Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – Le pape Benoît XVI aux évêques de l’Inde : « Soyez un témoignage d’amour et d’entraide sans distinction pour la caste ou l’appartenance ethnique »

Publié le 20/07/2011




 Avec 164 diocèses et quelque 20 000 prêtres, l’Eglise catholique de l’Inde représente une Eglise importante au sein de l’Eglise universelle, même si les catholiques indiens ne représentent pas plus de 2,3 % de la population de leur pays. Etant donné leur nombre, les évêques se rendent à Rome en visite ad limina par groupes et, le 17 juin 2011, …

… le pape Benoît XVI recevait le quatrième et dernier de ces groupes, réunissant les évêques de rite latin des provinces ecclésiastiques de Madras-Mylapore, Madurai, Pondichéry et Raipur. En s’adressant à eux, le pape leur a plus particulièrement demandé d’être « à l’écoute de vos prêtres », en soulignant que la relation unissant prêtres et évêques devait se vivre « sans prendre en considération la caste ou l’ethnie ». Prononcé en anglais, le discours du pape a été traduit en français par la rédaction d’Eglises d’Asie.

 

Chers Frères dans l’épiscopat,

Je suis heureux de vous accueillir tous à l’occasion de votre visite ad Limina Apostolorum, moment privilégié pendant lequel s’approfondissent les liens entre le Siège de Pierre et les Eglises locales que vous dirigez. Je voudrais remercier Mgr Malayappan Chinnappa pour les sentiments cordiaux qu’il a exprimé en votre nom et celui de vos fidèles. Mes chaleureuses salutations vont aux prêtres, aux religieux et religieuses et aux fidèles confiés à votre soin pastoral. Je vous prie de les assurer de ma sollicitude et des mes prières.

Poursuivant ces réflexions sur la vie de l’Eglise qui est en Inde, je voudrais vous adresser un mot, à vous chers Frères évêques, touchant à vos responsabilités envers le clergé et les religieux et religieuses de votre pays. Par l’imposition des mains et l’invocation de l’Esprit saint, vous êtes établis sur le peuple de Dieu en qualité de Pasteurs et vous êtes appelés pour enseigner, sanctifier et gouverner les églises locales. Vous le faites par la prédication de l’Evangile, la célébration des Sacrements et votre souci pour la sanctification et une action pastorale efficace du clergé. Par leur intermédiaire, vous pouvez toucher plus efficacement les religieux et les fidèles commis à vos soins. Vous êtes aussi appelés pour gouverner avec charité au moyen d’une prudente vigilance dans vos capacités législatives, exécutives et juridiques (cf. Code de droit canonique, cc. 384-394). Dans ce rôle délicat et exigeant, l’Evêque, comme pasteur et père, devrait ainsi unir et modeler son troupeau en une seule famille où tous, conscients de leurs devoirs, voudront vivre et agir en unité dans la charité (cf. Christus Dominus, 16). Favoriser le charisme de l’unité, qui est un puissant témoignage de l’unicité de Dieu et le signe que l’Eglise est une, sainte, catholique et apostolique, est parmi les plus importantes responsabilités de l’évêque. Dans les nombreuses charges qui exigent votre attention portée par la prière, chers Evêques, vous reconnaissez la présence de l’Esprit du Seigneur qui agit dans l’Eglise. L’Esprit, promis à tous par le Baptême et répandu sur le peuple de Dieu pour le guider et le sanctifier par la Confirmation, désire ardemment unir tous les chrétiens dans les liens de la foi, de l’espérance et de la charité. Par votre ministère, vous êtes appelés à fortifier le peuple que Dieu a choisi pour être le sien propre, de le servir et de le bâtir en un temple unifié, en une demeure digne de l’Esprit, qu’ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes, riches ou pauvres. Le Seigneur, par son sang versé, a racheté les peuples de toutes tribus et langues, de tous les peuples et nations (cf. Rév. 5,9). Par conséquent, je vous encourage à continuer à être au service de l’unité et, en donnant l’exemple, à conduire le troupeau dont vous êtes le berger vers une communion, une fraternité et une paix plus profondes.

L’une des voies par lesquelles la communion de l’Eglise s’est le plus clairement manifestée est dans le rapport particulièrement important qui existe entre vous et vos prêtres, qu’ils soient diocésains ou religieux, partageant et exerçant avec vous le sacerdoce unique du Christ. Ensemble, dans vos diocèses, vous formez un corps sacerdotal et une famille, dont vous êtes le père (cf. Christus Dominus, 29). Ainsi, vous devez être le soutien de vos prêtres et de vos plus proches collaborateurs, d’être attentif à leurs besoins et aspirations, en manifestant de la sollicitude pour leur bien-être spirituel, intellectuel et matériel. Ceux-ci, comme fils et coopérateurs, sont appelés à leur tour à respecter votre autorité, en travaillant avec enthousiasme, humilité et un attachement complet au bien de l’Eglise, mais toujours sous votre direction. Les liens d’amour fraternel et l’attention mutuelle que vous entretiendrez avec vos prêtres deviendront la base propre à surmonter toutes les tensions qui peuvent surgir, et favoriseront les conditions les plus propices au service du Peuple de Dieu, en les édifiant spirituellement, en les conduisant à connaître leur valeur et assumer la dignité qui est la leur comme enfants de Dieu. Bien plus, le témoignage de l’amour et de l’entraide réciproques entre vous et vos prêtres – sans considération pour la caste ou l’appartenance ethnique mais focalisé sur l’amour de Dieu, la diffusion de l’Evangile et la sanctification de l’Eglise – est désiré sincèrement par le peuple que vous servez. Il vous regarde, vous et vos prêtres, comme un modèle de sainteté, d’amitié et d’harmonie qui parle à leurs cœurs et enseigne par l’exemple comment vivre le nouveau commandement de l’amour.

Les religieux et religieuses aussi vont à vous pour rechercher conseils et soutien. Le témoignage de votre amour profond pour Jésus Christ et son Eglise doit servir à les inspirer, de même qu’ils se consacrent à la pauvreté, la chasteté et l’obéissance parfaites de la vie à laquelle ils ont été appelés. Ils seront confirmés dans leur attachement désintéressé par votre foi, exemple et confiance en Dieu. De cette manière, en union avec eux, vous porterez un témoignage encore plus grand devant les hommes et les femmes de notre temps, par le fait que, alors que la forme de ce monde passe et s’éloigne (cf. 1 Cor 7:31), celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours (cf. 1 Jn 2,17).

Le témoignage éclatant de la vie consacrée est naturellement un trésor, non seulement pour ceux qui bénéficient de la grâce de cette vocation, mais également pour l’Eglise tout entière. Dans une étroite collaboration avec les Supérieurs religieux, continuez à vous assurer que les membres des Instituts religieux de vos diocèses vivent leurs charismes particuliers dans leur plénitude et en harmonie avec les prêtres et les fidèles. En plus de vous assurer qu’ils reçoivent de solides bases humaine, spirituelle et théologique, veillez à ce qu’ils bénéficient d’une formation continue complète qui les aidera à mûrir dans tous les aspects de la vie consacrée. En raison de la contribution unique apportée par tous les religieux, femmes et hommes, contemplatifs et actifs, à la mission de l’Eglise, et en raison de leur rôle comme acteurs de l’Evangélisation par la prière, l’éducation, la santé, la charité et autres apostolats, leurs charismes continueront d’une manière sûre à renforcer la communauté ecclésiale tout entière et à enrichir une société plus vaste. D’une manière particulière, je souhaite exprimer la satisfaction de l’Eglise pour les nombreuses religieuses de l’Eglise en Inde. Elles portent témoignage de sa sainteté, de sa vitalité et de son espérance. Elles offrent d’innombrables prières et effectuent sans compter de bons travaux, souvent cachés, mais néanmoins de grande valeur pour l’édification du royaume de Dieu. Je vous demande de les encourager dans leur vocation, et d’inviter des jeunes femmes à considérer une vie semblable pour s’accomplir, par l’amour de Dieu et le service des autres. Par ces pensées, chers Frères évêques, j’exprime mon affection et estime fraternelles. Appelant sur vous tous l’intercession maternelle de Marie, Mère de l’Eglise, et vous assurant de mes prières pour vous et pour tous ceux confiés à votre soin pastoral, je vous donne avec joie ma bénédiction apostolique comme gage de grâce et de paix dans le Seigneur.