Eglises d'Asie

Le premier tour des élections présidentielles s’est déroulé sans violences ni incidents

Publié le 21/03/2012




Au Timor-Oriental, à l’issue du premier tour des élections présidentielles, l’Eglise catholique s’est réjouie du climat pacifique qui a entouré le scrutin, et a encouragé la population à poursuivre dans le calme la seconde partie du processus électoral. Avec l’éviction du président sortant…

 … Jose Ramos Horta, le pays devra choisir entre deux candidats, Lu Olo et Taur Matan Ruak, issus des rangs de l’ex-guérilla.

Dimanche 18 mars dernier, à l’annonce des résultats du scrutin, Mgr Alberto Ricardo da Silva, évêque de Dili, a félicité les candidats et les électeurs, se déclarant soulagé de constater que le Timor-Oriental avait pu démontrer à la face du monde « sa maturité » en matière de démocratie. « Les choses se sont déroulées paisiblement durant la campagne, comme durant les élections elles-mêmes », a déclaré l’évêque, au lendemain du scrutin qui avait vu s’affronter douze candidats pour la présidence. Aucun incident ni accusation de fraude n’ont été relevés pour ces élections, a-t-il ajouté, et les candidats ont fait leur possible pour que la population puisse se rendre aux urnes librement et sans contrainte.

« C’est particulièrement important, a souligné le prélat, dont les propos ont été repris par l’agence Ucanews, parce que l’Eglise a beaucoup prié pour que les élections se déroulent de façon libre et non violente. » Le 21 février dernier, la Conférence des supérieurs majeurs du Timor-Oriental (CSM-TL), en collaboration avec la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse de Dili, avait lancé une Journée nationale de la paix et une chaîne de prière « pour des élections pacifiques et démocratiques au Timor-Leste », pour toute la durée des élections présidentielles et législatives. Au Timor-Oriental, où les catholiques regroupent plus de 95 % de la population, l’Eglise a toujours joué un rôle important, intervenant fréquemment comme médiateur lors des violences qui ont marqué l’histoire récente de la jeune nation, indépendante depuis seulement dix ans.

Les élections présidentielles, comme les élections législatives qui se tiendront en juin prochain, font figure de test démocratique pour la communauté internationale comme pour les Timorais eux-mêmes, encore meurtris par le souvenir du premier scrutin présidentiel en 2007 qui avait fait de nombreux morts et amené les forces internationales à intervenir (1).

Pour le vote de ce 18 mars, plus de 1 200 casques bleus étaient mobilisés pour surveiller, en collaboration avec la police nationale du Timor-Oriental, la deuxième élection présidentielle de l’histoire du pays (2). Au cours de cette année, le Timor-Oriental devrait voir le retrait progressif des forces des Nations Unies et des troupes australiennes, malaisiennes et néo-zélandaises, présentes sur son territoire depuis 2006 et même 1999 pour certaines d’entre elles. Le Conseil de sécurité de l’ONU a cependant annoncé en février dernier qu’il prorogeait le mandat de la MINUT jusqu’au 31 décembre 2012. L’aide au développement du pays, que le FMI considère non seulement comme « le plus pauvre du continent » mais aussi « le plus dépendant au monde de l’économie pétrolière », dont les recettes couvrent aujourd’hui 90 % des dépenses de l’Etat, sera en revanche reconduite par les Nations Unies pour plusieurs années.

Au second tour des élections prévu pour le 16 avril prochain s’affronteront deux vétérans de la guerre d’indépendance du Timor-Oriental : le leader de l’opposition, l’ex-guérillero Francisco Guterres, dit ‘Lu Olo’, arrivé légèrement en tête avec 28 % des votes, et un ancien chef de la guérilla, le général José Maria de Vasconcelos, plus connu sous son nom de guerre ‘Taur Matan Ruak’, qui le suit de près avec 25 %.

En 2002, Lu Olo, 57 ans, président du Fretilin (Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor-Leste), présidait le Parlement qui a déclaré l’indépendance du pays. Dans sa campagne, l’ancien leader de la guérilla qui a lutté contre l’envahisseur indonésien, s’est engagé à « combattre la pauvreté et la corruption ». Quant à Taur Matan Ruak, ancien chef des forces armées, s’il promet lui aussi d’éradiquer la pauvreté au Timor, il affiche un fort accent nationaliste doublé de la volonté d’accroître le pouvoir de l’armée, faisant craindre à certains observateurs internationaux un nouvel affaiblissement de la démocratie. En 2006, c’était le général Taur Matan Ruak qui était à la tête de l’armée, lorsqu’avait éclaté la crise qui avait failli replonger le pays dans la guerre civile. Les Nations Unies avaient même demandé qu’il soit inculpé pour un trafic présumé d’armes au cours des violences qui avaient suivi.

Durant la campagne électorale, le président sortant, Jose Ramos Horta, prix Nobel de la paix (partagé en 1996 avec Mgr Belo, à l’époque évêque de Dili), a pressé ses sympathisants de choisir la paix et leur a assuré qu’en cas d’échec dans la course à la présidentielle, il apporterait son soutien à celui que le peuple timorais aurait choisi, quel qu’il soit. N’ayant obtenu face à ses adversaires que 18 % des voix, l’actuel président du Timor-Leste a reconnu sa défaite et félicité les deux candidats en lice, sans pour autant donner de consigne de vote afin de respecter la neutralité qu’il s’est aujourd’hui fixé dans la vie politique est-timoraise.