Eglises d'Asie – Inde
Assam : L’Eglise catholique multiplie les médiations pour mettre fin aux violences interethniques
Publié le 25/02/2011
… dans cette région du nord-est de l’Inde aux violences interethniques endémiques, oeuvre depuis une quarantaine d’années en milieu aborigène à la tête de ses équipes du Joint Peace Team of Northeast India (1).
Différents représentants de l’ethnie rabha de l’Etat d’Assam et de l’ethnie garo de l’Etat voisin du Meghalaya, assistaient à cette réunion où était évoquée la situation critique des milliers de membres de leurs communautés toujours réfugiés dans les camps provisoires du gouvernement depuis qu’ils ont dû fuir les violences intertribales et leurs villages incendiés en janvier dernier.
Les affrontements interethniques auraient éclaté le 1er janvier, avec l’attaque par des aborigènes rabhas des invités d’un mariage garo ainsi que du pasteur qui y officiait. En représailles, les Garos auraient à leur tour effectué des raids contre des villages rabhas, déclenchant une série d’attaques entre les deux communautés vivant de part et d’autre de la frontière du Meghalaya et de l’Assam. Selon la police locale, plus d’une centaine de villages ont été incendiés lors de ces violences interethniques, récurrentes dans cette région frontalière où les deux communautés aborigènes s’affrontent régulièrement sur des questions de propriété des terres. Selon les derniers bilans officiels, les violences de janvier ont fait une dizaine de morts, plusieurs centaines de blessées et près de 50 000 déplacés (2).
« Nous devons travailler ensemble à trouver un moyen pour rétablir la paix. Plus les gens retournerons tardivement dans leurs villages, plus ils courront le risque de voir se développer des épidémies dans les camps avec l’arrivée de la saison chaude », a averti le prélat lors de la réunion.
Mgr Menamparampil a rappelé qu’une précédente rencontre organisée par Mgr Andrew Marak, évêque de Tura, dans l’Etat du Meghalaya, avait déjà « permis aux deux parties d’exposer leurs griefs ». Lors de cette réunion, les Garos avaient admis en vouloir aux Rabhas pour leurs grèves générales et incessantes de ces dernières années qui, disaient-ils, leur avaient causé d’importants préjudices au quotidien. Les Rabhas de leur côté avaient expliqué que leurs manifestations avaient pour but de dénoncer l’oppression du gouvernement à leur égard et qu’ils voulaient seulement pouvoir bénéficier de la même autonomie que les autres tribals (aborigènes) de la région.
En Assam encore, un autre diocèse catholique a également proposé sa médiation et a lancé un appel au calme, après le meurtre d’un jeune chrétien de 18 ans dans la ville de Manji.
James Tangaranjo Khovung a été abattu le 19 février dernier lors d’une altercation entre deux groupes séparatistes rivaux, l’United Kuki Defence Army – qui aurait revendiqué la responsabilité du meurtre – et le Kuki Revolutionary Army. Ses parents cependant soutiennent que le jeune homme ne faisait partie d’aucun mouvement indépendantiste.
« Nous appelons à la solidarité face à la violence et nous demandons à toute la population de s’unir contre la tolérance » a déclaré le diocèse de Diphu, dans un communiqué de presse le 22 février dernier. « Si nous voulons prendre nos responsabilités envers les générations futures, nous devons éradiquer la violence et la remplacer par une culture de paix », poursuit la déclaration épiscopale, qui appelle les parents comme les enseignants à inculquer aux enfants l’ouverture à l’autre et le respect des différentes cultures. Le communiqué conclut en demandant aux médias de prendre leur part de responsabilité en faisant preuve d’impartialité lorsqu’ils couvrent des événements en relation avec les aborigènes (3).
Ce communiqué de presse a été publié à l’issue d’une réunion en faveur de la paix, organisée par le diocèse et à laquelle participaient des représentants de l’Assemblée nationale kuki (KNA), différentes associations chrétiennes, des mouvements de jeunes et diverses organisations liées à l’ethnie kuki (4).
Dans les régions du Nord-Est de l’Inde et en particulier dans l’Assam, l’Eglise catholique est particulièrement investie dans le travail de réconciliation entre les différentes ethnies aborigènes. Malgré sa représentation très minoritaire (toutes obédiences confondues, les chrétiens ne rassemblent que 3,7 % de la population de l’Assam), elle s’offre régulièrement comme médiateur dans les conflits intertribaux et a permis la passation de nombreux accords de paix (5).