Eglises d'Asie – Japon
L’évêque du diocèse de Takamatsu suspend les activités du Chemin néo-catéchuménal dans son diocèse
Publié le 22/01/2011
La décision de l’évêque intervient quelques semaines après qu’une délégation de l’épiscopat japonais a été convoquée à Rome où, le 13 décembre 2010, en présence du pape et des plus hauts responsables de la Curie romaine, il avait été décidé que l’interdiction des activités du Chemin néo-catéchuménal au Japon pour cinq ans, mesure voulue par l’épiscopat japonais, ne serait pas édictée et qu’une solution aux désaccords entre les évêques japonais et la communauté missionnaire serait recherchée, un délégué pontifical devant être prochainement nommé (1). Plus récemment, le 12 janvier, le président de la Conférence épiscopale japonais, Mgr Ikenaga Jun, s’était adressé aux catholiques du Japon et, dans un article du Katorrikku Shimbun, demandait aux catholiques japonais d’exprimer à ce futur envoyé pontifical les problèmes rencontrés avec le Chemin néo-catéchuménal, soulignant « la difficulté de faire remonter jusqu’à Rome la réalité de la situation » (2).
Dans sa lettre pastorale, intitulée « Le Chemin néo-catéchuménal », Mgr Mizobe retrace la visite de la délégation épiscopale japonaise à Rome. Sans rien dévoiler du contenu de l’audience, il fait part de l’étonnement des évêques japonais à se retrouver non seulement face au pape, mais aussi face à tout un ensemble des plus hauts responsables de la Curie romaine. Il note avec « surprise » avoir vu prendre part à l’audience Mgr Hirayama, évêque émérite du diocèse d’Oita, aujourd’hui retiré à Rome et réputé proche du Chemin néo-catéchuménal. Au final, selon Mgr Mizobe, la rencontre au plus haut niveau à Rome a pris la tournure d’un échange où les « opinions » de chacune des personnes présentes ont été exprimées sans qu’une véritable « discussion » s’engage. Il précise que la rencontre s’est faite avec l’aide d’une traduction simultanée, aucune langue commune n’étant partagée par les personnes présentes.
Mgr Mizobe explique cependant que la décision des évêques de suspendre les activités du Chemin néo-catéchuménal au Japon présentait « une réelle difficulté pour le Vatican » et que, par conséquent, « la mise au point d’un plan d’action était devenue une nécessité ». Il continue en précisant que c’est dans ce cadre que le Saint-Père a évoqué l’envoi d’un visiteur spécial au Japon.
Dans sa lettre, Mgr Mizobe, qui ne dirige le diocèse de Takamatsu que depuis 2004, soit bien après l’apparition de difficultés entre les membres du Chemin néo-catéchuménal et des catholiques du diocèse, revient à plusieurs reprises sur le fait que « le problème » rencontré avec la communauté missionnaire d’origine espagnole n’est pas propre à son diocèse ou au Japon. Ailleurs, écrit-il, en Angleterre, en Palestine, aux Philippines, des évêques et des conférences épiscopales ont été amenés à prendre des mesures d’interdiction ou à émettre des recommandations au sujet du Chemin néo-catéchuménal. L’évêque japonais insiste également fortement sur le fait que, d’un point vue tant pastoral que canonique, c’est à l’ordinaire du lieu, à l’évêque local en l’occurrence, qu’il appartient de juger de l’action d’une communauté ou d’un mouvement d’Eglise. Il souligne enfin que, de retour au Japon après leur entrevue romaine du 13 décembre, les évêques japonais ont été reçus par le nonce apostolique à Tokyo et qu’à cette occasion, « il fut décidé que chaque évêque était libre de procéder de la manière qui lui convenait dans son diocèse », y compris au sujet des activités du Chemin néo-catéchuménal,
L’évêque de Takamatsu explique aussi qu’il a tenté de gérer « de la manière la plus discrète possible » le problème qui lui posait le Chemin néo-catéchuménal et qu’il attendait des membres de ce mouvement qu’ils « décident par eux-mêmes de faire preuve d’autodiscipline dans les activités qu’ils déploient ». Toutefois, le problème ayant pris une dimension internationale, Mgr Mizobe estime ne plus pouvoir « garder le silence ».
En attendant les résultats de la visite pontificale, Mgr Mizobe écrit que sa décision de suspendre le Chemin néo-catéchuménal « ne signifie pas que le dialogue est rompu » mais qu’elle doit être « considérée comme une opportunité pour chacun de réfléchir ». Il appelle à « un dialogue en vérité » et précise que les membres du Chemin néo-catéchuménal ne sont pas « exclus » du diocèse. Il conclut qu’il est demandé à tous de prendre un rôle actif dans le plan de « renouveau » de trois ans qu’il a défini et baptisé « Renaissance et Unité » (3).