Eglises d'Asie

Karnataka : un mouvement de jeunes effectuant des travaux d’intérêt général est accusé de tentative de conversion par des hindouistes

Publié le 12/10/2010




Au Karnataka, un mouvement catholique de jeunesse, soupçonné par des hindouistes de chercher à convertir des non-chrétiens au christianisme, a dû faire appel à la police afin de mener à bien une action de sensibilisation menée auprès d’adolescents.Dans le diocèse de Mangalore, situé au Karnataka, la branche locale de l’International Young Catholic Students… 

… est implantée de longue date (1). Selon son directeur, le P. Ronald D’Souza, le mouvement, qui vise à amener le monde étudiant secondaire et universitaire à se mobiliser en petites équipes de base pour agir sur le monde qui les entoure, est actif à Mangalore depuis quarante ans et compte aujourd’hui plus de 200 cellules qui rassemblent un total de 8 000 élèves et étudiants. « L’adhésion au mouvement ne se fait pas selon des critères confessionnels. Nous mettons l’accent sur la formation humaine et l’apprentissage des valeurs », précise le P. D’Souza.

Du 7 au 11 octobre dernier, à Madanthyar, localité proche de Mangalore où sont installées plusieurs institutions éducatives catholiques, le mouvement avait organisé quatre jours de travail collectif pour un groupe de 82 adolescents en classe de quatrième, troisième et seconde (grades 8 à 10 dans le système scolaire indien). Parmi eux se trouvaient des chrétiens, ainsi que des hindous et des musulmans. Le travail consistait à réparer un tronçon d’un kilomètre d’une route menant à un village. Au-delà du travail lui-même, il s’agissait d’apprendre à ces jeunes « le sens de l’intérêt général ».

Le P. D’Souza explique que, très rapidement, des extrémistes hindous ont menacé de venir perturber le travail des jeunes, affirmant que le camp de jeunesse visait en réalité à convertir les non-chrétiens au christianisme. Certains de ces extrémistes se sont plaints à la police et celle-ci est intervenue auprès des organisateurs du camp pour leur demander de mettre fin à leur entreprise, qui, selon elle, risquait de troubler l’ordre public en provoquant des affrontements intercommunautaires.

L’opinion des villageois, des hindous, desservis par le tronçon de route en question n’allait pas dans le sens des hindouistes : plutôt que de repousser les jeunes du Young Students’ Movement Camp, une centaine d’entre eux est venue leur prêter main forte dans leur travail.

Finalement, le 10 octobre, l’administration locale a dépêché sur place une quarantaine de policiers avec pour ordre de protéger les élèves de toute attaque éventuelle des extrémistes hindous. Le camp s’est achevé sans autres heurts ou provocations.

Pour Lavita D’Souza, présidente diocésaine du mouvement de jeunesse, si aucun incident n’a été à déplorer dans cette histoire, il est important de souligner qu’auparavant « personne ne nous accusait de chercher à convertir ». Depuis mai 2009, date de l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) au Karnataka, les attaques et les violences dirigées contre les chrétiens sont devenues de plus en plus nombreuses (2). Selon le P. Lawrence Mascarenhas, curé de la paroisse locale, il est triste de constater que « lorsque [les catholiques] travaillent au bien public, la police doive [les] protéger ». Il ajoute qu’il suffit qu’elle donne du crédit « aux plaintes sans fondement » des hindouistes pour que l’action de l’Eglise soit compromise.