Eglises d'Asie

Le tribunal populaire de Cam Lê condamne six paroissiens de Côn Dâu à des peines de prison ferme et avec sursis

Publié le 29/04/2011




Le procès annoncé contre les paroissiens de Côn Dâu a bien eu lieu dans la journée du 27 octobre. Les sentences prononcées ont été connues vers 17 h 30 (heure locale) ; deux des accusés ont été condamnés à des peines de prison ferme : 12 mois pour M. Nguyên Huu Minh et neuf mois pour Mme Phan Thi Nhân. Les quatre autres inculpés ont été condamnés à des peines avec sursis.

À part cette sentence révélée par des parents des accusés, présents dans la salle d’audience du tribunal, on sait très peu de choses encore du déroulement du procès, sur lequel, avant comme après, la presse officielle comme les autorités locales ont gardé un silence absolu. Certains avaient voulu croire que ce procès n’aurait pas lieu. Mais rien n’a pu empêcher son déroulement : ni la mise en garde de la commission « Justice et Paix » demandant de l’ajourner (1), ni les multiples dénonciations des diverses illégalités qui ont entaché la procédure suivie par les instances judiciaires, ni les dénonciations mises en ligne aussi bien par les avocats que par les accusés lesquels ont également envoyé une lettre ouverte destinée au pouvoir central.

A l’heure qu’il est, on sait seulement que le procès des six paroissiens de Côn Dâu s’est ouvert tôt dans la matinée ce 27 octobre 2010, au tribunal populaire de l’arrondissement de Cam Lê (ville de Da Nang). Le tribunal a ouvert ses portes à 7 h 45 (heure locale). Quelques milliers de personnes étaient déjà présentes dans la rue sous une pluie battante. Cette foule était étroitement surveillée par des policiers en uniforme, également présents à l’intérieur du tribunal. Des agents de la Sécurité en civil étaient disséminés aussi bien sur les trottoirs que dans les cafés et les petits restaurants environnants.

On a rapporté qu’un avocat du barreau de Da Nang (sans doute commis d’office) était censé assurer la défense des six paroissiens sans que l’on sache de quelle façon il a accompli sa tâche. Le président du tribunal a concentré son interrogatoire sur les deux chefs d’accusation retenus par le tribunal : troubles de l’ordre public et agression contre des agents de l’État dans l’exercice de leurs fonctions. Il a conduit les débats de façon à montrer la participation active des prévenus au convoi funéraire de Maria Tan le 4 mai dernier, et la pression exercée par eux sur les membres de la famille pour conduire le convoi funéraire vers le cimetière du village. Le procureur aurait essayé de prouver que les accusés étaient les principaux responsables des heurts ayant eu lieu à la porte du cimetière. N’ayant reçu l’aide d’aucun avocat, les accusés, en particulier les deux femmes, se sont trouvés dans une situation d’infériorité pour se défendre contre les accusations portées contre eux.

Dès avant le procès, certains observateurs avaient mis en lumière les nombreuses illégalités entachant la procédure, la principale concernant la défense des accusés. Après avoir pris connaissance de l’imminence d’un procès, les parents et proches des six accusés se sont préoccupés de trouver un avocat pour assurer leur défense. Des menaces directes ont été proférées contre eux. Après un premier refus, la parenté des accusés s’est adressée au bureau de Maître Cu Huy Ha Vu. Celui-ci a accepté d’assurer la défense. Cependant, lorsque les juristes de son cabinet se sont présentés pour la première fois au tribunal populaire de Cam Lê afin d’accomplir les formalités d’inscription, ils n’ont pas été reçus. Le 23 octobre, le tribunal faisait savoir aux avocats que leur demande d’autorisation était refusée, car c’étaient les accusés eux-mêmes qui devaient solliciter l’assistance d’un avocat.

Bien que l’expression de la solidarité des catholiques n’ait pas été aussi voyante que lors du procès des paroissiens de Thai Ha, elle s’est cependant manifesté largement, individuellement et collectivement, surtout ces derniers jours où au nom de la Conférence épiscopale, la commission « Justice et Paix » a réclamé l’ajournement du procès. Les deux grandes paroisses rédemptoristes du Vietnam, à Hanoi et à Saigon, ont chacune organisé officiellement, dans les jours précédant le procès, de grandes assemblées de prière pour les paroissiens de Con Dâu comparaissant devant le tribunal populaire.