Eglises d'Asie – Taiwan
Le 1er janvier 2011, les cloches des églises sonneront à toute volée pour le centième anniversaire de la République de Chine
Publié le 31/12/2010
… de la même manière afin de commémorer la proclamation, il y a un siècle, par Sun Yat-sen de la République de Chine, avec pour capitale provisoire Nankin, événement qui mit fin au règne de la dynastie mandchoue des Qing (1644-1912).
Le P. Otfried Chan, secrétaire général de la Conférence épiscopale régionale chinoise (dénomination officielle de la conférence des évêques catholiques de Taiwan), précise qu’au moins 100 églises catholiques à travers le pays ainsi que plusieurs institutions catholiques appartenant aux sept diocèses qui forment l’Eglise à Taiwan feront résonner leurs cloches durant 100 secondes le jour de l’An. Pour les lieux de culte qui ne disposent pas de cloches, la conférence des évêques met à disposition un enregistrement de sonnerie de cloches diffusable par haut-parleurs (1). Pour la messe célébrée ce samedi, qui, dans le calendrier liturgique catholique, correspond à la solennité de la Marie, Mère de Dieu, des intentions de prières particulières sont proposées « afin de prier pour le pays », précise le P. Chan à l’agence Ucanews (2).
Dans l’archidiocèse de Taipei, le curé de la cathédrale, consacrée à l’Immaculée-Conception, ainsi que les responsables de l’université catholique Fu Jen ont annoncé que leurs cloches seront bien sonnées à l’heure dite, 10h00 marquant aussi le début de la messe qui sera dite à l’intention du pays. De son côté, la rédaction de la section chinoise de Radio Veritas Asia a fait savoir que les 100 secondes de sonnerie de cloches seront diffusées sur les ondes à 5 heures du matin puis à 18h00.
Pour les responsables de l’Eglise catholique à Taiwan, dans un pays où la communauté catholique réunit 1,5 % de la population, ces 100 secondes de cloche sont la réponse à l’appel exprimé par les autorités taïwanaises pour célébrer le centième anniversaire de la République. Le 28 décembre dernier, Mgr John Hung Shan-chuan, archevêque de Taipei, figurait aux côtés des autres responsables religieux de l’île lors de la conférence de presse donnée par le ministre de l’Intérieur Jiang Yi-huah pour annoncer l’association des religions à l’anniversaire. Le gouvernement encourage tous les Taïwanais « à prier ensemble pour notre planète, notre Taiwan, nos proches et nos amis ainsi que pour nous-mêmes », a déclaré le ministre, qui, peut-on souligner ici, a pris soin d’utiliser le mot « Taiwan » plutôt que « pays » ou « Chine ». Dans le contexte actuel de resserrement des liens entre Taipei et Pékin, le gouvernement taïwanais prend soin d’utiliser un vocabulaire aussi neutre que possible, à même de ne froisser ni Pékin, ni les partisans taïwanais de l’indépendance.
Du côté des autres religions, la réponse à l’invitation du gouvernement a été semblable à celle de l’Eglise catholique. Les dirigeants des différentes dénominations protestantes de l’île, qui réunissent environ 2 % de la population, ont appelé leurs fidèles à prendre part dans leurs temples à la commémoration. Quant aux associations bouddhiques, elles ont fait savoir que, dans 1 752 temples et sanctuaires à travers l’île, les cloches et les tambours retentiront à 10h00, le 1er janvier.
En 2011, le centenaire de la fondation de la République sera commémoré tout au long de l’année, les célébrations culminant le 10 octobre, jour de la fête nationale à Taiwan. De l’autre côté du détroit, en République populaire de Chine, les célébrations iront également bon train, la chute du système impérial qui gouvernait la Chine depuis des millénaires et l’avènement de la république figurant en bonne place dans l’historiographie officielle.
Connue des Chinois sous le nom de Révolution Xinhai (Hsinhai), la révolution de 1911 a commencé dans une caserne de Wuchang, un quartier de Wuhan, lorsque, le 10 octobre 1911, des soldats de l’armée du Hubei s’insurgèrent et déclenchèrent un soulèvement armé. Elle s’achèva le 12 février 1912, avec l’abdication de l’empereur Puyi. Entre ces deux dates, Sun Yat-sen avait proclamé, le 1er janvier 1912, la République de Chine, lui-même assumant la charge de président provisoire. Suivirent des années mouvementées, rapidement dominées par la rivalité entre le Kouomintang et le Parti communiste chinois. Après la fin de la seconde guerre mondiale, la guerre civile aboutit à la prise du pouvoir par les communistes et la proclamation, le 1er octobre 1949 à Pékin, de la République populaire de Chine. Chiang Kai-shek et les nationalistes du Kouomintang se replièrent à Taiwan sous la bannière du gouvernement de la République de Chine, toujours en place à Taipei.