Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : après une nouvelle agression d’un prêtre, l’Eglise catholique demande la protection des autorités pour les fêtes de Noël

Publié le 20/12/2010




Vendredi 17 décembre, une douzaine de personnes non identifiées ont pénétré de force au domicile du P. Thomas Chirattavayalil, dans sa mission du diocèse catholique de rite syro-malabar de Satna située dans l’Etat du Madhya Pradesh. Les agresseurs ont frappé le prêtre avec violence, avant que celui-ci ne puisse s’échapper et soit conduit à l’hôpital avec une grave blessure à la tête et des contusions multiples sur tout le corps.

Aujourd’hui lundi 20 décembre, le P. Chirattavayalil a déclaré depuis son lit d’hôpital, à l’agence Ucanews (1), que les assaillants avaient frappé à sa porte vers 2 heures du matin. Il avait ouvert la porte, croyant reconnaître une voix familière. « Dès que j’ai ouvert, quelqu’un m’a frappé avec un bâton et je suis tombé », raconte-t-il. Le prêtre a tenté de refermer la porte, mais ses agresseurs avaient déjà forcé le passage, le faisant de nouveau tomber à terre et le rouant de coups. « Quand j’ai commencé à appeler à l’aide, ils ont menacé de me tuer. Alors j’ai rassemblé tout mon courage et je me suis échappé, je ne sais toujours pas comment », rapporte le prêtre, qui ajoute qu’il a réussi à escalader le mur de l’église et à courir se réfugier dans une maison à environ 500 mètres de là. Les habitants du village ont immédiatement appelé la police et emmené le P. Chirattavayalil aux urgences d’un hôpital tenu par l’Eglise.

 

Plusieurs jours après l’attaque, le prêtre catholique dit n’avoir toujours aucune idée des motivations de ses agresseurs. « Je n’ai aucune inimitié envers personne », affirme-t-il, ajoutant qu’il a déjà pardonné à ses assaillants « dans l’esprit qui est celui de Noël ».

 

Mar Matthew Vaniakizhakel, évêque syro-malabar de Satna (2), a condamné l’agression qu’il a qualifiée de « totalement inhumaine ». Il a signifié par ailleurs avoir demandé aux autorités dont dépend le diocèse d’assurer la protection des chrétiens et de leurs institutions durant les festivités de Noël. L’administration du district a d’ores et déjà posté deux policiers devant l’église de la mission du P. Chirattavayalil ainsi qu’un autre officier de police pour surveiller l’hôpital.

 

Le prélat a également enjoint la communauté catholique de veiller à ne commettre aucun acte qui puisse être compris comme une provocation mais de tout faire au contraire pour maintenir la paix et l’harmonie. « Nous devons prier davantage pour résister à la peur, face à de tels actes d’intimidation, surtout en ce temps de Noël », a-t-il déclaré à ses fidèles.

 

Le P. Anand Muttungal, prêtre du diocèse de Bhopal et porte-parole de l’Eglise catholique du Madhya Pradesh, a précisé que les responsables de la communauté chrétienne venaient de rencontrer les hauts dirigeants de l’Etat, afin de les inciter à mettre en place un système de protection des chrétiens, étant donné les derniers événements mais également la récurrence des violences antichrétiennes durant la période de Noël.

 

Au Madhya Prasdesh, où les chrétiens toutes confessions confondues représentent moins de 1 % d’une population constituée de plus de 90 % d’hindous, les attaques antichrétiennes ne cessent d’augmenter. Tout récemment, le 7 décembre dernier, un établissement d’enseignement secondaire, dirigé par l’Eglise orthodoxe de rite syro-malankare à Jabalpur, a été saccagé par des militants hindouistes. Peu auparavant, la cathédrale catholique de Jabalpur avait été victime d’un incendie criminel et des rassemblements de prière protestants avaient subi des attaques d’hindouistes, faisant de nombreux blessés (3).

 

Lors des violences antichrétiennes de 2008, l’Etat du Madhya Pradesh avait été également le théâtre de nombreuses agressions, de destructions de lieux de culte et d’institutions chrétiennes, attaques motivées officiellement par des allégations de conversion forcée (4).

 

Selon les responsables religieux et les organisations de défense des droits de l’homme, les attaques antichrétiennes se sont multipliées depuis l’arrivée à la tête du Madhya Pradesh, en 2003, du Bharatiya Janata Party (BJP), vitrine politique du nationalisme hindou.