Eglises d'Asie

Le vicaire apostolique du Népal suspend les activités du Chemin néo-catéchuménal

Publié le 09/09/2011




Mgr Anthony Sharma, vicaire apostolique du Népal, a annoncé en août dernier la suspension des activités du Chemin néo-catéchuménal dans tout le pays. La communauté missionnaire d’origine espagnole s’était installée à Katmandou il y a sept ans, « de son propre chef » selon les responsables de l’Eglise catholique, et non pas invitée par le diocèse comme l’exigent les statuts du mouvement, approuvés définitivement en 2008 par Benoît XVI.

C’est par une simple mention épinglée sur le tableau d’affichage de l’église de l’Assomption de Katmandou que le vicaire apostolique a annoncé que cette décision devenait effective à partir du 1er août 2011.

Les membres de la communauté fondée en 1964 par Kiko Arguello n’ont pas manqué de faire part de leur incompréhension : « Nous obéirons à notre évêque mais nous allons prier pour qu’il reconsidère sa décision, a déclaré l’un d’entre eux à l’agence Ucanews. Nous n’avons qu’une trentaine de membres réguliers qui sont engagés dans des célébrations hebdomadaires dans le Chemin (…). Plusieurs d’entre nous participent à de nombreuses activités dans différentes paroisses, comme la chorale, et nous continuerons. Nous savons que nous avons réussi à donner envie à des catholiques de retourner à la messe, parce que nous apportons de la vie et de la couleur aux paroisses. »

Patrick Wilson, maître de choeur de la chorale de l’église de l’Assomption et également membre du Chemin néo-catéchuménal, a exprimé le regret que « les responsables de l’Eglise catholique au Népal n’aient pas discuté auparavant des problèmes qu’ils rencontraient avec la communauté » avant de prendre leur décision.

Les tensions entre le mouvement missionnaire et l’Eglise catholique locale sont pourtant manifestes depuis l’installation en 2004 de la communauté à laquelle il est reproché de « semer le trouble et la division » au sein des catholiques. Après de nombreuses tentatives de conciliation qui semblent ne pas avoir abouti, les difficultés se sont fait progressivement plus fortes pour culminer en juillet dernier suite à l’annonce par les responsables de l’Eglise catholique qu’il n’y aurait pas de délégation officielle de jeunes népalais aux JMJ de Madrid en août 2011. « Les jeunes [du Népal] ne sont tout simplement pas prêts à assister aux JMJ cette fois-ci », a sobrement commenté Mgr Sharma, évoquant également la difficulté de financer un tel voyage pour une Eglise locale ayant peu de moyens.

Le P. Robin Rai, responsable de la Jeunesse pour le diocèse, a déclaré de son côté que, contrairement à ce qui pouvait avoir été dit dans les médias, le fait que qu’un jeune Népalais participant aux JMJ de 2005 en Allemagne se soit volatilisé dès son arrivée à Cologne, n’était pas la raison pour laquelle le Népal n’avait envoyé aucune délégation en 2008, et n’en enverrait pas non plus cette année. « Nos jeunes doivent d’abord apprendre à fleurir là où ils ont été plantés, ici dans leur paroisse, dans leur pays (…), explique-t-il. Il y aura d’autres opportunités de participation aux JMJ ainsi qu’à d’autres rassemblements internationaux mais il nous faut d’abord affermir les fondations de notre communauté et mettre l’accent sur l’unité et la formation spirituelle chez les jeunes » (1).

Au delà de l’explication officielle, les membres du Chemin néo-catéchuménal demeurent convaincus que la décision des responsables de l’Eglise au Népal a été essentiellement motivée par le fait que le groupe s’apprêtant à partir aux JMJ était en grande partie composé de jeunes de leur communauté, disposant en outre de moyens financiers qui faisaient défaut à l’Eglise catholique locale (2).

Contrevenant aux consignes de Mgr Sharma, le Chemin néo-catéchuménal a cependant choisi d’envoyer ses jeunes aux JMJ. « Une trentaine de personnes du groupe néo-catéchuménal se préparent à aller à Madrid malgré le fait que notre évêque ait refusé de donner la recommandation spéciale qui leur aurait permis d’obtenir un visa. Ils se sont débrouillés en passant par nos réseaux et ont reçu l’aide de membres du Chemin à l’étranger », confiait le 29 juillet dernier à Ucanews un laïc de la communauté à Katmandou. La suspension des activités du Chemin néo-catéchuménal a suivi de peu la décision de ses membres de transgresser les directives de leur évêque.

Il y a quelques mois, les activités de la communauté missionnaire d’origine espagnole étaient également suspendues par l’évêque du diocèse de Takamatsu au Japon, à l’issue d’un conflit de plusieurs années. Les raisons invoquées par Mgr Mizobe étaient sensiblement les mêmes que celles exposées par Mgr Sharma, l’évêque japonais reprochant aux membres du Chemin néo-catéchuménal d’« investir les paroisses existantes et d’y semer la division » mais également de « pratiquer à outrance la désobéissance vis-à-vis de leur évêque » (3).