Eglises d'Asie

L’Eglise catholique ouvre une école pour les Chepang, une ethnie fortement discriminée et exclue du système éducatif

Publié le 16/11/2011




« Réussir sa vie par le savoir. » Telle est la devise de la Navodaya School fondée par les prêtres missionnaires de la Little Flower Congregation (1) et inaugurée samedi 12 novembre dernier à Belsi, dans le district du Chitwan, au centre du Népal. L’école est destinée aux Chepang, l’un des groupes aborigènes les plus pauvres et les plus stigmatisés du Népal, au sein duquel le taux d’analphabétisme avoisine les 80 %…

… Mgr Anthony Sharma, vicaire apostolique du Népal, en présence de centaines de parents d’élèves, de nombreux officiels, dont le représentant du ministère népalais de l’Education Kamal Pokhrel, a béni la plaque de fondation de l’édifice ainsi que le nouveau couvent des Sœurs de la Charité de Marie-Enfant (2), construit dans l’enceinte du centre scolaire.

La petite école fondée il y a six ans à Ratnanagar par quelques missionnaires n’a plus rien à voir avec les bâtiments flambants neufs qui accueilleront cette année jusqu’à 175 élèves, garçons et filles, dont une grande partie seront logés sur place. « Nous avons ouvert l’école Navodaya pour les enfants chepang en avril 2005, dans un local loué à Ratnanagar, dans le district du Chitwan », se souvient le P. Michael Chirayath, supérieur de la Little Flower Congregation (CST) au Népal. « Au bout de quelques années, près de 63 enfants suivaient les deux premières années de primaire (grades 1 et 2) et logeaient dans un foyer à trois km de là, car ils ne pouvaient retourner dans leurs villages situés à plusieurs journées de marche dans la jungle. Puis, notre équipe s’est renforcée avec l’arrivée de deux Sœurs de la Charité venues de Mangalore en Inde et nous avons pu démarrer d’autres classes. »

Les prêtres missionnaires souhaitaient depuis longtemps mettre à disposition des Chepang un établissement où la scolarité serait gratuite afin qu’ils puissent acquérir les connaissances nécessaires pour sortir de leur situation marginale et s’ouvrir au développement. « Actuellement, nous avons toutes les classes jusqu’au grade 8 [équivalent de la fin du collège], se réjouit le P. Chirayath, et nous envisageons d’en ouvrir d’autres pour couvrir l’ensemble de la scolarité jusqu’à la fin du secondaire. (…). Nous avons prévu qu’il y aurait aussi l’enseignement de la musique, de la peinture, de la danse, de l’informatique, et des travaux manuels. » Grâce aux fonds de multiples donateurs, dont ceux de la Little Flower Congregation, mais aussi d’associations catholiques locales et étrangères, ainsi que du comité de développement du district, la nouvelle école fournira aux enfants de l’ethnie chepang, non seulement un enseignement gratuit, mais aussi toutes les fournitures nécessaires, les livres scolaires, ainsi que le gîte et le couvert pour ceux d’entre eux qui seront accueillis dans l’internat de l’établissement.

Les Chepang, qui appartiennent au groupe kirati et parlent une langue tibéto-birmane, sont considérés aujourd’hui comme une ethnie en danger d’extinction. Réduite à seulement 52 000 individus, la communauté aborigène vit entre montagne et jungle, dans une région isolée du Teraï. Dans des conditions d’extrême pauvreté, les Chepang tentent de perpétuer leur mode de vie traditionnel de tribu nomade, tirant l’essentiel de leur subsistance de la forêt où ils pratiquent la chasse, la pêche et la cueillette. Ces dernières années, des Chepang ont commencé à se sédentariser afin de se faire embaucher comme ouvriers agricoles lors de la brève saison de travaux des champs que permet le climat de la région.

Pour ces communautés où les enfants aident leurs parents dès le plus jeune âge afin d’assurer la survie de la famille, seuls un accès gratuit à l’école et la possibilité de loger sur place pouvaient permettre aux jeunes générations chepang de poursuivre une scolarité au-delà de l’enseignement primaire. Jusqu’à présent, seules quelques dizaines de jeunes ont été capables d’atteindre la fin du secondaire.

« Nous sommes l’ethnie dominante de la région, mais nous avons gravement souffert de discriminations et d’un manque de moyens pour nous en sortir », constate Jitendra Chepang, président de la Société nationale Chepang.« Cette école pourra aider nos enfants à faire enfin partie de la vie de ce pays », conclut-il.