Eglises d'Asie – Japon
POUR APPROFONDIR – Chemin néo-catéchuménal : « Pour un dialogue en vérité »
Publié le 23/03/2011
Le Katorikku Shimbun (‘Journal catholique’) a publié à plusieurs reprises des articles au sujet de la communauté néo-catéchuménale, dite Le chemin. Le point de départ a été la lettre, signée par tous les évêques actuellement en charge d’un diocèse, qui a été envoyée au fondateur de la communauté, M. Kiko Arguello.
Il va sans dire que l’unique élément qui permettra de décider si la communauté peut continuer ou non son travail (au Japon), est de savoir si ses membres seront capables de remédier aux abus commis jusqu’à présent et d’agir désormais sans en commettre d’autres. Pour cela, ils devront changer leur manière de faire. Ils devront veiller à ne pas semer le trouble chez la grande majorité des chrétiens qui ne font pas partie de leur groupe, ni provoquer de frictions, de heurts, d’oppositions ou de divisions dommageables à l’ensemble de la communauté chrétienne. Pour ce faire, un dialogue est nécessaire et doit s’établir directement avec chacun des évêques, en particulier avec ceux dont les diocèses ont souffert de ces tensions. Cela devrait permettre de s’entendre pour reconnaître objectivement les faits qui sont à l’origine des dissensions. Que faut-il précisément modifier ? et de quelle façon ? Sur ces deux points, il faut parvenir à un accord. Et c’est seulement après avoir confirmé l’amélioration de la situation que l’on pourra autoriser à nouveau l’activité de la communauté.
Ainsi, alors qu’aucune rencontre directe ni dialogue entre les évêques diocésains et les responsables de la communauté néo-catéchuménale n’ont encore permis d’envisager une solution et que le dialogue est encore insuffisant, il y aurait une grave inconséquence à ce que la Congrégation compétente du Vatican, intervenant entre les deux parties, donne des directives enjoignant aux évêques d’accueillir la communauté et de reconnaître ses activités. Bien entendu, la Congrégation n’a jamais donné de telles directives et n’en donnera pas non plus à l’avenir.
Tous les évêques reçoivent de Dieu la charge de pasteur par l’intermédiaire du pape. Ils sont appelés à paître les brebis du troupeau qui leur est confié et à les guider. Ils ont la conviction que la fidélité sans faille à cette vocation est ce qui doit passer avant toute autre chose.
La communauté néo-catéchuménale laisse apparaître dans toutes ses activités, quelles qu’elles soient, des caractéristiques communes, qui engendrent partout les mêmes effets pervers. Elle utilise la paroisse pour constituer un groupe qui se singularise en réunissant ses membres pour prier et célébrer la messe d’une façon qui leur est propre. Ils se comportent exactement comme si le bâtiment d’église leur appartenait, ce qui choque les autres paroissiens, qui sont pourtant la majorité. En introduisant dans la liturgie une musique et des comportements directement importés de l’étranger, en l’occurrence un modèle espagnol, ils heurtent la sensibilité culturelle de bon nombre de fidèles. Entre eux et les fidèles qui ne souhaitent pas les suivre, un fossé se creuse. On a beau leur faire des observations, ils n’en tiennent aucun compte. Plutôt que de suivre les instructions de l’évêque, ils suivent celles que donne leur équipe de responsables résidant à Rome. Il n’est pas rare qu’après avoir feint d’obtempérer, ils continuent en cachette à faire comme auparavant à leur manière. Quant aux quêtes et à l’aide financière qu’ils reçoivent, rien n’est jamais clair, et ils ont par ailleurs des exigences indues. Ils sont tranquillement installés en tirant avantage d’une sorte de double appartenance.
Je pose la question au Chemin néo-catéchuménal, et en particulier à ses responsables résidant à Rome : sans véritable dialogue avec nous qui faisons ici directement l’expérience de votre comportement, comment pourrez-vous corriger les défauts de votre activité relevés ci-dessus et réformer votre attitude ? Si rien ne change, si votre action continue à causer les mêmes difficultés, comment pourrons-nous, en tant qu’évêques, accepter votre présence ? Pourquoi évitez-vous un dialogue en vérité, en évitant ces questions ? Pourquoi, sans dialoguer, recourez-vous à l’autorité du Saint-Siège pour protéger votre activité et la poursuivre sans modifier vos manières d’agir ? N’avez-vous pas compris que, face à cette attitude, la patience des évêques du Japon est à bout ? Répondez, je vous prie : allez-vous, oui ou non, dialoguer en vérité ?