Eglises d'Asie – Taiwan
Les responsables de l’Eglise catholique saluent la réélection de Ma Ying-jeou à la présidence
Publié le 16/01/2012
… (dénomination officielle de la Conférence des évêques catholiques de Taiwan), a ajouté que la victoire de Ma Ying-jeou pourrait notamment se traduire par davantage d’échanges entre les deux rives du détroit de Formose pour la formation à Taiwan du clergé venu de Chine continentale ou bien encore par une amélioration des contacts entre le Saint-Siège et Pékin. Le Saint-Siège figure parmi les rares Etats à entretenir des relations diplomatiques avec Taipei, et non pas avec Pékin.
Dans un vote que les analystes ont qualifié de « un vote pour la stabilité », les électeurs taiwanais ont donné 51,6 % de leurs suffrages au président sortant, membre du Kouomintang (KMT), sa rivale du Parti démocrate-progressiste (DPP), Tsai Ing-wen, ne réunissant que 45,6 % des suffrages. Avec un taux de participation relativement faible pour Taiwan (un peu moins de 75 % des électeurs inscrits se sont déplacés), les Taiwanais ont redonné une majorité au président Ma, la nouvelle Chambre comptant 64 députés KMT sur un total de 113 sièges. Le parti majoritaire subit toutefois un relatif reflux en nombre de sièges, ceux-ci passant de 72 à 64, tandis que le DPP gagne 8 sièges, de 32 à 40.
Concernant les conditions dans lesquelles se sont déroulées le scrutin, le Comité international pour des élections justes à Taiwan (ICFET) (1) a estimé que l’élection avait été « libre pour l’essentiel mais en partie faussée ». Dans un communiqué, ce groupe d’observateurs a notamment pointé du doigt la persistance des pratiques d’achats de voix et d’utilisation des moyens et finances de l’Etat à des fins électorales. Concernant les achats de voix, l’évêque auxiliaire de Hualien et un responsable de l’Eglise presbytérienne de Taiwan avaient mené une action commune dans les jours précédant le vote, appelant les aborigènes de l’île, très nombreux dans la région de Hualien, à refuser toute fraude ou corruption.
Pour la petite communauté catholique de Taiwan (300 000 personnes sur un total de 23 millions d’habitants), la campagne avait notamment été marquée par le fait que Ma Ying-jeou avait, pour la première fois de sa carrière politique, fait mention du fait qu’il était baptisé catholique. N’étant pas connu pour être pratiquant, le président sortant avait toutefois assisté à la messe de minuit dans le diocèse de Kaohsiung, s’attirant les commentaires des observateurs politiques dénonçant une tentative de ralliement de l’électorat catholique. De son côté, le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque émérite de Kaohsiung et figure de l’Eglise locale, avait déclaré que Ma Ying-jeou était le premier président catholique du pays et qu’il n’avait jamais failli à appuyer ou aider l’Eglise lorsque celle-ci en avait exprimé le besoin.
Lors de la campagne, Ma Ying-jeou avait défendu son bilan en expliquant que l’ouverture vers la Chine populaire et la promotion des échanges avec le continent avaient une dimension économique certes mais aussi culturelle. Les échanges dans le domaine religieux sont devenus plus étroits, avec notamment des visites plus fréquentes et plus faciles de prêtres du continent, avait-il mis en avant. A Taiwan, la population « jouit de la liberté religieuse et la défend », une tradition chinoise ancienne fondée sur le respect des « différences culturelles », avait-il souligné. Pour illustrer son propos, le président sortant avait cité l’exemple d’un temple édifié en 1686 et dédié à Confucius, situé dans le sud de l’île. Devant le temple se trouve une inscription portant un édit impérial enjoignant à tous les mandarins, soldats et autres passants de descendre de cheval lorsqu’ils passent devant le temple de manière à signifier leur respect pour le temple et ses occupants. Au XIXe siècle, les catholiques ont bâti une basilique mineure dédiée à l’Immaculée Conception à une trentaine de kilomètres de ce temple confucéen et l’empereur Tongzhi a fait graver un édit identique, demandant la même marque de respect aux passants (2). « Cet exemple résume parfaitement le fait que Taiwan a une longue histoire en matière d’égal respect manifesté au catholicisme et au confucianisme », avait déclaré le président sortant.
Pour certains membres de l’Eglise catholique de Taiwan, la réélection de Ma Ying-jeou s’accompagne du souhait que le pouvoir politique s’engage activement dans une politique de réduction des inégalités sociales, en hausse notable depuis plusieurs années. Sr Stephana Wei Wei, directrice du Centre Rerum Novarum qui vient en aide aux migrants et aux groupes défavorisés, appelle de ses vœux une action plus résolue des pouvoirs publics. Le financement de son action repose en effet uniquement sur des dons privés ou des subventions publiques. Selon elle, le gouvernement devrait prendre des mesures fiscales redistributives, améliorer la couverture des risques sociaux (chômage, maladie, retraite) et, dans un pays où les industries se sont massivement délocalisées en Chine continentale, assurer une meilleure adéquation des formations professionnelles aux besoins des entreprises.