Eglises d'Asie

L’Eglise catholique appelle le président de la République à se montrer résolu dans la lutte contre la corruption

Publié le 24/09/2010




Tandis que trois des principaux postes au sommet de l’Etat en lien avec la lutte contre la corruption et le respect des droits de l’homme doivent prochainement être pourvus, l’Eglise catholique appelle le président de la République à se montrer résolu dans ses choix.  Secrétaire de la Commission pour l’œcuménisme et les affaires interreligieuses de la Conférence épiscopale indonésienne, … 

… le P. Antonius Benny Susetyo a déclaré, le 22 septembre, que les choix du président Susilo Bambang Yudhoyono se devaient d’être irréprochables. Les personnes qui seront choisies doivent être inattaquables sur le plan de la corruption et doivent avoir fait preuve d’une profonde exigence en matière de défense des droits de l’homme, a-t-il précisé.

 

Dans les premiers jours du mois d’octobre 2010, le président de la République doit nommer un nouveau procureur général, en remplacement de Hendarman Supandji en poste depuis mai 2007, un nouveau chef de la police nationale, le mandat de l’actuel chef arrivant à échéance, ainsi que le responsable de la Commission pour l’éradication de la corruption. « Ces institutions sont les piliers de notre système judiciaire et du respect de la loi dans notre pays ; elles sont également au cœur de la protection des droits de l’homme. Or, à ce jour, les personnes qui les dirigent ont déçu les attentes placées en elles », a déclaré le P. Susetyo.

 

Le 22 septembre, la Cour constitutionnelle a statué sur le procureur général Hendarman Supandji, estimant que ses actes officiels étaient désormais entachés de nullité (1). A propos du chef de la police nationale, son bilan peut être considéré comme positif en matière de lutte contre le terrorisme, mais, a souligné le prêtre catholique, la police a échoué à endiguer les actions portant atteintes à la liberté de religion.

 

Selon un récent rapport de l’organisation indépendante SETARA Institut pour la paix et la démocratie, 28 cas de violation de la liberté religieuse ont été recensés dans le pays durant les sept premiers mois de l’année 2010, ce qui dénote une augmentation de ce type d’attaques, les chiffres étant, respectivement, de 17 et de 18 pour la même période des années 2008 et 2009. Si ont lieu ces attaques, qui concernent le plus fréquemment des lieux de culte chrétiens ou ahmadis pris pour cible par des extrémistes musulmans, c’est parce que la police ne se montre pas résolue à les prévenir et à les combattre.

 

« Je formule l’espoir que le gouvernement nomme des personnalités qui sauront accélérer la transformation à l’œuvre dans ces agences chargées de faire respecter les lois », a déclaré le P. Susetyo, soulignant ainsi que la lutte contre la corruption et pour le respect des droits fondamentaux progresse néanmoins en Indonésie. Il a aussi ajouté que l’exécutif ne devait pas hésiter à fixer des objectifs trimestriels à ces personnalités, quitte à leur signifier leur renvoi en cas d’échec.

 

Depuis la chute de Suharto, en mai 1998, et la démocratisation de la vie politique en Indonésie, l’Eglise catholique, qui réunit 3,5 % des 240 millions d’Indonésiens, n’hésite pas à interpeller le pouvoir politique, le plus souvent par le biais de Lettres pastorales appelant à la justice sociale, au respect des droits fondamentaux et à la lutte contre la corruption (2). La dernière en date de ces lettres a été publiée le 16 août dernier, à l’occasion du 65ème anniversaire de l’indépendance. Dans ce courrier adressé au président Yudhoyono, l’épiscopat indonésien interpelle sans détour le chef de l’exécutif : « Monsieur le Président, le peuple a de plus en plus l’impression que l’élite politique ne sert qu’elle-même. » Les évêques poursuivent en pointant trois sujets d’inquiétude : la croissance économique qui laisse sur le côté 40 % de la population, les plus pauvres, qui se sentent « exclus » ; l’intolérance qui fait que « des personnes sont contraintes de renoncer à ce qu’elles croient », entraînant les évêques à interpeller vivement le président à ce sujet : « Cela fait longtemps que nous attendons une prise de parole de votre part [à ce sujet] » ; la corruption enfin, « qui doit être sanctionnée sans exception aucune » (3).