Eglises d'Asie

Assemblée des évêques au Karnataka : « L’Eglise doit devenir la voix de tous les sans-voix »

Publié le 09/02/2012




Hier, vendredi 8 février, s’est achevée la XXXe assemblée plénière des évêques catholiques indiens, sous l’égide de la Conférence épiscopale catholique de l’Inde (CBCI), laquelle réunit les trois rites latin, syro-malabar et syro-malankar.La session, qui se tenait depuis le 1er février à la St John’s National Academy of Health Sciences à Bangalore, …

 … dans l’Etat du Karnataka, a réuni plus de 180 évêques et un grand nombre de responsables diocésains. Lors de l’ouverture de ces journées de réflexion sur le thème : « Une Eglise pour une Inde meilleure », le nonce apostolique en Inde, Mgr Salvatore Pennacchio, et le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, ont mis tout particulièrement l’accent sur le rôle que pouvaient jouer les chrétiens dans leur propre société, en tant qu’artisans de paix et de justice.

Lors des ateliers de l’assemblée, les évêques se sont penchés avec attention sur les principales préoccupations du clergé catholique en Inde. Parmi elles, revenaient le plus souvent la multiplication des accusations de conversions forcées ainsi que l’augmentation des discriminations et des violences envers la communauté chrétienne. Conscients que les lois anti-conversions adoptées par certains Etats indiens (1) visaient spécifiquement la communauté chrétienne – comme l’ont montré les pogroms de 2008 –, l’assemblée de Bangalore a souligné la double discrimination des populations à la fois pauvres et chrétiennes, qui ne peuvent se défendre face à des groupes religieusement majoritaires, qui leur sont supérieurs par leur situation sociale et leur appartenance de caste.

Le rapport du professeur T. K. Oommen, sociologue chrétien et professeur émérite à l’Université Jawaharlal-Nehru de New Delhi, a servi de base de réflexion aux prélats. Constatant que l’Eglise catholique était souvent perçue comme une « institution de conversion religieuse », le sociologue a souligné l’urgence de restaurer « une image juste et vraie » de la foi chrétienne comme de rappeler que les chrétiens avaient toujours défendu les libertés et les droits inscrits dans la Constitution indienne, dont ceux de pouvoir choisir sa religion, la prêcher, ou en changer.

Dans leurs conclusions publiées à l’issue de la session, les évêques indiens, revenant au thème de l’assemblée, ont tenu à réaffirmer que si l’Eglise désirait aider à la construction d’une « Inde meilleure », elle devait s’engager encore davantage auprès des démunis et redonner « aux pauvres leur dignité », selon l’exemple laissé par Mère Teresa. « Il faut éradiquer en Inde toute forme de déshumanisation, que ce soit dans les structures sociales, politiques, économiques ou encore religieuses. C’est le respect de la dignité humaine qui doit être notre boussole », a résumé le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai (Bombay) et président de la Conférence épiscopale catholique de l’Inde (CBCI).

Dans cette déclaration de clôture de sa réunion biennale, l’assemblée plénière a émis ainsi un certain nombre de résolutions. Conscients du fait que l’Eglise devait donner l’exemple, les évêques se sont engagés à « éradiquer au sein de leur propre institution, les derniers vestiges de discrimination quels qu’ils soient ». Dans la même optique, ils ont incité les communautés chrétiennes à protester contre les violations des droits et des libertés, « non seulement lorsqu’elles les touchaient directement, mais aussi lorsqu’elles concernaient les autres communautés [non chrétiennes] », concluant : « L’Eglise aujourd’hui en Inde doit devenir la voix de tous les sans-voix. »