Eglises d'Asie

Deux inondations successives ravagent le diocèse de Vinh

Publié le 21/10/2010




Les pluies torrentielles qui avaient déjà noyé les provinces septentrionales du Centre-Vietnam durant les premiers jours du mois d’octobre (1) ont repris avec une violence redoublée, sur les mêmes lieux, à partir du 14 octobre et jusqu’au 19, date à laquelle, un peu partout, on signalait…

… la diminution ou la cessation des pluies. Cependant, on attendait encore le retrait des eaux. Les spécialistes ont parlé d’inondations redoublées, qui se superposent l’une à l’autre, un phénomène connu qui donne une ampleur particulière aux dégâts causés.

Durant cette semaine de pluies torrentielles, le niveau des divers cours d’eau de cette partie du Centre-Vietnam s’est élevé d’une façon tout à fait exceptionnelle. Le fleuve Ngân Sau, à Chu Lê, est monté à 16 m 49 alors que son niveau d’alerte est fixé à 3 m. Dans le Quang Binh, les eaux du célèbre fleuve Gian, qui marque la frontière entre le Nord et le Sud, se sont élevées jusqu’à 6 m 70, dépassant de plusieurs mètres la cote d’alerte. Il en a été ainsi pour tous les cours d’eau de la région.

Le résultat a été un véritable océan qui a recouvert des régions entières, les parties habitées comme les parties cultivées. De nombreuses communes ont été entièrement isolées et, comme cela avait été dit lors des inondations du début de mois, les trois provinces qui forment le diocèse de Vinh ont été particulièrement touchées. Un bilan provisoire mentionne pour la province de Nghe An 21 communes inondées dont neuf isolées, pour la province de Ha Tinh 178 dont une centaine totalement noyées, tandis que la province de Quang Binh compte 80 communes inondées, dont 12 totalement isolées du monde. Le 19 octobre, la pluie s’était arrêtée de tomber sur les provinces du centre mais la situation restait toujours extrêmement difficile pour la population.

Un reportage de Radio Free Asia (2) a cité le cas de la région catholique de Huong Khê, du district de la province de Ha Tinh, inondé depuis les premiers jours du mois d’octobre. A cause de sa situation géographique, ce district est l’un des secteurs où les eaux ont fait le plus de dégâts. Même après la cessation de la pluie, le niveau des eaux n’avait guère baissé et les habitants réfugiés sur les montagnes avoisinantes n’avaient pas encore quitté leur asile provisoire où leur isolement est complet ; de plus, les fortes pluies ont perturbé le fonctionnement des téléphones mobiles. L’un des rares sinistrés ayant pu rompre cet isolement décrivait ainsi la situation : « Les familles ayant des enfants en bas âge ont dû évacuer leurs maisons en catastrophe pour gagner les hauteurs les plus proches. Les autres sont restés sur le toit de leur maison. La pluie s’est arrêtée mais la seule assistance est venue de nos prêtres et de notre Eglise. La ‘société’, elle, n’a rien fait. Cette inondation est semblable à celle qui a eu lieu en 1960. La population tout entière a été isolée du monde. »

Selon les déclarations recueillies par Radio Free Asia, les secours venant des autorités publiques sont pour le moment pratiquement inexistants. Ce que dénie Vo Kim Cu, président du Comité populaire de la province de Ha Tinh. Il affirme que l’aide publique a été distribuée dans tous les hameaux ; 120 tonnes de nouilles instantanées, de riz et de vivres, de l’eau potable auraient été acheminées sur les lieux sinistrés en bateau, en voiture et même par avion. Cependant, l’Eglise catholique reste la seule organisation capable de contacter rapidement et de secourir efficacement la population dans les régions inondées, où l’ensemble des fidèles vit regroupé autour des églises. Des représentants du conseil paroissial vont en barque porter secours aux chrétientés des environs. La Caritas, quant à elle, a fourni essentiellement des nouilles instantanées et de l’eau potable.

Le bilan définitif ne pourra être établi que bien plus tard. Le 18 octobre, on comptait déjà 53 morts et 22 disparus, parmi lesquels des passagers d’un autobus emporté par les eaux. Des statistiques provisoires parlent de 52 000 foyers actuellement sans toit ou dont l’habitation a été endommagée. Le plus grand obstacle à l’assistance aux sinistrés s’avère être la paralysie de la circulation routière et ferroviaire, due aux nombreux dommages subis par les routes, autoroutes et voies ferrées.

Cette paralysie de la circulation freine considérablement les efforts mis en œuvre par la jeune mais dynamique Caritas vietnamienne. Dès le 13 octobre, son directeur général, le P. Antoine Nguyên Ngoc Son, a pris la tête d’une délégation qui est allée rendre visite et a apporté des secours aux deux provinces de Ha Tinh et de Quang Binh. L’évêque du diocèse, Mgr Paul Nguyên Thai Hop, les a accompagnés dans ces deux provinces. Pour cette occasion, le bureau national de la Caritas avait débloqué 400 millions de dongs pour le diocèse de Vinh. Parallèlement, 50 millions de dongs avaient été fournis au service de la Caritas de Vinh pour l’achat de vivres et de fournitures diverses. Cette assistance a été distribuée par des moyens de transport de fortune à travers le réseau ordinaire du diocèse, à savoir les doyennés et les paroisses (3).