Eglises d'Asie – Japon
Le pape a rencontré les évêques japonais à propos de la présence du Chemin néo-catéchuménal au Japon
Publié le 17/12/2010
… la rencontre, qui n’était pas inscrite à l’agenda du pape, avait été demandée par Benoît XVI lui-même. Outre Mgr Ikenaga Jun et trois prélats japonais, le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone et « plusieurs autres cardinaux » y ont pris part. A l’agence Catholic News Service, l’archevêque d’Osaka a confié ne pas souhaiter commenter la teneur de cette rencontre au sommet, mais il a précisé que les évêques japonais devraient avoir dans un avenir proche de nouvelles discussions avec le Vatican et Kiko Arguello, l’un de deux co-fondateurs du Chemin néo-catéchuménal. L’épiscopat japonais doit « proposer un plan sur la manière de procéder », a ajouté l’archevêque, non sans préciser qu’ils « [devaient] avancer sans précipitation ».
Selon les informations disponibles, le cœur des échanges entre le pape, les principaux responsables de la Curie et l’épiscopat japonais a porté sur la situation du Chemin néo-catéchuménal au Japon, plus d’un an après la fermeture du séminaire Redemptoris Mater, animé par la communauté missionnaire espagnole.
Ce séminaire était installé sur le territoire du diocèse de Takamatsu, au Shikoku (la plus petite des quatre îles de l’archipel japonais, au sud-ouest). En 1990, l’évêque de l’époque, Mgr Fukahori, avait accepté que le Chemin néo-catéchuménal vienne œuvrer dans son diocèse. L’année suivante, le mouvement, fondé en 1964 et présent au Japon depuis 1973, y ouvrait un grand séminaire Redemptoris Mater, comme sont dénommés tous les séminaires confiés au mouvement. Le séminaire accueillait alors principalement des séminaristes étrangers, venus d’Espagne, des Philippines, d’Amérique latine et d’autres pays, appelés, une fois ordonnés prêtres, à servir soit dans des diocèses au Japon, soit à l’étranger. Rapidement, des critiques sont apparues sur la manière de fonctionner du séminaire et le coût que représentait une telle structure pour un diocèse qui ne compte que 5 400 fidèles. La communauté catholique locale s’est trouvée divisée en « pour » et « contre » la présence du mouvement, les choses s’envenimant au point que Mgr Fukahori, poursuivi devant les tribunaux civils par deux de ses diocésains, a été condamné pour diffamation. Après 2004 et le départ à la retraite de Mgr Fukahori, à l’âge de 80 ans, son successeur, Mgr Francis-Xavier Mizobe Osamu a cherché à apaiser une situation passablement dégradée.
En décembre 2007, lors de leur visite ad limina, les évêques japonais ont évoqué le problème avec la Congrégation pour l’évangélisation des peuples et le pape. Dans son adresse à Benoît XVI, Mgr Okada avait déclaré : « (…) Un autre point d’attention concerne le Chemin néo-catéchuménal et le Séminaire diocésain international de Takamatsu, connu sous le nom de Redemptoris Mater. Nous avons là un problème grave. Au sein de la petite communauté que représente l’Eglise catholique au Japon, les activités des membres du Chemin, puissantes et assimilables à celles d’une secte, sont un facteur de division et de conflit. Elles sont la cause de souffrances profondes et douloureuses au sein de l’Eglise. Nous faisons tout notre possible pour résoudre ce problème mais nous estimons que, si une solution doit être trouvée, la considération de Votre Sainteté pour l’Eglise au Japon sera de la plus haute importance et ardemment désirée » (1).
Une mission d’enquête fut dépêchée par le Saint-Siège et, après deux nouveaux voyages d’évêques japonais à Rome durant les premiers mois de l’année 2008, le cardinal Bertone publia une lettre annonçant la fermeture du séminaire et le transfert de la plupart de ses étudiants et professeurs au séminaire Redemptoris Mater de Rome (2). Toutefois, en avril 2009, un communiqué publié sur le site Internet de la Conférence épiscopale japonaise faisait état du désaccord du Chemin néo-catéchuménal face à la fermeture du séminaire. Aujourd’hui le séminaire est toujours fermé et les bâtiments inoccupés.
Mis à part le séminaire de Takamatsu, l’Eglise du Japon ne compte qu’un seul grand séminaire, le Séminaire interdiocésain du Japon, réparti sur deux sites géographique (Fukuoka et Tokyo).