Eglises d'Asie

L’Eglise attend du nouveau Premier ministre qu’il tienne sa promesse de défendre la laïcité de l’Etat et de protéger les minorités

Publié le 31/08/2011




 Une fois encore, l’Assemblée Constituante du Népal a réussi à faire repousser la date de remise de la nouvelle constitution du pays dont l’échéance expirait demain, 31 août. Les députés auront donc trois mois supplémentaires, soit jusqu’au 30 novembre 2011, pour arriver à un consensus. Le nouveau Premier ministre du Népal, Baburam Bhattarai, élu dimanche dernier par le Parlement, s’est engagé formellement – avec l’assurance du report du délai -, …

 … à faire aboutir et promulguer la Constitution et à régler la question épineuse du désarmement des combattants maoïstes et de leur intégration dans l’armée régulière du Népal, qui bloque le processus de paix depuis 2008.

Baburam Bhattarai, 57 ans, vice-président du parti maoïste népalais (Unified Communist Party of Nepal-Maoist, UCPN-M), ancien ministre des finances dans le précédent gouvernement maoïste, a obtenu la victoire sur son opposant du Congrès népalais par 340 des 574 suffrages exprimés. Il prend la suite de Jalanath Khanal, chef du Parti marxiste-léniniste unifié (UML), qui a démissionné le 14 août dernier après seulement six mois d’exercice, avouant son impuissance, tout comme ses prédécesseurs, à mettre d’accord les différents partis sur les conditions du processus de paix et les grandes lignes de la future Constitution népalaise.

Le retour des maoïstes au pouvoir, après deux ans de tentatives acharnées pour le récupérer, entre grèves générales et menaces de rébellion armée, n’est pas une surprise. En revanche, le programme de « gouvernement de consensus politique» sur lequel s’appuie le nouveau Premier ministre, l’est davantage.

Baburam Bhattarai, considéré comme l’idéologue du parti maoïste, s’est construit ces dernières années une image de modéré, tout en se montrant ouvert à une action réformatrice. Alors que le pays était secoué par la crise provoquée par la proposition de loi anti-conversion qui menaçait gravement les minorités religieuses (1), il a contracté une alliance avec le Samyukta Loktantrik Madhesi Marcha, un regroupement de partis de la minorité ethnique madhesi, dont le soutien a été la clé de sa victoire du 28 août dernier.

L’Eglise, qui subit ces derniers temps le retour en force de l’hégémonisme hindou dans un climat de violence et de discrimination (2), s’est montré optimiste mais prudente vis à vis de l’élection du maoïste, lequel se présente comme le champion des minorités et la seule alternative aux menaces hindouistes. Elle a présenté ses félicitations au nouveau Premier ministre par la voix de Mgr Anthony Sharma, Vicaire apostolique du Népal. « La population est épuisée par l’impasse politique actuelle et nous prions pour que le Premier ministre puisse s’affranchir des exigences formulées par les différents partis et achever le processus de paix ainsi que celui de la constitution », a-t-il déclaré lundi 29 août.

L’agence Fides quant à elle, rapporte ce mardi 30 août les propos du P. Silas Bogati, ancien directeur de la Caritas Népal (poste tout récemment confié au P. Pius Perumana), et membre du groupe ayant remis à la Constituante un rapport en faveur d’un Népal laïc et démocratique. « Le principal défi qui attend le nouveau Premier Ministre », a expliqué le prêtre catholique, « est d’unir et de pacifier le pays. Nous nourrissons de bons espoirs notamment en ce qui concerne la condition des minorités religieuses (et des chrétiens), et en matière de liberté de religion. Avant son élection, Bhattarai nous a déclaré explicitement qu’il était d’accord avec nos positions et qu’il agirait pour que nos droits soient pleinement respectés ».

Aux espoirs des minorités, il faudra rajouter parmi les nombreuses attentes auxquelles le nouveau Premier ministre devra répondre, les exigences opposées des différents partis en lice ainsi que les inquiétudes de la communauté internationale qui surveille étroitement l’instabilité politique persistante de l’ancien royaume du Népal. Hier, lundi 29 août, alors que le nouveau cabinet de Bhattarai prêtait serment, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon faisait parvenir au Premier ministre nouvellement élu, un communiqué dans lequel, avec les félicitations d’usage, il l’exhortait vivement à enfin « résoudre définitivement les questions en suspens au cours de la nouvelle prorogation de trois mois du mandat de l’Assemblée constituante, destinée à lui permettre d’achever ses travaux ». (3)