Eglises d'Asie – Vietnam
Après neuf jours de détention, l’avocat Lê Quôc Quân et le médecin Pham Hông Son ont été libérés dans la soirée du 13 avril 2011
Publié le 14/04/2011
A la même heure, l’épouse du docteur Pham Hong Son était avertie par lui de sa sortie de prison et de sa prochaine arrivée. Tout au long des neuf jours précédents, lettres de protestation, communiqués d’associations, assemblées et veillées de prière s’étaient succédé dans les milieux catholiques du Nord-Vietnam, créant une tension particulièrement vive. Après ce soutien manifesté publiquement aux deux dissidents, on peut considérer que, d’une certaine façon, en libérant les prisonniers, les autorités ont voulu éviter la confrontation directe et ont reculé d’un pas devant une vague de protestations qui menaçait de grossir.
Neuf jours s’étaient écoulés depuis l’arrestation de deux dissidents. Le moment était venu où, selon les dispositions de la loi vietnamienne, les autorités policières devaient prendre une décision : soit les libérer, soit entamer une action judiciaire contre eux. Dans l’attente de cette décision, la fièvre montait dans les milieux catholiques des diocèses du Nord. Les associations, les mouvements, les paroisses ont mobilisé adhérents et fidèles pour des assemblées et des veillées de prières en soutien à l’avocat.
L’assemblée la plus spectaculaire a été celle organisée par l’association Doanh Tri công Giao (‘Mouvement des intellectuels et chefs d’entreprise catholiques’) dont l’avocat Lê Quôc Quân était l’un des responsables. Plus de 4 000 catholiques sont venus d’un peu partout participer à la veillée de prière que l’association avait organisée dans l’église de la paroisse de Thai Ha, dans la soirée du 10 avril 2011. Selon les témoins, la foule avait rempli l’église, son parvis et avait débordé dans les rues avoisinantes. La création de l’association Doanh Tri công Giao avait été un projet de l’ancien archevêque de Hanoi, le cardinal Joseph Phan Dinh Tung, pour promouvoir une élite catholique au Nord-Vietnam. Elle n’avait cependant vu le jour que récemment, le 18 avril 2010, à Hanoi. Elle s’est rapidement développée dans les diocèses du Nord. Ses membres se sont fortement impliqués dans la défense de leur dirigeant emprisonné, Me Lê Quôc Quân. Dans une déclaration publique, publiée le 10 avril, l’association avait lancé un mouvement de veillées et d’assemblées de prière aux intentions des dissidents arrêtés. La déclaration soulignait que ce mouvement destiné à l’ensemble du pays ne s’arrêterait pas avant que l’avocat soit libéré et que les responsables de son arrestation illégale comparaissent devant la justice.
Ce sont sans doute les catholiques du diocèse de Vinh, d’où Lê Quôc Quân est originaire, qui se sont le plus manifestés au cours de la période séparant l’arrestation de la libération de l’avocat. Les catholiques de Vinh, qui sont quelque 500 000 dans le diocèse et des dizaines de milliers dans le monde entier, forment une communauté très solidaire. L’avocat faisait partie de la communauté des catholiques de Vinh résidant à Hanoi. Celle-ci a fait paraître deux communiqués de protestation ; le premier date du jour même de l’arrestation, le second du 12 avril.2011. Les catholiques de Vinh s’insurgeaient contre cette arrestation arbitraire, réclamant la libération immédiate de l’avocat et des sanctions contre les responsables. Ils appelaient tous leurs compatriotes à une campagne de prière aux intentions des personnes arrêtées.
A l’intérieur même du diocèse de Vinh, la mobilisation des catholiques en faveur de l’avocat, qui est membre de la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse, s’est traduite par de très nombreuses messes et veillées de prières qui ont rassemblé des paroisses entières, quelquefois des doyennés. Les étudiants catholiques ont joué un grand rôle dans cette mobilisation générale.