’année, on attendait que l’Eglise catholique manifeste publiquement ses sentiments vis-à-vis de cet événement. Dans certains milieux catholiques, on éprouve une certaine réticence à l’égard d’une participation trop voyante. Le président de la Conférence épiscopale, au nom des évêques du pays, vient de signer, le 9 septembre dernier, une lettre relativement discrète et courte, adressée au peuple de Dieu à l’occasion de cet anniversaire (1).

La lettre commence par s’interroger sur la longévité de la capitale du pays. Elle souligne que la ville de Hanoi perdure à travers les siècles malgré les innombrables bouleversements et aléas de l’histoire. Cette survie, selon la lettre, est le résultat des contributions de toutes les composantes de la population et, parmi celles-ci, de la communauté catholique présente dans la ville depuis près de quatre siècles. Il est ensuite proposé aux chrétiens d’« accompagner » le peuple vietnamien dans cette célébration, de prier pour leur pays afin qu’il surmonte les difficultés actuelles (2) et qu’il assure la subsistance de tous les citoyens, y compris les plus démunis.

C’est durant l’automne de l’année Canh Tuât (1010) que fut fondée la capitale par Ly Thai Tô, premier empereur de la dynastie des Ly. C’est lui qui ordonna par édit le transfert de la capitale de Hoa Lu (dans la province de Ninh Binh) où elle se trouvait alors, à Dai La. Selon la légende, lorsque le convoi arriva sur place, un dragon d’or apparut à côté du bateau de l’empereur. On changea alors le nom de la nouvelle capitale qui s’appela Thang Long littéralement ‘le dragon qui s’élève’. Depuis cette époque, la ville, qui a plusieurs fois changé de nom, est devenue le siège du pouvoir central. C’est d’ici que, pendant des siècles, les différentes dynasties gouvernèrent le pays. La capitale a quelque peu perdu sa suprématie au début du XVIIème siècle avec l’établissement au Vietnam de deux seigneuries : l’une au nord – les Trinh –, et l’autre au sud – les Nguyên –. Hanoi fut même supplantée pendant toute l’époque de la dynastie des Nguyên fondée par l’empereur Gia Long qui lui préféra la ville de Huê au centre Vietnam. En 1954, c’est à Hanoi que s’établit le gouvernement créé par le Parti communiste vietnamien. Lors de la réunification de tout le Vietnam en 1975, Hanoi retrouva son statut de capitale, siège du pouvoir central (3).

Le premier missionnaire catholique connu, un franciscain espagnol, le P. Bartholomé Ruiz, séjourna deux ans à Hanoi, à la fin du XVIème siècle, de 1584 à 1586. Ne connaissant pas la langue, il annonçait l’Evangile grâce à un interprète et divers tableaux illustrés. A son départ, il n’avait baptisé qu’un enfant en danger de mort. Quarante ans plus tard, en 1626, le P. Baldinotti, de la Compagnie de Jésus, accompagné d’un frère coadjuteur japonais séjourna cinq mois dans la ville. Il entretint d’excellentes relations avec le seigneur Trinh et prépara la voie à celui qui fut le véritable fondateur de la chrétienté de Hanoi, le célèbre P. Alexandre de Rhodes, qui pénétra dans la capitale avec son compagnon le P. Marquez en 1627 (4). Dans la préface de son livre Histoire du Tonkin, il écrit qu’il ne quitta Hanoi « qu’après y avoir travaillé infatigablement l’espace de trois ans avec des succès et des accidents divers, et laissé en plusieurs provinces cinq mille chrétiens convertis et les semences d’une abondante moisson ». La mission se développa et, en 1658, il y avait près de seize jésuites travaillant dans la capitale. Lorsque les pères jésuites furent bannis de Hanoi en 1663, ils laissaient une chrétienté déjà très nombreuse. Ce ne fut qu’en 1666 que le premier missionnaire de la Société des Missions Etrangères de Paris (MEP), François Deydier, aborda au Tonkin pour y continuer l’œuvre missionnaire.