Eglises d'Asie

Un pasteur baptiste demande réparation et indemnisation pour son internement en prison et en hôpital psychiatrique

Publié le 26/02/2011




Le site des religieux rédemptoristes du Vietnam a mis en ligne, le 19 février 2011, une lettre ouverte du pasteur Thân Van Truong de l’Alliance baptiste du Vietnam. La lettre est consacrée au récit de la rencontre du pasteur avec un cadre de la Sécurité publique d’un quartier de Thu Duc à Hô Chi Minh-Ville, où il réside.

Convoqué dans la matinée du 17 février pour « une séance de travail » avec les agents de la Sécurité afin de « débattre avec eux d’un certain nombre de sujets », il ne s’est présenté que dans l’après-midi du 18. D’emblée, il a affirmé à ses interlocuteurs qu’il ne « ressentait aucun besoin » de parler avec eux d’un quelconque sujet, à l’exception de l’affaire qui le concernait personnellement, à savoir la réparation et l’indemnisation des injustices commises contre lui par la Sécurité publique. La réparation demandée concerne deux séjours en prison injustifiés et une année d’internement dans un hôpital psychiatrique. Toutes les instances auxquelles le pasteur a adressé sa plainte jusqu’ici, le ministre de la Sécurité publique, le président du Parquet populaire suprême, le chef de l’Etat et le Premier ministre, sont restées silencieuses.

Cet ancien militaire de 62 ans devenu pasteur baptiste, a effectivement un lourd contentieux avec la Sécurité publique. Il s’était fait remarquer d’elle, une première fois, par une initiative peu ordinaire. En 2003, il avait envoyé au Secrétaire général et à plusieurs hauts dirigeants du parti communiste vietnamien une lettre leur conseillant d’adhérer à la foi chrétienne, un conseil qui s’adressait aussi à tous les membres du parti. La missive était accompagnée d’exemplaires de la Bible. Les résultats de sa démarche furent relativement rapides. Au mois de mai 2003, il fut arrêté. Libéré au mois de janvier 2004, il était aussitôt mis en résidence surveillée.

Le 3 juin 2004, il était arrêté à nouveau par la police de Xuân Lôc alors qu’il se rendait, depuis la province de Long Khanh, à Bac Giang où sa mère était gravement malade. Il fut alors emprisonné pour infraction au régime de la résidence surveillée. Un jour avant que ne se termine sa détention provisoire, le 30 septembre2004, la police provinciale l’amenait de force à l’hôpital psychiatrique de Biên Hoa. Il y fut soumis à un traitement rigoureux accompagné d’injections de neuroleptiques destiné à de vrais malades.

Les milieux protestants ne tardèrent pas à être alertés et, dans la première moitié de l’année 2005, un groupe de pasteurs de l’Alliance évangélique du Vietnam lui rendit visite à l’hôpital psychiatrique de Biên Hoa. Après une conversation de deux heures, les visiteurs conclurent que leur confrère jouissait de toutes ses facultés mentales. Cette opinion fut confirmée publiquement par le propre médecin traitant du pasteur Truong, qui déclara que son patient ne présentait aucun symptôme de maladie mentale. Le 25 juillet suivant, 89 pasteurs appartenant à des dénominations différentes adressaient au Premier ministre une lettre réclamant sa libération immédiate. Celle-ci eut lieu le 9 septembre 2005. Le séjour du pasteur en hôpital psychiatrique avait duré presque une année entière (1).

Depuis lors, le pasteur Thân Van Truong, qui a repris son ministère apostolique dans des conditions de pauvreté extrême, ne cesse, comme il vient de le faire récemment, de réclamer réparation et indemnisation pour les internements injustes auxquelles il a été soumis.