Eglises d'Asie

L’épiscopat catholique rappelle son opposition à la loi qui a généralisé l’avortement

Publié le 08/02/2012




L’épiscopat catholique sud-coréen a réitéré son appel au monde politique afin de voir révisée la loi sur la santé reproductive de 1973, qui a de facto légalisé l’avortement dans le pays.Depuis de nombreuses années, les évêques catholiques célèbrent une messe le lundi le plus proche du 8 février, jour où, en 1973, dans un pays alors dirigé par un régime militaire, la « loi sur la santé de la mère et de l’enfant » fut promulguée sans consultation populaire préalable. …

 … Cette année, c’est Mgr Gabriel Chang Bong-hun, évêque de Cheongju et président du Comité de bioéthique de la Conférence épiscopale, qui a présidé la messe célébrée le 6 février à la cathédrale Myeongdong de Séoul. Devant une assemblée d’un millier de fidèles, il a appelé à la révocation de l’article 14 de la loi qui « encourage les femmes à recourir à l’avortement », ajoutant que « l’Eglise catholique enseigne que la vie humaine commence dès la fécondation, l’avortement comme la destruction des embryons humains étant des crimes graves qui attentent à la vie ».

L’article 14 de la loi de 1973 autorise l’IVG dans le cas d’une grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste, si le fœtus est porteur de certaines anomalies génétiques ou congénitales ou encore si la santé de la mère est mise en danger du fait de la grossesse. Une révision de juillet 2009 de cette loi a abaissé le seuil à partir duquel l’avortement n’est plus légal, de la 28ème à la 24ème semaine de grossesse, et a exclu des maladies comme l’hémophilie et l’épilepsie des anomalies congénitales autorisant un avortement thérapeutique.

L’avortement est une réalité massive en Corée du Sud. Dans ce pays de près de 48,7 millions d’habitants, le gouvernement recense environ 340 000 avortements par an. L’Eglise catholique, quant à elle, en dénombre 1,5 million. Un tel écart s’explique par le fait que l’avortement n’étant pas un acte remboursé par les assurances maladie, il est le plus souvent payé de la main à la main, en liquide, et échappe aux statistiques officielles, tout en améliorant le quotidien de nombre d’obstétriciens et de gynécologues qui subissent par ailleurs les conséquences d’une natalité très déprimée (le taux de fécondité des Coréennes se situe parmi les plus faibles au monde).

Les voix qui s’élèvent en Corée pour dénoncer l’importance du nombre des avortements sont assez rares. Elles soulignent notamment que la loi de 1973 a été votée sous un régime militaire et que le pays, désormais démocratique, se doit de réexaminer ce texte. Elles indiquent également que le gouvernement se montre très laxiste dans son application de la loi.

Le Dr Cha Hee-jae préside l’Association coréenne des médecins pro-vie. Selon lui, les conditions d’encadrement de l’avortement sont largement et quotidiennement bafouées. Il cite l’exemple d’un homme qui a emmené sa sœur dans un centre d’accueil pour femmes victimes de violences sexuelles après qu’elle eut été mise enceinte par son petit ami. (Les mères célibataires sont très largement stigmatisées dans la société sud-coréenne.) Là, il a été conseillé à cette dernière de prétendre qu’elle avait été violée afin de pouvoir avorter sans difficulté. « Le centre connaît parfaitement l’article 14 et il dispense ses conseils en fonction de lui », explique le Dr Cha, pour qui il est urgent que les autorités amendent cet article.

Selon une étude de 2005, sur les 340 000 avortements officiellement dénombrés, seulement 4,4 % d’entre eux rentrent dans le cadre des avortements « légaux ». Les autres IVG sont pratiquées par convenance personnelle, sociale ou économique.

Bien que le point de vue de l’Eglise catholique soit marginal, le gouvernement, qui se préoccupe de plus en plus du vieillissement de la population, a commencé à mettre en place une politique nataliste, dont l’un des aspects concerne l’avortement. Des affiches sont apparues sur les murs du métro affirmant : « En avortant, vous avortez du futur ». Il ne semble pas toutefois qu’une révision de la loi soit à l’ordre du jour.

Par ailleurs, le Comité épiscopal de bioéthique a rappelé la mise en place du « Projet pour la vie naissante », lancé voici un an, en collaboration avec les mouvements pour la vie, afin d’aider les mères en difficulté à ne pas avorter. Le projet soutient, au travers d’aides concrètes, les mères en difficulté, mettant à leur disposition les structures sanitaires et d’assistance afin qu’elles n’avortent pas. Le projet comprend en particulier quinze maisons d’accueil pour mères célibataires, l’assistance sanitaire avant et après l’accouchement et des aides économiques. L’objectif de cette initiative est également celui de prévenir des grossesses non désirées. Dans ce but sont prévus des cours d’éducation sexuelle dans les écoles catholiques et dans les paroisses (1).