Eglises d'Asie

Les évêques catholiques réagissent à l’engouement de leurs fidèles pour une application iPhone appelée Confession

Publié le 12/02/2011




Confession, a Roman Catholic App (1), une nouvelle application pour iPhone développée par une société américaine, vient à peine d’être lancée qu’elle déclenche déjà l’engouement des catholiques sud-coréens et la polémique au sein de l’Eglise.

L’application qui se présente comme une aide à la préparation de la confession ne propose pas, contrairement à ce que pouvait suggérer son titre original (« A priest in your pocket »), l’absolution de ses péchés en ligne. C’est pourtant sur la base de cette ambiguïté que semble s’être bâti le succès, dès sa sortie, de ce qui a été compris majoritairement comme « un confessionnal numérique ». L’idée n’est pas nouvelle, en témoigne les nombreux rappels à l’ordre et interdictions de l’Eglise catholique concernant des services de confessions en ligne, par téléphone, par Internet, etc. (2), mais Confession, a Roman Catholic App, qui indique être « approuvée par l’Eglise catholique », est la seule à pouvoir se targuer de l’imprimatur d’un évêque (3).

C’est donc pour lever cette ambiguïté mais aussi pour répondre au battage médiatique qui a accompagné, ces derniers jours, le lancement de l’application en Corée du Sud, que la Conférence des évêques sud-coréens a publié, jeudi 10 février, une déclaration rappelant les principes de l’Eglise catholique sur le sujet. « Le sacrement de pénitence requiert le dialogue personnel entre le pénitent et le confesseur », ont expliqué les prélats, ajoutant que « la confession par téléphone, email ou par applications smart phone n’étaient pas valides et n’avaient jamais été autorisées [par l’Eglise] ».

La déclaration de la Conférence épiscopale précise également que l’application Confession « n’est pas un moyen de se confesser sur son smart phone » mais doit être comprise comme une aide à la préparation du sacrement de pénitence. Elle reconnaît cependant qu’une mauvaise interprétation de l’application par les médias, qui ont titré : « La confession par iPhone approuvée par l’Eglise » ou encore que l’on pouvait désormais « effacer ses péchés sur son iPhone », avait pu faire fait croire à la possibilité d’une absolution virtuelle, ce que démentait Patrick Leinen, le créateur de l’application (4). La notice de présentation de Confession précise bien que cette « préparation à l’acte de pénitence » ne dispense « en aucun cas de l’absolution par un prêtre » (5).

La mise au point de l’épiscopat sud-coréen suit de près à celle du Saint-Siège, le 8 février dernier. Le porte-parole du Vatican, le P. Federico Lombardi, a en effet déclaré à la presse, au sujet de l’application Confession, « que le sacrement de la pénitence demandait nécessairement un rapport de dialogue personnel entre le pénitent et le confesseur et l’absolution de la part du confesseur présent », ajoutant que « cela ne pouvait être remplacé par aucune application informatique. On ne peut pas empêcher quelqu’un de réfléchir en vue de la confession à l’aide d’outils numériques », a-t-il toutefois précisé, « mais cela ne remplace en aucun cas le sacrement ».

Le succès de l’application Confession en Corée du Sud n’est certainement pas sans rapport avec les difficultés que les catholiques déclarent éprouver envers ce sacrement. En 2007, une enquête de l’épiscopat sud-coréen avait révélé que la principale raison de l’éloignement de l’Eglise qu’évoquaient les non-pratiquants était la pratique de la confession, avec notamment l’obligation du pangong, propre à l’Eglise de Corée. Cette tradition, qui remonterait au temps des persécutions du XIXème siècle où les chrétiens ne rencontraient que très rarement leur clergé, impose au fidèle de présenter un « billet de confession », tamponné par un prêtre, prouvant qu’il a bien reçu le sacrement de la réconciliation et ce, au moins deux fois par an (avant Noël et Pâques) (6).

Pour de nombreux catholiques en Corée du Sud, et surtout pour les nouveaux baptisés, l’obligation du pangong avait été décrite comme « pesante » et « trop formelle », une pratique certes à l’opposé de la liberté et de l’anonymat que semble offrir une application numérique (7).