Les catholiques participent nombreux au mouvement de protestation contre les violations du territoire national par la Chine

 A Hanoi, des milliers de fidèles ont participé à deux assemblées de prière aux intentions du pays, organisées dans les paroisses de Ham Long et de Thai Ha. La foule y était particulièrement fervente et l’on a pu voir près du porche de l’église des banderoles portant des slogans fustigeant l’agression chinoise, mais aussi la récente démolition du Carmel de Hanoi par les services municipaux. A Thai Ha, le P. Mathieu Vu Khoi Phung a déclaré dans son homélie que « la patrie n’appartenait à personne en particulier, à aucun parti, mais qu’elle était la propriété du peuple vietnamien tout entier» et que tous devaient faire bloc pour assurer sa protection (1).

A Saigon, la mobilisation catholique a été encore plus forte. « La patrie en danger », tel était le thème de la veillée de prière de la soirée du 4 juin 2011, dans l’église Notre-Dame du Perpétuel-Secours (2). Des milliers de catholiques de la métropole du sud étaient venus se joindre aux religieux rédemptoristes pour demander la protection de Dieu et de la Vierge Marie sur leur patrie menacée. Ils répondaient à l’appel lancé par la province rédemptoriste du Vietnam, appel qui avait été envoyé deux jours auparavant (3) à l’ensemble des prêtres religieux et catholiques de Saigon, ainsi qu’à toutes les « personnes de bonne volonté ». Il spécifiait avec précision les circonstances dramatiques qui avaient motivé cette assemblée de prière, à savoir l’agression chinoise du 26 mai, et soulignait que la prière avait pour but de conjurer « le péril encouru actuellement par le Vietnam et le risque de guerre ».

Une longue série d’incidents au cours desquels la Chine a violé l’intégrité territoriale du Vietnam sont à l’origine des tensions actuelles. Le dernier en date, le 26 mai dernier s’est produit en mer de Chine méridionale où un navire vietnamien, L”Aurore 02, procédait à des prospections pétrolières à seulement 120 milles marins du cap de Dai Lanh, province de Phu Yen (Centre Vietnam), c’est-à-dire en pleines eaux territoriales du Vietnam. Trois navires chinois de surveillance maritime se sont brusquement engagés dans la zone d’opération du bateau vietnamien et se sont livrés à une véritable provocation. Ils ont en particulier sectionné les câbles déployés pour la prospection et empêché le navire vietnamien de continuer ses travaux, l’accusant de violer la souveraineté chinoise.

L’incident s’ajoute à bien d’autres, en particulier à de multiples interventions des mêmes navires chinois contre les bateaux de pêche vietnamiens, des interventions qui ont provoqué à plusieurs reprises la mort de marins pêcheurs. C’est pourquoi, depuis le jour de l’agression, la tension ne cesse de monter au Vietnam, les protestations et les appels à une réaction immédiate se multipliant aussi bien dans les sites et les blogs indépendants et d’opposition que dans la presse officielle, bien que d’une façon voilée.

Le dimanche 5 juin, des milliers de personnes portant des banderoles et criant des slogans antichinois se sont dirigés dans les rues de Saigon et de Hanoi vers l’ambassade et le consulat chinois. Ces derniers étaient protégés par d’impressionnantes forces de police (4).