Eglises d'Asie

Les autorités laissent planer l’incertitude sur le sort du P. Thaddée Nguyên Van Ly

Publié le 14/03/2011




Le 14 mars 2011, veille de l’expiration de la période accordée au P. Thaddée Nguyên Van Ly pour se soigner après son hémiplégie, l’incertitude plane encore sur son sort. Interrogée à ce sujet, le 10 mars dernier, la porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes, Mme Nguyên Phuong Nga, a déclaré que, selon la loi en vigueur, si son état de santé le permettait, le P. Ly devrait retourner au centre d’internement à la fin de la période…

… de suspension provisoire de peine qui lui avait été accordée. La porte-parole a ajouté qu’il lui semblait que la santé du prêtre s’était stabilisée, mais qu’elle ne connaissait pas la décision qui serait prise.

 

Au mois de mars 2007, à l’issue d’un procès devant le Tribunal populaire de Huê, où il avait été physiquement contraint au silence, le P. Ly avait été condamné à huit ans de prison ferme pour propagande antigouvernementale. Au cours de son internement au centre de Ba Sao en 2009, il avait été victime de plusieurs accidents vasculaires cérébraux qui avaient provoqué une hémiplégie du côté droit. Son séjour à l’hôpital de la police à Hanoi n’ayant pas amélioré son état, il avait bénéficié, le 15 mars 2010, d’une suspension provisoire de peine d’un an et avait été transféré à l’archevêché de Huê afin d’y suivre un traitement médical.

 

Ce dernier s’est révélé efficace puisque, selon les propres déclarations du P. Ly, son état de santé s’est désormais amélioré de 60 %. Cependant, ces soins de santé ne l’ont pas détourné de son combat politique. Au cours de l’année passée, il a envoyé au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, un acte d’accusation contre le gouvernement vietnamien l’ayant condamné et interné (17 ans de prison) injustement. Ces temps derniers, des textes rédigés par lui et diffusés sur Internet ont appelé la population vietnamienne à manifester dans les rues et à boycotter les prochaines élections à l’Assemblée nationale.

 

Dans le cas où il serait forcé de retourner en prison, le prêtre dissident a clairement annoncé ses intentions. Le 3 mars 2011, dans un texte intitulé « Communiqué N° 1 », il a déclaré que, si le 15 mars 2011, il était interné de nouveau, il entamerait alors une série de grèves de la faim et interromprait totalement le traitement médical suivi jusque-là. Dans le même document, il expliquait aussi qu’il ne pouvait mener une grève de la faim jusqu’à son issue fatale, à cause de ses convictions religieuses. C’est pour cela qu’il se proposait de les faire se succéder.

 

Ces temps derniers, de nombreuses organisations internationales ont demandé la libération définitive du prêtre de Huê. La dernière intervention en date est celle de Human Rights Watch. Le 11 mars, son vice directeur pour l’Asie a appelé le gouvernement vietnamien à libérer immédiatement le prêtre prisonnier et à l’innocenter de tous les crimes dont il a été accusé. Il y a quelques semaines, Amnesty International a publié un communiqué alertant sur les risques qu’un retour en prison ferait courir à la santé, encore chancelante, du prêtre dissident. Le 8 mars dernier, la commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde a appelé le gouvernement vietnamien à mettre un terme à l’emprisonnement du P. Ly. Par ailleurs, selon l’AFP, le diplomate américain chargé des droits de l’homme, Daniel Baer, lors de rencontres récentes avec les autorités vietnamiennes, aurait également plaidé la cause du prêtre. Dans la conférence de presse qui a suivi, il a déclaré que le gouvernement américain continuait de réclamer la liberté et immédiate et sans conditions du P. Thaddée Nguyên Van Ly (1).