Eglises d'Asie

Vinh : les protestations des catholiques de Câu Râm empêchent les autorités de mener à son terme une tentative de spoliation

Publié le 08/07/2011




 Le 20 juin dernier, le journal du Nghê An, province du Centre-Vietnam dans le diocèse de Vinh, a publié un communiqué émanant du service provincial du Travail, des Anciens combattants et des Affaires sociales. Celui-ci annonçait la tenue d’un référendum populaire concernant l’emplacement où serait construit un monument consacré aux morts pour la patrie de la province.

 Comme par hasard, l’un des cinq endroits donnés à choisir pour cette construction n’était autre que le terrain occupé par l’ancienne église de Câu Râm, détruite pendant la guerre et devenue plus tard un jardin public. Elle est aujourd’hui toujours réclamée par la population catholique de la région et considérée par elle comme une propriété de la paroisse. Le communiqué demandait à chacun des habitants d’envoyer sa réponse au référendum à divers services gouvernementaux avant le 17 juillet 2011.

La tenue d’un référendum n’est pas chose courante dans la République socialiste du Vietnam et ce type de consultation populaire n’est mentionné dans aucun texte législatif. Aussi bien, le communiqué a fortement étonné la population et en particulier les fidèles de la paroisse de Câu Râm, qui depuis longtemps se démènent pour récupérer le terrain appartenant à l’Eglise et y installer à nouveau un lieu de culte.

En effet, la propriété qui, depuis quelque temps, est devenue un jardin public a été pendant longtemps le lieu de culte de la paroisse. Pendant la guerre, l’église a été totalement détruite par les bombardements. Après la guerre, les autorités régionales avaient d’abord décidé de garder les ruines de l’église en l’état pour en faire un mémorial des « crimes de guerre des impérialistes américains ». Plus tard, on construisit à grands frais une route conduisant au village de naissance de Hô Chi Minh, Kim Liên, qui se trouve près de là. Elle traversa et coupa en deux l’ancien lieu de culte.

Mais les transformations subies par le quartier de l’église ne se sont pas arrêtées là. En 2010, les catholiques prirent connaissance d’un projet de vente du terrain. Celui-ci était en passe d’être vendu pour plusieurs dizaines de milliards de dôngs (1) à une société saïgonnaise qui voulait y construire un supermarché ou un grand hôtel. Le 23 mai, en la fête de la Pentecôte, quelque 5 000 catholiques du diocèse se rassemblèrent sur le site de l’ancienne église de Câu Râm pour protester contre la vente de ce terrain.

En fait, depuis 1972 jusqu’à aujourd’hui, les catholiques n’ont jamais cessé de demander la restitution du terrain actuel pour y reconstruire un lieu de culte. Aucune des requêtes envoyées et des démarches entreprises n’a reçu de réponse.

Dès la parution du communiqué dans le journal local, la population catholique a aussitôt élevé la voix et fait entendre ses protestations. Même si leurs revendications sur la propriété du terrain de l’ancienne église n’ont pas encore reçu satisfaction, dans l’affaire du référendum, les catholiques de Câu Râm, ont eu, du moins provisoirement, gain de cause. Le 6 juillet, onze jours seulement avant la date limite fixée pour répondre au référendum, le directeur du service du Travail, des Anciens combattants et des Affaires sociales a informé publiquement la population que l’un des cinq emplacements proposés pour la construction du monument commémoratif était retiré de la liste. Il s’agissait du jardin public, terrain de l’ancienne église, réclamé par la population catholique.