Eglises d'Asie

Human Rights Watch dénonce la répression par les autorités vietnamiennes des chrétiens montagnards des Hauts Plateaux

Publié le 31/03/2011




Un nouveau rapport de Human Rights Watch, publié le 30 mars dernier, attire l’attention sur la situation de certains chrétiens des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam. Il a été présenté et commenté le jour de sa publication (1) par de Phil Robertson, sous-directeur pour l’Asie de l’association humanitaire américaine (2). Intitulé « Chrétiens montagnards au Vietnam : étude de cas de répression religieuse », il dénonce une fois de plus la persécution …

… exercée par les autorités sur les chrétiens des minorités ethniques vivant sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam. Selon le rapport, cette répression vise à faire taire les revendications des chrétiens portant à la fois sur l’exercice de la liberté religieuse et sur la propriété de terrains dont ils ont été dépouillés.

Le rapport de 46 pages, après un rapide historique des dix années de troubles (2001-2011) qui ont précédé la période actuelle, synthétise des informations détaillées sur les persécutions les plus récentes. Il passe en revue un certain nombre de violations caractérisées de la liberté religieuse et des droits de l’homme : dissolution d’Eglises domestiques (3), renonciations forcées à la foi chrétienne, barrages policiers aux frontières pour empêcher les chrétiens persécutés de chercher asile au Cambodge, etc.

Le rapport note encore les activités du service appelé « Sécurité politique ». Celui-ci, en association avec la police provinciale, mène des opérations destinées à capturer, détenir et interroger des militants politiques ou des dirigeants d’Eglises domestiques non enregistrées auprès des autorités. Selon le rapport, plus de 70 Montagnards ont été arrêtés pour la seule année 2010. Le rapport estime par ailleurs que 250 militants montagnards sont aujourd’hui détenus, soit parce qu’ils ont été condamnés pour « atteinte à la sécurité et à l’unité nationale », soit parce qu’ils sont en attente de jugement. De nombreux cas de torture ont été signalés. Un ancien détenu de la prison de la province de Gia Lai, arrêté lors d’une manifestation pour la liberté religieuse et le rétablissement des droits fonciers, fait état des très sévères actes de torture auxquels il a été soumis. Depuis 2001, vingt-cinq Montagnards auraient trouvé la mort dans les prisons ou les postes de police.

L’une des sources sur laquelle se sont appuyés les rédacteurs du rapport a été l’ensemble des entretiens avec des Montagnards ayant fui leur pays. L’association humanitaire a également puisé des informations très précieuses dans les articles publiés à ce sujet par la presse officielle du Vietnam. Beaucoup de faits cités par le rapport ont été connus grâce aux articles de l’organe du Parti communiste de la province de Gia Lai (Bao Gia Lai) ou encore de l’organe de la Sécurité publique (Công An Nhân Dân).

Les persécutions du gouvernement visent plus spécialement les chrétiens des Eglises domestiques non reconnues (4) parce que non rattachées à l’Eglise protestante officielle, l’Eglise évangélique du Sud. Selon les dispositions légales actuelles, tous les groupes religieux doivent être enregistrés auprès du gouvernement et collaborer avec lui. Les autorités vietnamiennes affirment que ces Eglises appartiennent aux protestants Dega, un groupe religieux illégitime qui ne serait que la couverture d’un mouvement luttant pour l’indépendance des Montagnards (5).

Pour sa part, l’association américaine considère que « la liberté de religion ne se restreint pas à la liberté des religions reconnues par l’Etat ». Elle appelle le gouvernement à cesser immédiatement la répression des groupes religieux indépendants qui mènent librement leur vie religieuse. Elle demande la libération immédiate des Montagnards arrêtés pour activités religieuses ou politiques. Les responsables de l’association humanitaire demandent au Département d’Etat américain d’inscrire à nouveau le Vietnam sur la liste des pays « particulièrement préoccupants en matière de liberté religieuse », jusqu’à ce que la situation s’améliore.