Eglises d'Asie – Taiwan
L’université catholique Fu Jen ouvre un bureau à Pékin en vue d’attirer des étudiants du continent
Publié le 18/08/2011
L’acceptation par les universités taïwanaises d’étudiants de Chine continentale entre dans sa deuxième année et, à la rentrée universitaire de septembre-octobre 2011, cette ouverture va croissant (1). Pour l’heure, les autorités taïwanaises n’autorisent les universités de l’île à recruter leurs étudiants que dans six provinces ou municipalités de Chine populaire : les provinces du Zhejiang, du Jiangsu, du Fujian et du Guangdong, ainsi que les villes de Pékin et de Shanghai. Mais, selon les statistiques officielles du gouvernement taïwanais, le mouvement prend de l’ampleur : plusieurs milliers d’étudiants chinois ont fait acte de candidature auprès de 87 universités taïwanaises et 1 742 dossiers d’inscription ont d’ores et déjà été finalisés.
A Fu Jen, qui est l’université privée la plus prisée de l’île, les responsables académiques ont décidé d’augmenter le nombre des étudiants chinois par rapport à l’an dernier. Pour l’année 2010-2011, 560 étudiants du continent avaient postulé mais seulement 40 d’entre eux avaient été acceptés. Cette année, précise Liu Zhaoming, 99 nouveaux étudiants du continent seront admis. Etant donné les différences de niveau de vie entre le continent et Taiwan, un programme spécifique de bourses a été mis en place. Afin de couvrir les frais d’inscription et la vie au quotidien, les étudiants du continent bénéficieront d’une bourse d’un montant annuel de 500 000 NTD (New Taiwan Dollar) (12 000 euros) durant le premier cycle universitaire, aide qui se poursuivra durant les années de master avec 250 000 NTD annuel. « Le programme d’aide n’est pas que financier », a expliqué Liu Zhaoming, et les étudiants du continent bénéficieront en plus d’un accompagnement personnalisé ainsi que d’aides pour décrocher des stages et éventuellement un emploi.
Deux autres universités catholiques de Taiwan accueillent également des étudiants du continent : l’Université de la Providence à Taichung et le Collège Wenzao de langues étrangères, tenu par les ursulines à Kaohsiung.
Pour Fu Jen, l’ouverture d’un bureau de représentation à Pékin constitue une manière de retour aux sources. C’est en effet dans la capitale de la Chine continentale que l’université catholique fut fondée : créée en 1913 sous la forme d’un collège par la branche américaine des bénédictins, elle fut reconnue comme université en 1925 par le ministère chinois de l’Education. Après 1949 et la prise du pouvoir par les communistes, celle qui était alors connue sous le nom d’Université catholique de Pékin subit la mise en place du nouveau régime et, en 1952, elle fut incorporée à l’Ecole normale supérieure de Pékin. A Taiwan, en 1959, les évêques catholiques, la Société du Verbe divin et la Société de Jésus jetèrent les bases d’une nouvelle université Fu Jen, qui fut autorisé par le ministère taïwanais de l’Education en 1960. Après le département de philosophie, ouvert en 1961, l’université développa progressivement trois facultés et dix départements. Elle compte aujourd’hui plus de 25 000 étudiants et son association des anciens élèves rassemble près de 120 000 membres à travers le monde.
L’ouverture de Fu Jen à des étudiants venus du continent se fait parallèlement à la mise en place d’un cursus universitaire d’accueil de séminaristes et de prêtres catholiques du continent, notamment au sein de la faculté de théologie. En effet, en septembre 2010, en visite à Taiwan, Wang Zuo’an, directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses, avait rencontré l’archevêque de Taipei et, à l’issue de leur entrevue, les deux personnalités avaient déclaré que la formation de prêtres du continent à Taiwan serait désormais facilitée. Rare jusqu’à ce jour, la venue de membres du clergé chinois pour se former à Taiwan devrait se développer cette année et les années suivantes.