Eglises d'Asie – Philippines
Des parlementaires se joignent à une initiative régionale visant à défendre les droits des employées de maison
Publié le 31/05/2011
… leur main d’œuvre, notamment féminine, et une partie de ces migrants trouvent du travail à l’étranger en tant qu’employées de maison. Les Philippines, depuis près de cinquante ans, sont connues pour cela mais, plus récemment, d’autres pays ont fait de même et il n’est pas rare que, dans les pays occidentaux, au Moyen-Orient ou bien en Asie, les employées de maison soient originaires des Philippines, d’Indonésie, du Sri Lanka, du Cambodge ou du Bangladesh. La difficulté est que, plus encore que dans d’autres secteurs, les employées de maison se trouvent très peu défendues et jouissent de peu de protections au cas où elles se trouvent confrontées à un employeur abusif.
« Les employées de maison font face à des conditions de travail qui sont souvent inhumaines. Il est indispensable que nous trouvions le moyen de coordonner nos efforts pour leur venir en aide », a plaidé le 26 mai dernier à Manille Walden Bello, député à la Chambre des représentants (1). Sociologue réputé, pourfendeur de la mondialisation économique et financière, Walden Bello estime que seule une mobilisation internationale peut contribuer à améliorer le sort fait aux employées de maison. Il a rappelé qu’en 2008, une conférence internationale réunie à Manille sur les thèmes des migrations et du développement avait déjà appelé la communauté internationale à s’intéresser au sort des employées de maison, les législations nationales et internationale ne reconnaissant le plus souvent pas la spécificité de ce type d’emplois. Le cas général, a expliqué le député philippin, est celui où, dans les pays d’accueil de cette main d’œuvre, le Code du travail méconnaît les employées de maison, voire les exclut des dispositions communes. C’est ainsi que, dans plusieurs pays, les employées de maison n’ont pas le droit de se syndiquer ou encore d’adhérer à des organisations de migrants.
Aux Philippines, le gouvernement continue d’encourager l’émigration de travail et, pour la seule année 2010, ce sont 800 000 Philippins qui sont partis à l’étranger trouver du travail. Parmi ces 800 000 Philippins, les Philippines sont majoritaires et ces femmes sont souvent embauchées comme employées de maison dans les pays du Moyen-Orient, à Hongkong, à Singapour et ailleurs. Les études disponibles indiquent que, sans même parler de celles qui travaillent dans des conditions assimilables à de l’esclavage ou qui font l’objet d’agressions sexuelles, ces femmes sont souvent sujettes aux travaux dits des « trois D » (‘dangereux, dégoûtant, dégradant’).
Face à un phénomène à ce point mondialisé, la réponse ne peut être qu’internationale, a plaidé le député Walden Bello. C’est pourquoi des parlementaires des Philippines, d’Indonésie, du Sri Lanka, du Cambodge ou du Bangladesh ont pris l’initiative de s’adresser à l’Organisation internationale du travail et à l’ASEAN (Association des Nations du Sud-Est asiatique) afin de faire adopter une convention visant à défendre les droits des employées de maison.
Pour l’Indonésienne Eva Kusuma Sundari, parlementaire, membre du Parti démocratique indonésien de lutte (PDI-P), il est grand temps que les pays de l’ASEAN, d’où proviennent la plus grande part des employées de maison, se mobilisent pour leur venir en aide. Présente à Manille aux côtés de Walden Bello, elle a salué comme un pas en avant significatif le fait que des parlementaires issus de cinq pays joignent leurs forces en vue d’une action commune. « Nous, parlementaires, devons faire pression sur nos gouvernements respectifs afin de faire voter et ratifier des législations fortes protégeant les travailleurs migrants », a-t-elle fait valoir (2).
Le 1er juin s’ouvre à Genève, au siège de l’Organisation internationale du travail, une conférence réunissant gouvernements, syndicats et organisations fédérant des employées de maison pour préparer la rédaction d’une Convention sur le travail des employées de maison ; l’objectif affiché est de fixer des standards internationaux en matière de conditions de travail pour les employées de maison, qui seraient 100 millions à travers le monde.
Par ailleurs, Migrante International, une ONG de soutien aux Philippins expatriés, s’inquiète du sort des OFWs (Overseas Filipino Workers) qui se trouvent bloqués dans les pays du Moyen-Orient en raison des troubles importants qui s’y déroulent. A Bahreïn vivent 31 000 Philippins ; en Syrie, ils sont 17 000 ; au Yémen, ils sont 1 400. En Libye, où, selon les chiffres du gouvernement philippin, ils étaient 26 000 avant le début de l’insurrection, 14 000 seraient toujours sur place. Dimanche 29 mai à Manille, Migrante International a fait célébrer une messe d’action de grâces pour les milliers de Philippins de Libye qui ont trouvé refuge auprès de l’Eglise catholique locale, notamment du franciscain philippin, le P. Allan Jose Arcebuche, vicaire de la paroisse San Francisco à Tripoli, qui a œuvré sans relâche – et continue d’œuvrer – pour venir en aide aux OFWs (2). Les fidèles présents, dont de nombreux Philippins rapatriés, ont notamment prié pour la sécurité des OFWs du Moyen-Orient qui se trouvent pris au milieu des tensions soulevées par le « printemps arabe ».