Eglises d'Asie

Manny Pacquiao, champion de boxe engagé en politique, témoigne de sa conversion catholique

Publié le 13/01/2012




Dans une interview à la chaîne ABS-CBN, le boxeur Manny Pacquiao, adulé aux Philippines pour ses innombrables titres de champion du monde, élu au Parlement philippin depuis mai 2010, a fait sensation en révélant qu’il avait vécu récemment une expérience spirituelle forte, le renouvelant entièrement dans sa foi chrétienne.

En novembre dernier, Manny Pacquiao avait battu aux points et en douze reprises son challenger mexicain Juan Manuel Marquez. A 32 ans, le Philippin surnommé ‘Pacman’ conservait sa ceinture de champion du monde et signait sa quinzième victoire d’affilée. Aujourd’hui 13 janvier, face à son intervieweuse, devant les caméras, Manny Pacquiao a confié qu’à l’issue de ce fameux match, il avait eu un songe : alors qu’il marchait dans une magnifique forêt, une lumière brillante l’avait enveloppé tandis qu’une voix lui demandait : ‘Mon fils, pourquoi es-tu loin de moi ?’ « Je me suis réveillé en pleurant et je me suis souvenu que, dans mon rêve, je pleurai. Quand j’ai touché du doigt mon oreiller, j’ai senti qu’il était humide. » Le champion a raconté ensuite qu’il a cherché le sens de ce rêve et qu’il avait fini par le trouver dans la Bible. « Jadis, Dieu parlait à son peuple en songe. Je me suis dis que mon rêve était donc bien réel. Je devais changer ma vie. Peut-être que Dieu m’appelait car Il me connaissait et connaissait mon cœur. Il savait que je croyais en Lui mais que je faisais de mauvaises actions, des choses qui ne Lui plaisaient pas. »

Comme la majorité des Philippins, Manny Pacquiao, marié, père de quatre enfants, était déjà catholique avant sa « conversion ». Il était notamment célèbre pour se signer à chaque fois qu’il montait sur le ring ou pour ses prières à la basilique abritant le Nazaréen noir à chacun de ses retours au pays (1). Depuis sa renaissance dans la foi, il dit avoir changé peu à peu de vie. Il lit la Bible et passe désormais plus de temps avec sa famille. Lui qui était l’un des sportifs les mieux payés au monde, il jouait de l’argent, buvait beaucoup et fréquentait des filles. Il dit avoir aujourd’hui tout arrêté et s’être également débarrassé de son écurie de coqs de combat. « Si j’étais mort l’an dernier ou il y a deux ans, je suis sûr que je serais directement allé en enfer. Je croyais en Lui, oui, mais, par derrière, je faisais le mal », a encore expliqué le champion.

Pressé de questions par son intervieweuse, Manny Pacquiao a précisé que la transformation qu’il avait vécue ne trouvait pas son origine dans une démarche personnelle mais que c’était Dieu lui-même qui l’avait changé. « Etre chrétien, cela signifie accepter le Christ pour sauveur, comme Dieu sauveur. C’est pourquoi un chrétien est appelé chrétien. Si vous enlevez le Christ, il ne reste rien, vous n’êtes rien ! » [jeu de mots en anglais : « If you remove ‘Christ’, there’s only ‘ian’ and that means ‘I am nothing’. »]

La révélation de la conversion du boxeur philippin est encore trop fraîche pour qu’aucun responsable de l’Eglise catholique ne se soit déjà exprimé à ce sujet. On peut seulement noter que Manny Pacquiao n’avait pas craint, ces derniers temps, de s’afficher aux côtés de l’épiscopat dans le combat résolu que mène l’Eglise contre le vote d’une loi sur « la santé reproductive ». En mai dernier, le boxeur avait pris place aux côtés des évêques pour faire connaître son opposition au projet de loi. Il avait toutefois pris soin de se démarquer d’un appel à la désobéissance civile lancé par l’épiscopat au cas où la loi serait effectivement votée (2).

Elu en mai 2010 à la Chambre des représentants pour la province de Sarangani, à l’extrême sud de Mindanao, Manny Pacquiao, qui n’a pas renoncé à remonter sur le ring, a fait une entrée en politique remarquée. Il a promis d’être encore plus efficace en politique que sur les rings. « Enfant, je me suis battu pour trouver à manger et aujourd’hui, le plus grand combat de ma vie ce n’est pas sur le ring que je le livre mais dans mon pays, que je veux débarrasser de la pauvreté », expliquait-il à la veille d’un important combat à Las Vegas en mai 2011. Au-delà de la volonté affichée et de l’étendue de sa fortune, Manny Pacquiao a toutefois omis, à ce jour, de préciser le programme qu’il envisageait pour sortir le tiers des Philippins qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Aux Philippines, malgré l’enthousiasme soulevé par la personnalité du boxeur, certains observateurs notent que si la star ‘Pacman’ jouit du statut incontesté d’icône, sa popularité ne peut que pâtir de son association avec le jeu corrompu du pouvoir. Désormais renouvelé dans la foi, Manny Pacquiao peut sans doute espérer échapper à cet écueil.