Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – Lettres de l’évêque de Kontum concernant sa visite pastorale dans des régions isolées de son diocèse

Publié le 17/11/2010




Nous traduisons ci-dessous la presque totalité du texte de deux lettres de Mgr Hoang Duc Oanh, évêque de Kontum. La première reprend, complète et remet dans un contexte plus général le récit de sa visite pastorale du 7 novembre 2010. Celui-ci avait déjà été diffusé quelques jours auparavant (voir EDA 539). La seconde lettre date du mois de septembre. …

… Elle avait été envoyée au président du Comité populaire de la province de Gia Lai pour l’alerter sur la situation religieuse catastrophique de certains districts isolés relevant de son autorité, et l’avertir des prochaines visites pastorales de l’évêque en ces régions défavorisées. Ces lettres ont été mises en ligne sur plusieurs sites Internet, en particulier sur VietCatholic News, le 13 novembre 2010. Le texte vietnamien a été traduit en français par la rédaction d’Eglises d’Asie.

 

Lettre de l’évêque de Kontum à toute la famille du diocèse

A propos de l’affaire du 7 novembre 2010.

Aux prêtres et à l’ensemble de la famille du diocèse de Kontum.

Mes chers frères et sœurs,

Ces derniers jours, j’ai reçu sans discontinuer des coups de téléphone, des courriels, des messages émanant de nombreux organismes parmi lesquels plusieurs ambassades et même une Congrégation romaine. Tous m’ont exprimé leur communion à propos de ma récente visite pastorale du dimanche 7 novembre, à Kon Chro et à K’Bang. Je remercie sincèrement tous ceux qui se sont inquiétés et ont prié pour moi. J’avais pensé que cette histoire resterait inconnue, comme cela a été le cas pour beaucoup d’autres qui ont eu lieu à Thanh Ha, à Hoang Yên (Chu Prong), à La Nam (Duc Co), à La To, à La Sao (La Grai) ou encore à To Tung (K’Bang) et dans de nombreux autres endroits ! Mais, mardi dernier, c’est-à-dire 48 heures après les faits, je me suis aperçu que l’affaire était déjà mentionnée sur Internet. Je ne connais pas d’ailleurs l’auteur du récit qui a été mis en ligne ! Moi-même, je n’étais pas partisan de faire connaître l’affaire sur le réseau Internet. Mais, voilà les faits rendus publics. Certains d’entre vous désirent des éclaircissements de ma part. J’estime que vous tous, les membres de la famille diocésaine, avez le droit de connaître les tenants et les aboutissants de cette histoire afin de mettre fin à l’incertitude et à des conjectures inutiles. Vous pourrez ainsi consacrer vos forces à l’édification de votre patrie bien-aimée. Je prie le Seigneur qu’il fasse en sorte que tout cela concoure à votre plus grand bien sur le plan profane comme religieux.

Il s’agit en réalité d’une affaire toute simple ! Comme vous le savez tous, en 1967, le Saint-Siège a retiré du diocèse de Kontum la province de Buôn Ma Thuôt (appelée aujourd’hui province de Dak Lak) pour en faire une partie d’un nouveau diocèse, le diocèse de Buôn Ma Thuôt. Le diocèse de Kontum, lui, conserverait les trois provinces de Kontum, Pkeiku et Phu Bôn. Après 1975, les deux provinces de Pkeiku et Phu Bôn étaient réunies pour constituer la province de Gia Lai. Seul le canton de Thuân Mân de la province de Phu Bôn était rattaché au district de Ea Hleo dans la province de Dak Lak. Après ces nouvelles dispositions, le diocèse de Kontum restait toujours un grand diocèse avec de hautes montagnes et de vastes forêts. Nombre de ses régions étaient devenues avant 1975 des bases arrière de résistance pour les forces communistes. Ces régions – comme Kon Chro, K’Bang, La Grai, Chu Phong – s’enorgueillissent aujourd’hui de leur passé et ont totalement fermé leurs portes aux activités religieuses, celles du christianisme, en particulier. Les cadres y ont une compréhension du christianisme tout à fait limitée ; beaucoup lui sont hostiles. Ainsi ces anciennes bases arrière sont considérées comme des régions « spéciales », ou bien « héroïques », ou encore « blanches », c’est-à-dire purifiées de toute superstition. Elles sont inviolables ! Pénétrer dans ces régions pour un étranger est extrêmement difficile ! Vis-à-vis de la religion, l’attitude adoptée est partout la même. Elle se résume en trois « non » : non aux églises, non aux prêtres, non aux célébrations et aux activités religieuses… Lorsqu’on la sollicite, l’autorisation n’est jamais accordée.

De nombreux catholiques vivent dans ces régions et il existe beaucoup de personnes voulant entendre parler de l’Evangile, ou même être introduite à l’intérieur de la famille de l’Eglise catholique. C’est parce que je savais cela que, le 11 septembre 2010, j’ai envoyé au président de la province de Gia Lai un programme de célébration de messes, avec des copies destinées aux divers services de la province comme les communes, ainsi qu’aux familles des trois chrétientés concernées. Dans cette lettre, je proposais à M. le président de la province et aux organes chargés d’examiner la requête, dans le cas où ils désapprouveraient mon programme, de me signifier leur refus par écrit. Cinquante-sept jours plus tard (du 11 septembre au 7 novembre 2010), n’ayant pas reçu de réponse écrite, pas plus que de refus oral, dans la matinée du 7 novembre 2010, je me suis mis en route pour Yang Trung, An Trung et Son Lang.

A 6h30, je célébrais la messe chez Monsieur et Madame Tran Dinh Hinh, dans le hameau N° 9 de la commune de Yang Trung, district de Kon Chro. Après la messe, nous étions en route vers An Trung quand j’ai été averti que nos amis de la Sécurité publique étaient venus rappeler à l’ordre Mme Hinh (M. Hinh étant absent ce jour-là) et l’avaient avertie que, la prochaine fois, elle ne pourrait organiser une messe dans sa maison.

A 9h00, je suis à An Trung, district de Kon Chro, à 10 km de Yang Trung. Je célèbre la messe dans la maison de M. Bô et de Mme He. Je n’ai pu le faire dans la maison qui était prévue car son propriétaire s’était absenté et n’était pas encore de retour. Le président du Comité populaire de la commune et un cadre rentrent avec moi dans la maison. Nous échangeons quelques propos au sujet du programme de célébration de messe dont je l’ai informé. Après la messe, les deux officiels reviennent accompagnés de quatre ou cinq cadres appartenant à divers services. Ils me proposent de dresser un procès-verbal Après discussion, ils remplacent le mot « procès-verbal » par « compte-rendu des faits », afin, me disent-ils, d’avoir un document à présenter aux autorités supérieures. J’ai signé, le cœur léger.

A 14h00, nous sommes en route vers Son Lang, dans le district de K’bang, à environ 135 km de An Trung. Arrivés à quelque 20 km de l’agglomération de Son Lang, nous rencontrons une portion de route en travaux, trempée par une pluie qui ne cesse de tomber depuis plusieurs jours. Nous abandonnons notre voiture et les 16 personnes de notre groupe, des prêtres, des religieux, des laïcs et moi-même continuent leur voyage sur huit petites motos Honda. Sur le point d’arriver à l’agglomération, un groupe de « guérilleros » (NDT – hommes de main recrutés par la police) nous barre le chemin. Après avoir examiné nos papiers, un par un, et s’être informé de nos intentions, à savoir célébrer la messe chez M. et Mme Tuyên, le cadre nous prie de nous arrêter en attendant l’avis des autorités communales. Dix, puis 20, puis 30 minutes passent. La réponse serait imminente ! Sur place, se trouve un certain nombre de nos compatriotes, membres des minorités ethniques. L’un d’eux s’écrie à voix haute : « Ici, c’est une base révolutionnaire ! Pas besoin de culte ! De la viande de poulet, du bœuf, de l’alcool de jarre et le son des gongs, c’est déjà très bien ! » Tout le monde s’esclaffe. Une personne filme la scène et prend des photos. Quant à nous, il nous est interdit de photographier.

Il est 16h20. Nous attendons depuis longtemps mais aucun cadre n’est encore venu régler notre problème. Il se fait tard, une pluie fine tombe. Un cadre nous informe que, aujourd’hui dimanche, les fonctionnaires se reposent. Le président de la commune est loin d’ici, à quelques dizaines de kilomètres, sans qu’on puisse le contacter. Nous sommes priés de nous en aller. Nous saluons alors toutes les personnes présentes et nous nous en retournons vers Pleiku. Il est 22h18. J’apprends alors que M. Tuyên, qui nous avait prêté sa maison pour célébrer la messe, a été retenu au siège du Comité populaire durant toute la journée. Quant aux autres responsables, je ne peux entrer en contact avec eux. Mais en fin de compte, tous sont rentrés chez eux en paix.

Cependant, le 8 novembre, j’apprends que Mme Hinh, dont le mari était absent, a été invitée au Comité populaire pour interrogatoire à 14 heures. Quant à M. Bô, il a été convoqué une demi-heure plus tard. On leur a demandé de reconnaître leur faute, celle des deux familles, mais aussi celle de l’évêque. En effet, j’ai enfreint la loi en convoquant une assemblée et en célébrant la messe. Mme Hinh et M. Bô ont été également priés de ne pas récidiver. Ils ne doivent plus inviter de prêtres ou d’évêques à célébrer la messe. L’un et l’autre ont répondu qu’il n’y avait là rien d’erroné ou de contraire à la loi, car la Constitution et la législation affirment la liberté de religion et le droit de l’évêque à circuler à l’intérieur de son diocèse. Ils ont aussi souligné que les autorités à tous les niveaux avaient été averties et qu’elles n’avaient pas fait connaître leur refus. Par ailleurs, il n’existait pas de culture où l’on défende aux enfants d’accueillir leur père (l’évêque du diocèse) et leurs frères et sœurs (les fidèles) lorsqu’ils viennent leur rendre visite. En fin de compte, j’ai entendu dire que l’une des deux personnes convoquées par la police avait intitulé son texte « récit des faits » et que l’autre avait signé le procès-verbal en ajoutant : « Je ne suis pas d’accord avec le contenu de ce procès-verbal. »

Frères et sœurs, voilà toute l’histoire, une histoire qui s’est déjà souvent produite et pourra encore avoir lieu tant que les autorités actuelles considéreront que la liberté de religion est une faveur accordée et non pas un des droits de l’homme les plus fondamentaux. Le plus important est de se demander ce qu’un tel événement signifie pour vous et pour moi. Voici quelques-unes de mes réflexions :

A franchement parler, tout le monde admire la foi et l’esprit religieux de beaucoup de nos frères de ces régions « isolées » comme Kon Chro et K’Bang. Ils sont nés et, pendant 20, 30, 40, 50 ans, ont grandi dans des régions placées sous le signe des trois « non » – pas d’église, pas de prêtres, pas de célébrations ou d’activités religieuses. Malgré cela, ils ont persévéré dans leur vie de foi et on surmonté toutes les épreuves. Un vrai miracle ! Vraiment le Seigneur est avec eux.

Mais je m’interroge : moi et mes frères prêtres et religieux, nous vivons correctement ! Qu’avons-nous fait de mal pour que « le monde » nous repousse ainsi ou nous contrecarre comme cela a été le cas le 7 novembre dernier ? N’est-ce pas parce que nous n’avons pas mis en pratique avec assez d’enthousiasme l’injonction du Seigneur : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. » (Mc 16,15). Si vous-même aviez habité Yang Trung, An Trung ou Son Lang, sans connaître encore le nom de Jésus et de son Eglise, auriez-vous fait partie, le 7 novembre, de la troupe qui nous a barré la route ? Si moi-même j’avais été originaire d’une famille de Kon Chro, de Son Lang ou de K’Bang, y aurait-il eu un cadre pour m’empêcher de rentrer dans une maison ? En fin de compte, nous tous et particulièrement moi votre évêque, devons reconnaître humblement que nous n’avons pas entièrement mis en œuvre l’invitation du Seigneur et nous devons le prier de nous accorder la possibilité d’éprouver en profondeur notre malheur lorsque nous n’évangélisons pas (1 Cr 9,16).

(…) Mais peut-être ne faut-il pas nous préoccuper autant de petites histoires comme celle du 7 novembre dernier alors que notre pays doit trouver une solution à de problèmes importants comme le problème des frontières de notre territoire, le problème de la bauxite sur les Hauts Plateaux, le problème de la corruption, le problème de la santé, de l’éducation, de l’écart toujours plus grand entre les pauvres et les riches. Comment faire en sorte que toutes ces petites histoires locales trouvent une solution rapidement et en douceur afin que chacun puisse concentrer ses forces au service de l’édification d’une patrie toujours plus prospère en tous les domaines, spirituel autant que matériel ?

Frères et sœurs, Dieu est le maître de l’Histoire. Dieu écrit droit sur des lignes courbes. Il nous a envoyés annoncer l’Evangile, construire une société de la vérité, de la justice, de l’amour et de la paix. Il ne cesse de nous éduquer et de forger notre foi. Le projet de Dieu sur nous, nous ne le connaîtrons que plus tard. Pour le moment, rendons grâce à Dieu et louons-le en continuant d’annoncer dans l’enthousiasme la bonne nouvelle de l’amour à tous les hommes, à tous nos frères, à nos frères les cadres athées et matérialistes d’aujourd’hui, en vivant dans la concorde et l’unité du disciple de Jésus, en harmonisant les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, de l’amour de notre patrie avec l’amour de l’Eglise, de telle sorte que le nom du Christ soit loué, que notre patrie et notre peuple soit respectés et se développent.

Chers frères et sœurs de Son Lang, le 7 novembre, vous avez participé à une messe tout à fait particulière. Elle n’a pas duré une demi-heure ou une heure, mais toute une journée « dans l’attente, l’angoisse et l’inquiétude, les larmes et la tristesse », qui ont été autant d’offrandes agréables offertes à Dieu pour notre patrie. Un prochain jour, quand le calme sera revenu, je viendrai vous rendre visite et saluer les autorités locales.

Je vous prie de bien vouloir transmettre aux cadres locaux l’expression de mes meilleurs sentiments. D’une certaine façon, j’aimerais aussi exprimer ma reconnaissance à ceux qui ont été mêlés à cette affaire. Je les considère comme des messagers envoyés par Dieu pour m’éprouver et nous aider dans l’accomplissement de notre mission d’évangélisation. Si, parmi les personnes qui m’accompagnaient ce jour-là, certaines ont prononcé des paroles qui ont pu les irriter ou les attrister, je leur en demande sincèrement pardon. (…)

Michel Hoang Duc Oanh, évêque

 

 

Lettre de l’évêché de Kontum au président du Comité populaire de la province de Gia Lai

Evêché de Kontum,
56, Tran Hung Dao, Kontum.
N° 100/VT/10/tgmkt

Kontum, le 11 septembre 2010

A M. Pham The Dung
Président du Comité populaire
de la province de Gia Lai

Monsieur le président,

Dans la province de Gia Lai, les districts de Kon Chro et de K’Bang sont aujourd’hui appelés des districts « blancs », ce qui, pour la population, signifie qu’ils ont été purifiés de tout vestige de superstition ou de religion. Les catholiques qui veulent venir vivre dans cette région doivent « volontairement » abandonner la religion et se déclarer « sans religion ». Chaque fois que des responsables de l’Eglise demandent d’y venir pour accomplir un ministère religieux auprès de nos compatriotes catholiques, il leur est brièvement répondu : « Ici, il n’y a pas de besoin religieux car il n’y a pas de fidèles. »

Dans le district de Kon Chro, à l’occasion du Nouvel An 2010, l’évêque du diocèse de Kontum est venu célébrer la messe dans la maison d’un fidèle du hameau N° 6, commune de An Trung, située sur le bord de l’autoroute. Auparavant, une lettre du diocèse avait prévenu les autorités locales. La célébration de la messe s’est déroulée sans encombre. Mais ensuite, le propriétaire de la maison a été invité à signer « volontairement » un procès-verbal où il se reconnaissait « coupable d’avoir illégalement rassemblé un certain nombre de personnes » et promettait que, dans l’avenir il n’inviterait « plus de prêtres pour célébrer la messe ». Quant à l’évêque, devant les fidèles il a dû subir les menaces des cadres : « Si tu continues à venir ici, on t’arrêtera et : on t’enfermera ! »

Dans le district de K’Bang, le climat est tel que les familles catholiques, sans doute terrorisées, n’osent même plus inviter ou accueillir l’évêque ou un prêtre dans leur maison, où, bien entendu, il n’est pas question de célébrer la messe ! Concrètement, aujourd’hui, pas une seule famille catholique n’ose publiquement prêter sa maison pour la célébration de la messe ; ils ont trop peur ! Que craignent-ils ? De qui ont-ils peur ? Chacun peut donner la réponse qui convient !

Pour que tout soit clair et pour éviter des événements fâcheux aussi bien pour la société que pour l’Eglise, nous vous proposons une solution provisoire en attendant que les autorités permettent la construction d’un lieu de culte au moins dans chaque district, afin que les catholiques puissent se rencontrer publiquement, écouter la parole de Dieu et celle de l’Eglise, recevoir les sacrements.

La solution provisoire serait celle-ci : nous vous demandons officiellement d’enregistrer le programme suivant : à partir du mois de novembre 2010, le premier dimanche de chaque mois, nous viendrons rencontrer les fidèles et célébrer la messe dans les familles dont les noms suivent :
a.) pour le district de Kon Chro… (NDT – suivent les noms et adresses des familles prêtant leur maison pour l’assemblée chrétienne) ;
b.) pour le district de K’Bang : en ce lieu, les gens n’osent pas prêter leur maison pour y célébrer la messe. C’est pourquoi je vous demande de nous autoriser à construire un baraquement de fortune à un endroit quelconque dans les agglomérations de Kamat et Son Mang pour que, chaque mois, nous puissions venir rencontrer les croyants et célébrer la messe. Nous espérons que, dans quelque temps, les gens n’auront plus peur et nous permettront d’utiliser leur maison. Dans le cas où nous serions occupés ou malades, le P. Nguyên Van Dông ou le P. Nguyên Van Thuong nous remplaceraient.

Je souhaite vivement que vous acceptiez cette légitime demande que nous, les croyants, nous vous adressons. Dans le cas où ce ne serait pas possible, vous voudrez bien, personnellement ou par l’intermédiaire de vos services, nous adresser une communication officielle signifiant votre refus afin que nous évitions de venir vous déranger, vous et les autorités locales.

Avec nos salutations respectueuses.

Hoang Duc Oanh
Evêque de Kontum.

(NDT – suit une longue liste des destinataires de cette missive)