Eglises d'Asie – Indonésie
Papouasie : les militants des droits de l’homme dénoncent l’inaction de l’Etat face à la violence qui perdure dans la province
Publié le 23/09/2011
… ainsi que de la Communauté des indigènes papous contre la corruption (KAMPAK Papua), deux organismes au sein desquels les Eglises chrétiennes sont très représentées.
S’adressant aux manifestants, le chef papou Dorus Wakum, du mouvement KAMPAK, a dénoncé les exactions envers la population papoue qui se sont multipliées ces derniers mois dans la province, malgré les nombreux appels au gouvernement lancés par des organisations de toutes obédiences, appels qui, dit-il, n’ont pas été entendus par Djakarta (1). « Des personnes corrompues qui sont à des postes-clés (…) ont aggravé la situation en Papouasie (…) en dissuadant les représentants de l’Etat d’enquêter sur leurs crimes », a-t-il déclaré, rappelant que cet été les violences avaient entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes sans qu’aucune poursuite ne soit entreprise contre les responsables.
La manifestation s’est achevée devant le Parlement de Djakarta, où Dorus Wakum a appelé le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono à démettre de leurs fonctions les agents de l’Etat en Papouasie qui refuseraient d’agir contre la corruption et, en tout premier lieu, à rappeler l’armée qui occupe la province sous couvert de manœuvres militaires.
Selon Elias Petege, à la tête du Forum indépendant des étudiants papous, mais également membre de la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse catholique de Jayapura, il est clair qu’aujourd’hui « les droits fondamentaux sont d’autant moins respectés en Papouasie que la présence militaire y est importante ». Dans le Jakarta Post du 6 septembre dernier, il explique qu’un ensemble d’organisations humanitaires ont saisi la Commission nationale des droits de l’homme, suite aux derniers incidents recensés par KontraS dans son rapport publié fin août, dont des actes de tortures commis sur quinze civils papous suspectés d’appartenir au mouvement indépendantiste Free Papua Movement (OPM).
Déjà lors d’une conférence de presse le 7 août dernier, Haris Azhar, coordinateur de KontraS, avait souligné le lourd tribut que payaient les populations civiles papoues aux affrontements entre les soldats et les groupes armés indépendantistes ou non identifiés. « KontraS a recensé pour le seul mois de juillet au moins huit incidents ou fusillades au cours desquels 25 personnes (19 civils et 6 militaires) sont mortes et des dizaines d’autres gravement blessées », avait rapporté le militant, accusant le gouvernement de « porter l’entière responsabilité » de la situation en ayant « laissé l’armée et la police en Papouasie agir sans aucun contrôle », au mépris de « tous les efforts de paix initiés dans la province ».
Dans un récent rapport, Elaine Pearson, déléguée pour l’Asie de Human Rights Watch, a révélé que des documents militaires internes apportaient la preuve du contrôle total exercé par l’armée indonésienne sur la Papouasie et ses habitants. Sont notamment listés et surveillés étroitement les membres de toutes les ONG présentes dans la province ainsi que leurs contacts, les représentants politiques et l’ensemble des religieux ou membres des communautés religieuses, quelles qu’ils soient. Les Eglises chrétiennes, catholique ou protestantes, sont particulièrement surveillées car soupçonnées de sympathies séparatistes, qu’il s’agisse du charismatique Rév. Benny Giay de la Christian Tabernacle Church (KIN GMI Church), des membres de la GKI Papua Church ou de simples associations comme la Women’s Christian Association of Indonesia in Papua.
A la suite de ces révélations, Human Rights Watch a demandé au gouvernement indonésien de prendre des mesures immédiates afin de faire respecter les droits de l’homme dans la province de Papouasie, conformément aux différentes conventions internationales signées par Djakarta (2).