Eglises d'Asie

L’arrestation d’un jeune catholique de Vinh revêt toutes les apparences d’un kidnapping

Publié le 28/12/2011




 Les festivités de Noël n’ont pas empêché les agents de la Sécurité publique de poursuivre leur campagne d’arrestations dans les milieux de la jeunesse catholique, une campagne entamée depuis la fin du mois de juillet dernier. Un nouveau nom vient de s’ajouter à la liste des quinze personnes déjà « enlevés » sans mandat d’arrêt par les services de la Sécurité publique.

 Dans l’après-midi du 24 décembre 2011, Pierre Nguyên Dinh Cuong, fidèle d’une paroisse de la ville de Vinh, se rendait chez un médecin de ses amis pour lui présenter ses vœux de Noël lorsque trois inconnus se sont précipités sur lui, lui ont passé les menottes et l’ont jeté dans un taxi. On ne connaît pas l’identité du groupe des agresseurs, tous habillés en civil.

Le lendemain, un des frères de la victime a reconnu le taxi, l’a poursuivi en mobylette et l’a obligé à s’arrêter dans l’intention de demander aux occupants des explications sur l’enlèvement de la veille. Les trois inconnus se sont jetés sur lui, l’ont pris à la gorge et repoussé. Ils se sont ensuite enfuis. Cependant, d’autres amis de Pierre Cuong ont suivi le taxi et l’ont vu entrer à l’intérieur du siège de la Sécurité publique provinciale.

Pour l’entourage du jeune homme enlevé, il ne fait pas de doute que ce rapt est à mettre sur le compte de la Sécurité publique et chacun s’indigne des méthodes aujourd’hui employées par la police pour faire disparaître de jeunes citoyens, des méthodes qui s’inspirent de celles des auteurs de kidnapping. Ces arrestations ont lieu sans mandat d’arrêt ni annonces officielles et les familles restent quelquefois plusieurs semaines sans nouvelles avant d’être informées du motif d’inculpation de leurs proches et du camp d’internement dans lequel ils sont gardés.

Selon les amis et les voisins du jeune homme, Pierre Cuong est un jeune homme particulièrement engagé dans divers mouvements d’Eglise. Il est en particulier membre actif du Centre Jean Paul II pour la protection de la vie. Il participait également à des activités caritatives et sociales au niveau paroissial ou diocésain (1).

Avant cette dernière arrestation, depuis la fin du mois de juillet 2011 et pendant les deux mois qui ont suivi, quinze jeunes catholiques avaient été appréhendés sans mandat d’arrêt dans des conditions analogues à celles de Pierre Cuong. Neuf d’entre eux sont des fidèles du diocèse de Vinh, selon les déclarations de Mgr Nguyên Thai Hop, évêque du lieu. La dernière arrestation, le 27 août dernier, avait été celle d’un étudiant de la faculté des langues étrangères et d’informatique de l’université de Hanoi, Paul Trân Minh Nhât. Lui aussi était originaire d’une paroisse du diocèse de Vinh. Il a fallu attendre près de deux semaines pour que les familles reçoivent des informations au sujet de leurs proches. Plusieurs catholiques arrêtés appartenaient au Centre Jean Paul II pour la protection de la vie. Quelques-uns adhéraient au mouvement des entrepreneurs et intellectuels catholiques, association en plein développement aujourd’hui dans le Nord-Vietnam. D’autres appartenaient au club éducatif de Vinh ou encore à la communauté des catholiques de Vinh dans la capitale. Certains avaient participé à des mouvements de protestation contre les prétentions chinoises de souveraineté sur le territoire terrestre et maritime du Vietnam. Quelques-uns avaient soutenu le juriste contestataire Cu Huy Ha Vu lors de son procès à Hanoi.

Le 22 décembre 2011, deux jours avant la dernière arrestation, quatre des catholiques arrêtés et détenus dans le camp d’internement B 14 de Hanoi, Nguyên Xuân Anh, Nguyên Oai, Nguyên Duyêt et Thai Van Dung, ont obtenu l’autorisation de recevoir un représentant de leur famille. Celui-ci a pu parler au détenu à travers une fenêtre vitrée à l’aide d’un téléphone. Si la santé des quatre prisonniers n’inspire pas d’inquiétude, en revanche le moral de certains laisse semble-t-il à désirer. On se demande aussi pourquoi quatre prisonniers seulement ont eu droit à une visite de leur famille (2).