Eglises d'Asie

Une université catholique formant des séminaristes est considérée par les autorités comme « une fabrique à chômeurs »

Publié le 28/09/2010




Dans le cadre d’un programme national d’évaluation, le ministère de l’Education, des Sciences et de la Technologie a récemment rétrogradé une université catholique, la rayant de la liste des meilleures institutions d’éducation supérieure du pays pour l’inscrire dans celle des trente universités considérées comme moins performantes.L’établissement catholique en question, l’Université catholique de Suwon, a réagi en demandant…

… au ministère de reconsidérer son classement. Ses responsables arguent en effet du fait que les grilles d’évaluation de l’administration ne peuvent refléter la particularité de leur établissement, modeste certes par le nombre des étudiants qu’il accueille, mais unique dans la mesure où la plupart de ses étudiants sont des séminaristes appelés à devenir prêtres, ainsi que des religieux ou des religieuses qui vont retourner dans leurs congrégations après leurs études.

Pour le P. Germain Kwak Jin-sang, responsable des projets de développement de l’Université catholique de Suwon, « le ministère ne tient pas compte du fait que nous formons des prêtres ». Or, explique-t-il, si le but affiché de l’évaluation gouvernementale est bien d’inciter les universités sud-coréennes à s’améliorer et vise également à maintenir l’efficacité du système des prêts publics aux étudiants, « le ministère a fondé son étude sur deux critères, à savoir le nombre annuel de nouveaux étudiants recrutés chaque année et l’employabilité des étudiants diplômés ». Avec de tels critères, notre université ne peut qu’apparaître comme un établissement « académiquement médiocre », poursuit-il.

En effet, à l’issue de leurs quatre années d’études à l’université de Suwon, les étudiants religieux ou religieuses retournent dans leurs congrégations et ils sont considérés par l’administration comme étant « sans emploi ». « Aux yeux du ministère, notre établissement produit donc des chômeurs ! », souligne le prêtre, qui ajoute qu’avec 182 étudiants actuellement inscrits à l’université (1), il est difficile de satisfaire au critère gouvernemental qui veut que chaque nouvelle promotion compte au minimum 90 étudiants. « Nous allons informer le ministère de notre situation particulière et nous lui demanderons de reconsidérer notre position dans le classement », conclut le P. Kwak.

Selon un autre responsable de l’université, une majorité des étudiants de l’Université catholique de Suwon finançant leurs études par des bourses, la diminution des prêts gouvernementaux aux étudiants, qui va de pair avec l’inscription sur la liste des établissements peu performants, ne présente pas en soi un problème. « Mais il est tout de même très regrettable que notre université soit perçue comme étant une mauvaise université », se désole-t-il.