Eglises d'Asie – Divers Horizons
France : une assemblée émue participe aux obsèques du fondateur de la Mission catholique vietnamienne à Paris
Publié le 15/02/2011
… et longtemps l’animateur de la Mission catholique vietnamienne. Ce fut une figure attachante, bien connue dans les milieux vietnamiens de la capitale. Le P. Gian s’est éteint très discrètement, le 18 décembre 2010, à la villa Marie-Thérèse, maison de retraite des prêtres de la région parisienne où il s’était retiré il y a quelque trois ans. Il avait 96 ans. La cérémonie des obsèques était présidée par Mgr Xavier Rambaud, représentant de l’archevêque de Paris. Concélébraient avec lui Mgr Joseph Mai Duc Vinh, actuel recteur de la Mission catholique vietnamienne, le P. Jean-Baptiste Etcharren, ancien supérieur des Missions étrangères de Paris, et de nombreux prêtres vietnamiens.
François-Xavier Trân Thanh Gian est né en 1914 dans la province de Quang Binh, au Centre-Vietnam. Il a vécu ses premières années dans l’ambiance confucéenne stricte d’une famille de cinq enfants dont il était l’aîné. Voulant le faire bénéficier d’une éducation de qualité, ses parents le placèrent, après ses études primaires, à l’école Pèlerin de Huê, tenue par les Frères des Ecoles chrétiennes. C’est là qu’il découvrit le christianisme. Lorsqu’il fit part à sa famille de son attirance pour le catholicisme, son père s’alarma de cette évolution, craignant surtout qu’il ne devienne religieux, délaissant ainsi son rôle de continuateur du culte familial des ancêtres. Pour le soustraire à cette influence, il le ramena à la maison. Après quelques tentatives avortées, le jeune garçon s’échappa de la demeure familiale pour se réfugier dans une maison de repos des Frères des écoles chrétiennes au pied du Col des nuages. C’est à cet endroit qu’à l’âge de 16 ans, il reçut le baptême. De retour à la maison, il continua les études sous la surveillance vigilante de son père. Cependant, en 1930, celui-ci s’inclina devant la persévérance de son fils et le laissa entrer au séminaire de An Ninh. Le jeune homme termina ses études secondaires avant d’entamer ses études de théologie. En 1941, il était ordonné prêtre dans l’église de Phuc Am. Ses parents et toute sa famille étaient autour de lui et le ramènent au village natal pour un grand banquet où tout le voisinage fut invité.
Le jeune prêtre, après avoir passé son baccalauréat, enseignera un temps au collège de la Providence, établissement fondé par les Missions étrangères à Huê. Puis, en 1945, il sera chargé du ministère paroissial aux alentours de Huê où les forces vietminh étaient déjà présentes. Il est à Dalat en 1949 lorsque son évêque l’envoie en France avec pour mission d’y poursuivre des études de mathématiques en vue d’un futur enseignement, sans doute au collège de la Providence. Il a alors 36 ans. En France, il obtiendra rapidement une licence de mathématiques, mais sera détourné de la préparation d’un doctorat par les urgences de la pastorale dans la diaspora vietnamienne de Paris. Il exerce alors son activité parmi les étudiants déjà nombreux, pour qui il organise des camps d’été chaque année. Il se soucie également de l’ensemble de la communauté catholique vietnamienne pour qui il va créer des lieux de rassemblement sociaux et cultuels. C’est lui qui, peu à peu développe, ce que l’on appelle « la Mission vietnamienne ». Cette dernière est d’abord située rue de l’Observatoire. Il va l’aménager, lui donner une nouvelle chapelle de style traditionnel dans la propriété des sœurs visitandines, rue Boissonade. Il est nommé officiellement aumônier de la communauté vietnamienne en 1955 et va le rester jusqu’en 1971. Il y fait preuve d’une activité débordante et multiplie les initiatives concernant la communauté vietnamienne.
La retraite n’arrêtera pas ses activités pastorales et sociales. A l’époque de la grande vague des boat-people, il participe activement à l’assistance sociale dont les réfugiés vietnamiens ont un besoin urgent. Il collabore également à l’œuvre des « villages vietnamiens », qui, au Vietnam, recueillent et élèvent de jeunes orphelins. Un peu plus tard, avec l’aide de quelques laïcs vietnamiens, il fonde une revue de langue française Droits de l’homme (Nhân Quyên), qui couvre l’actualité sociale, politique et religieuse des trois pays de l’ancienne Indochine : Vietnam, Cambodge, Laos. Ce sera là son dernier labeur d’importance. En juin 2008, il se retirera définitivement à la maison de retraite Marie-Thérèse, où, selon les témoins de ces derniers moments, il attendra la mort avec discrétion et bonne humeur (1).