Eglises d'Asie

Polémique en Inde : un juge réclame la castration pour les pédophiles et violeurs récidivistes

Publié le 20/02/2012




Vendredi 17 février dernier, un juge de la Cour de Delhi a déclenché une vive polémique en déclarant que la castration était la peine la plus appropriée aux pédophiles et délinquants sexuels récidivistes.

« La castration est la sentence la plus appropriée qui puisse être prononcée pour les pédophiles ou les violeurs en série, mais les mains de cette cour sont liées parce que la loi ne l’a pas prévu », a déclaré la juge Kamini Lau alors qu’elle venait de rendre son verdict dans une affaire où un homme d’une trentaine d’années avait kidnappé et violé sa nièce âgée de 6 ans.

Après avoir annoncé la condamnation du prévenu à l’emprisonnement à vie, peine maximale prévue par la loi indienne, la cour a appelé les législateurs à chercher une « alternative aux peines traditionnellement appliquées ». Elle a également évoqué la nécessité de mettre en place une « justice réparatrice » pour les victimes, afin de leur apporter une assistance médicale et juridique, un soutien psychologique et éventuellement des structures d’aide et d’accueil.

Ces propos, rapportés par le Times of India du samedi 18 février, ont déclenché une vive polémique en Inde, où le sujet, traditionnellement tabou, commence tout juste à faire l’objet de débats au sein des institutions du pays. Quelques magistrats ont avancé que la castration chimique pourrait s’avérer être un bon moyen de dissuasion, d’autres ont violemment critiqué Kamini Lau, lui reprochant une trop grande sévérité. Il y a quelques semaines, ce même magistrat avait déjà déclaré dans la presse à propos d’affaire similaires, « avoir été choquée du peu de cas que l’Etat et la Justice » faisaient des enfants gravement traumatisés par les abus sexuels.

Swami Agnivesh, président du Bonded Labor Liberation Front, (Bandhua Mukti Morcha, (BMM), une ONG qui travaille notamment pour l’abolition du travail des enfants, a quant à lui approuvé sans réserves Kamini Lau, affirmant que cela pourrait être « une solution très très efficace et que la commission législative devrait d’ores et déjà prendre des mesures pour l’inscrire dans la loi ».

Expliquant que les pédophiles avaient besoin de recevoir une leçon et que le message devait être clair et net, il a affirmé que c’était « parce qu’il n’y avait pas de châtiment exemplaire pour de tels crimes, que ces derniers étaient en augmentation », ajoutant que « la plupart de ces actes n’étaient même pas déclarés et ceux qui l’étaient, seulement sanctionnés d’une peine trop légère ». Le directeur du BMM a tenu à préciser cependant « qu’on ne devait recourir à ce type de sentence [la castration] que dans les cas extrêmes ».

Le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence épiscopale des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), a donné le point de vue de l’Eglise en déclarant que bien qu’il faille attribuer une peine particulièrement sévère pour ce type de crime, mutiler un être humain était un acte grave et moralement inacceptable. Ce châtiment est « extrêmement cruel et incompatible avec les principes constitutionnels [du pays] », a-t-il également rappelé.

De l’avis de la psychiatre Anita Hingorani, citée par l’agence Ucanews ce lundi 20 février, il est aujourd’hui en Inde beaucoup plus urgent et nécessaire de se préoccuper de la prévention des abus sexuels que de se focaliser sur les peines à infliger aux coupables.

La plupart des abus commis sur des enfants se produisent au sein du cercle familial et les faits sont encore trop souvent étouffés, explique encore la psychiatre. Les comportements doivent changer, conclut-elle, et les victimes comme leur entourage, doivent être encouragés à parler et à dénoncer de tels abus.