Eglises d'Asie

Les habitants de la commune où s’est déroulée la confiscation de terres du 5 janvier dernier signent une plainte mettant en cause les propos calomnieux des dirigeants provinciaux

Publié le 25/01/2012




L’épouse de M. Doan Van Vuon, directeur de l’exploitation confisquée par les pouvoirs publics après un échange de coups de feu dans la commune de Vinh Quang (district de Tiên Lang, ville de Haiphong), le 5 janvier dernier (1), vient de rédiger une plainte adressée à de nombreuses instances. Elle y dénonce le feu-vert donné par les autorités provinciales à la confiscation…

 … et les propos mensongers et calomniateurs tenus publiquement par de hauts dirigeants de la province à propos des événements survenus ce jour-là. Il semble que les habitants de la commune de Vinh Quang, mis en cause par les déclarations des autorités provinciales, ont été nombreux à apposer leur signature au bas de cette lettre.

Lors de l’opération de récupération du terrain, les forces de l’ordre ne s’étaient pas contentées de s’emparer du terrain de l’exploitation, elles avaient totalement rasé la maison familiale de M. Vuon, qui, pourtant, était située en dehors du périmètre de l’exploitation récupérée par les pouvoirs publics. La lettre dénonce l’attitude dans cette affaire du vice-président du Comité populaire de Haiphong, M. Dô Trung Thoai, et du directeur de la Sécurité publique de cette même ville, Dô Huu Ca. Ils ont couvert et toléré l’opération de confiscation, malgré son illégalité. Ils ont publiquement nié que les forces de l’ordre aient détruit totalement la maison de M. Vuon et ils ont attribué cette destruction à la population locale. Celle-ci, selon les témoignages recueillis sur place par Radio Free Asia, a été particulièrement choquée par ces déclarations (2).

Dans une conférence de presse tenue le 17 janvier dernier, le vice-président du Comité populaire de Haiphong avait, en effet, nié que les forces de l’ordre aient été à l’origine de la destruction de l’habitation privée du dirigeant de l’exploitation. Il avait affirmé que c’était là l’œuvre de la population locale excédée. Cette affirmation, considérée comme calomnieuse par l’épouse de M. Vuon, avait aussitôt suscité de nombreuses critiques, y compris dans la presse officielle. Le journal Dân Tri avait affirmé que de tels propos, dans la bouche d’un haut dirigeant, étaient « totalement dénués de pudeur ». D’autres critiques avaient suivi, certaines émanant d’anciens hauts dirigeants qui estimaient que l’opération de récupération des terres du 5 janvier était dénuée de toute légalité. Des centaines d’articles dénonçant le comportement des autorités provinciales ont été mis en ligne sur Internet.

Quatre des six membres de la famille de M. Doan Van Vuon ayant résisté, les armes à la main, à la récupération par la force de leur exploitation, avaient été arrêtés et mis en garde à vue, inculpés de tentative d’homicide. Les épouses de M. Vuon et de son parent, M. Quy, ont été inculpées pour s’être opposées à des agents dans l’exercice de leurs fonctions et sont, à cette heure, toujours assignées à résidence.